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Poèmes des lauréates et lauréats 2014

Félicitations à tous les lauréates et lauréats. Vous pouvez lire les poèmes en cliquant sur les noms.

Phillippe Andrew Grimard - Depuis la perspective

Depuis la perspective
 
Il y a de cela des lunes que j’ai constaté que mes hauts
et mes bas ressemblaient à des dunes
 
Je me sentais en bateau, transportée
Presque… imbibée
Imbibée d’inspiration, de compassion, de rage et d’affection
Tout cela, pour des gens dans le besoin et qui comprendront…
Je me sentais prisonnière
Il fallait que je m’exprime pour sortir de ma bulle
 
Puis vint l’explosion
 
C’était bizarre de me noyer dans un paysage et de constater combien il fallait que je m’engage
Malheureusement, personne ne voulait entendre
ces deux phrases qui deviendront mon image :
« Chacun et chacune qui voudra s’exprimer aura le droit de ressentir la joie et le devoir d’avoir accompli quelque chose en quoi il ou elle aura foi. »
L’engagement;
« Langagement », c’est important !
 
Philippe Andrew Grimard
Secondaire 1, bourse Radio jeunesse

Arnaud Lavallée - Se langager

Se langager
 
Rien de mieux que de s’engager, pour apprendre à protéger
La langue que nos ancêtres nous ont léguée.
Alors, que notre culture soit caractérisée
Par ce don précieux qu’est notre façon de communiquer
 
Français, mon cher français, toi qui m’as été donné,
Avec tant de gracieuseté,
Tu ne fais que me laisser bouche-bée
Devant tant de grâce bien songée
 
Alors, puisses-tu être conservé,
Et même popularisé,
Car sans toi, je ne suis plus moi,
Sans toute cette variété de mots courtois
 
Serait-ce dommage de t’oublier,
Toi qui me permets de discuter?
Assurément, ce le serait,
Car, mais qu’est-ce qu’on deviendrait?
 
Et donc, je m’engage à protéger
Ce langage béni auquel je dois la vie
Et puis, dis-je, à diffuser
Cette forme de parlage bien jolie
Arnaud Lavallée
Secondaire 2, bourse Radio jeunesse

Myriam Favre - Langage-toi!

Langage-toi!
 
Langagez-vous qu’ils disaient!
Langagement,
Il en faut bien
Pour ensemble, main dans la main,
Changer le monde qu’est demain
En dansant au rythme effréné de nos paroles
Armés de nos mots qui réunissent, deviennent invincibles
Dans le seul but de se faire entendre,
Nous et notre langue dont nous sommes fiers
Gardons la tête haute
Et engageons-nous dans un futur en français!
 
Myriam Favre
Secondaire 2, bourse Adojeune

Jade Tremblay - Enchanté!

Enchanté!
 
Je suis le français, c’est grâce à moi que tu t’exprimes
À travers la pluie, mes mots ternissent
Dans le silence de tes bruits, la langue persiste
Je crains maintenant pour mon extinction
À moi, faites bien attention
 
Mes mots te blessent, mes mots te caressent
Ils expriment le désespoir
Par leurs fautes, tu broies du noir
Ainsi, tes malheurs s’accentuent
Et ta douleur continue
 
Mes lettres te blessent, mes lettres te caressent
En elles, tu caches tes pleurs
Y dissimulant ta douleur
Tu les éloignes du chagrin
Y façonnant ton destin
 
Mes paroles te blessent, mes paroles te caressent
Elles chantent l’amour
Elles rôdent et tournent aux alentours
 
Elles s’attaquent à ton cœur
Ne te laissant que leur bonheur
 
Jade Tremblay
Secondaire 3, bourse Adojeune

Marie-Ève Asselin-Verreault - Langage-toi

Langage-toi
 
Langue bravant les tempêtes,
Puissante comme ses créateurs.
Elle est forte et n’a pas peur,
Célébrons-la, faisons la fête!
 
Âge, âge du français;
Bénéfique ou malfaisant?
À préserver malgré le temps,
Pour mieux combattre, pour la paix.
 
Toi, grand allié loyal,
Grand bouclier redoutable,
Protège le français
Et soigne-le à jamais.
 
Engage-toi à lutter,
Ta langue à tes côtés.
Pour le français, notre diamant,
Langage-toi tout simplement!
 
Marie-Ève Asselin-Verreault
Secondaire 3, bourse Laiterie de l’Outaouais

Sophie Gosselin - Langage-toi

Langage-toi
 
Journée d’hiver, de janvier, enneigée
Les flocons s’empilant par milliers
Comme autant d’anglicismes sur notre vague français étouffé
C’est alors que j’ai décidé de m’engager, de me « langager »
 
De mon vocabulaire, j’ai éliminé les « come on! » et les « let’s go »
Pour les remplacer par des « plus vite! » ou des « allez! », bien plus beaux
J’ai substitué « stop! » par « arrête! »
Et les « parties » par de bonnes vieilles « fêtes »
 
Le cœur et la tête remplis de bonnes intentions
Je pensais que ce défi de francisation serait facile
Mais les anglicismes gravés dans ma mémoire jamais ne se tenaient tranquilles
Et m’empêchaient sans cesse de tenir mes résolutions
 
J’ai replongé au cœur de l’hiver glacé
Les anglicismes s’empilant sur mon vague français
Et alors que j’allais me laisser gagner par l’anglais
Une voix dans ma mémoire me rappela que je m’étais engagée, que je m’étais « langagée »
 
Si la neige aujourd’hui fond peu à peu
C’est que je lui oppose un soleil radieux
L’hiver des anglicismes ne résistera pas
À mon printemps français qui crie à tous : « langage-toi! »
 
Sophie Gosselin
Secondaire 4, bourse Laiterie de l’Outaouais

Sana Ghouri - Langagement

Langagement
 
 
Toi, dont la douce mélodie
Enrobait joliment les comptines de ma mère
Toi, dont j’ai pas à pas appris les bonnes manières
Le rythme fluide et la prononciation arrondie
 
Langue française, je m’engage aujourd’hui à te chérir pour la vie
En dépit des embûches de tout acabit
Je résisterai aux yeux doux d’autres belles
Et te serai éternellement fidèle
 
Avec passion, je parlerai de toi à mes enfants
Qui à leur tour passeront le mot
Jamais tu ne disparaîtras à travers les temps
Non plus que la beauté de tes propos
.
Sana Ghouri
Secondaire 4, bourse Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais

Michelle Veilleux - Sors ta langue de ta poche

Sors ta langue de ta poche
 
 
Sors ta langue de ta poche!
Dans le noir, elle étouffe
Prise entre deux pans de tissu,
Elle peine à s’exprimer
Elle attend une main
Ou plutôt une bouche,
Pour la libérer.
Elle t’attend, impatiente,
Et en t’attendant elle oublie,
Les expressions et les mélodies
Qu’elle savait si bien agencer.
Grouille-toi!
Va faire le tour de toutes tes poches,
Cherche à travers les accents brisés
Et les prépositions éparpillées
La chaleur, la force et la tonalité
Qui composera maintenant ton quotidien
Car, une fois que tu commenceras à l’utiliser
Ta langue se mettra à chanter.
 
Michelle Veilleux
Secondaire 5, bourse Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais

Félix Charron-Leclerc - Langage-toi!

Langage-toi!
 
 
Je me souviens étant petit, je la voyais courir
Des médias à la radio, partageant sa beauté
Nous étions de bons amis, j’aurais dû la couvrir
Avant que de si haut, elle ne soit trébuchée
 
Je lui ai tendu la main, mais son cœur était trop lourd
J’ai crié à l’aide, en vain, mais le peuple était trop sourd
J’ai donc fait un séjour, où les gens étaient plus sains
Je suis revenu armé de secours, d’orateurs, d’écrivains
 
À l’aide de plumes et d’haut-parleurs, nous avons allégé son cœur
Pour lui redonner la couleur, d’une petite fille remplie d’honneur
L’éducation et les lois, l’ont aidée à se relever
Mais ensemble, c’est toi et moi, qui devons avec elle, marcher
 
Aujourd’hui elle est ici, nous la voyons courir
Des médias à la radio partageant sa beauté
Elle est fragile mais si jolie, vaut mieux s’attendre au pire
Pour ne pas tomber de haut, il faut se langager!
 
Félix Charron-Leclerc
Secondaire 5, bourse Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais

Rocxanne Boisvert - Jours d’hiver

Jours d’hiver
 
Sur le pont verglacé, nous avançons, chancelants.
Seuls au monde dans la tourmente de flocons blancs.
Le vent, rugissant son animosité,
Projette des tisons d’albâtre ardents sur nos visages gelés, un peu bleutés.
 
Prenez garde à ces îles de glace sournoisement cachées sous cette neige immaculée.
Elles observent tranquillement, patiemment, notre avancée.
Ce sont des obstacles, de nombreux adversaires contre qui nous dresser.
Brillantes, presque intelligentes, elles savent nous faire nous écrouler.
 
Nombreux sont ceux qui glisseront et tomberont.
Plusieurs, affaiblis, transis, succomberont,
Mais beaucoup d’entre nous se relèveront.
Dents serrées, rage au cœur, nous persévérerons.
 
Sur le pont verglacé, nous avançons, chancelants.
Derrière nous, le soleil doucement, timidement, chasse le mauvais temps,
Sa lumière nimbant les larmes glacées chatoyantes de reflets irisés
Que le pont a pleurées, pendantes de sous les rambardes de givre nacré.
 
Rocxanne Boisvert
Secondaire 5, bourse Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais

Louis Girard-Bock - S’exprimer pour vivre

S’exprimer pour vivre
 
Sous la nitescence lancéolée, les laudes
D’un passereau menu, mais au chant léonin,
Percent la chevelure d’un chêne émeraude
Qui, comme lapidifié, se dresse sans fin.
Au pied de l’arbre, une femme vénuste,
Portant une robe liliale, s’éveille,
Son corps tremblant d’un cri qui soulève son buste.
Imitant l’oiseau, écoutant son conseil,
Elle s’exclame au monde qui l’entoure :
« Je ne puis vivre en silence, je m’envole!
Sur nos coeurs à tous, les mots sont du velours…
Je construirai ma vie en propos et paroles! »
 
 
Louis Girard-Bock
Cégep, bourse Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais

Jici Lord-Gauthier - Les tragiques sursauts des langues

Les tragiques sursauts des langues
 
Haut perché sur un lexique, un réviseur observe le monde :
Les sols tremblent sous le verbe aride et intransitif
Et le chant des calembours, en dix vagues, disjoint l’océan.
Les gratte-ciels croulent sous les ruptures de syntaxe.
Tantôt il neigeait, tantôt il brûlera;
Les journalistes dénoncent l’anacoluthe.
Non loin de là, les idiomes se gendarment réciproquement.
L’anarchie et la lutte pourfendent le sens des mots
Et courbent les colonnes de grammaire.
De la parole agrammatique naissent maintenant les enfants.
Dans les écoles, on y enseigne l’argot et la cacographie;
Dans les parcs, on désarticule même les jeux de virelangues.
Les médecins n’ont plus de vaccins pour soigner
Enfants et adolescents atteints de catégories;
La pandémie, pense-t-on, les emportera tous…
Le réviseur… le rêveur, soudainement, se lève du pupitre,
Soutenu par l’espoir d’une grammaire nouvelle.
Tantôt il brûlait, tantôt il crépitera.
 
Jici Lord-Gauthier
UQO, bourse Université du Québec en Outaouais

Anna Finken - La langue

La langue
 
Langues humaines, langue d’humain;
L’engouement qu’on a pour tous ces mots
Qui séparent les vies comme les pages d’un dictionnaire,
Je ne le comprends pas, et je refuse d’apprendre à le conjuguer.
Avec leurs langues, les gens projettent des mots qu’ils lèchent sans y goûter,
S’attendant à ce que le mot de fin ne goûte pas les ingrédients qu’il contient.
Pourtant, moi, je m’engoue de ces termes dont on me nourrit violemment
Tels des parents impatients nourrissant des nourrissons trop lents.
Ces Hommes aux grands « H », ces « développements » aux grandes haches,
Ces « putain de sale vache », et ces déversements « sans taches »,
Tous ensemble je les recrache, n’avalant pas le poison qui s’y cache.
Dire que c’est moi qu’on diagnostique d’indigestible!
L’injustice est celle qui digère ses cibles
À travers des générations d’héritage de subtilités dans le langage.
C’est de bouche à oreille, de mère en fille, de fil en aiguille
Que l’obédience aux fausses croyances tisse le voile de l’ignorance.
Déshabillons donc ces mots, scrutons leur sens;
Embrassons la vie, plus belle sans connivences.
Apprenons à reconnaître le goût d’une langue qui redonne sa puissance
Au mot « nous » en sa plus profonde essence.
 
Anna Finken
Bourse À l’Échelle du monde

Amine « Sage » Raid - Je suis

Je suis
 
Je suis un homme pour qui les mots prennent vie,
Une partie de rime sur morceau de poésie
Je vous prie de ne pas juger le paraître
Mes origines ou ma race, mais plutôt mon être
 
Je suis un fils fidèle à famille qui m’élève,
Pour famille naturelle et adoptive, je me lève
Je dois focusser, les liens les tisser
Construire un Québec pour mes enfants métissés
 
Je suis un poète qui aime manier les mots,
Non pour la monnaie, les millions me donnent des maux
De tête, je crie, je ressens, je répète,
Les récits récents, infinie est ma quête
 
Je suis un frisson, papillon dans le ventre,
Un tremblement dont le cerveau est épicentre,
Qui veut se propager à la moindre occasion
Générer émotions, le but de ma création
 
Je suis un texte qui tire à sa fin,
Qui cherche son titre, le but de son destin
Une quête qui dure des jours, des nuits
Je prouve mon existence car je suis
 
 
Amine « Sage » Raid
Bourse À l’Échelle du monde

Daniel Leblanc-Poirier - J’ai le goût de faire du cheval mais ma coloc dort

J’ai le goût de faire du cheval mais ma coloc dort
 
Aurais-tu le goût de te faire péter la yeule pendant que je te parle des dinosaures?
Tu pourrais ne pas comprendre et ça me ferait du bien.
Je t’écris ce soir, car je me sens seul.
La lune s’amenuise, elle ressemble à un croc
et j’ai l’impression que la nuit est un animal que je ne vois pas.
Je m’excuse, je me sens en cornière de la violence.
C’est simple, ça m’épuise.
Je voudrais habiter dans le gratte-ciel de tes yeux.
C’est une question de dimensions qui s’imbriquent au problème.
Ainsi, par rapport au vertige nous sommes une chute,
par rapport à la vie nous sommes de la nourriture et ça m’apaise.
C’est parce qu’une proie me dilate.
Tu vois, je connais les cycles.
C’est pour ça que je t’écris et que je n’attends rien de toi.
Je me conforme à l’extinction d’une espèce.
Peut-être que tu ne comprends pas.
Peut-être que tu ne vois pas le dinosaure que je te cache.
Si tu veux, on s’asseoit, on en parle et peut-être qu’à la fin
tu pourras me sauver.
 
Daniel Leblanc-Poirier
Bourse Michel Prévost

Antoine Côté Legault - Donnez-nous des mots

Donnez-nous des mots
 
je voudrais que nous fassions des mots manteaux
qui savent réchauffer comme du chocolat chaud
qui puent la sueur d’idéaux et de hautes idées
aussi fort que les vestiaires de hockey
de vrais grands mots monuments mentaux
aussi grands qu’un gratte-ciel de New York
 
faisons donc des mots Coca-Cola
qui ne sont peut-être pas aussi chics que le champagne
mais qui sont aussi chargés de bulles de joie
 
bouchez nos bouches de mots bourrés de saveur
bouchez-les de mots sauveurs
 
donnez-nous nus des mots épluchés de leur beauté
qui ne riment pas si vous voulez
qui ne sont pas seulement habillés de paraître
des mots qui sentent le sens à plein nez
 
Antoine Côté Legault
Bourse Association pour le soutien et l’usage de la langue française

Camille Girard-Bock - Oser le dire

Oser le dire
 
 
S’ils avaient cru alors leurs naïves espérances
Aussi clairement dites à travers ces silences
Que clamées toutes hautes et avec transparence
C’était en fait entendre une musique sans danse
 
Sans aucune parole, presque sans aucun sens
Une mélodie tenace, mais à peine dure sa transe
Son étourdissement n’est qu’une pâle romance
À laquelle il est rare qu’ensuite on repense
 
Pourtant il arrive bien que presque par malchance
L’un des deux s’y attache malgré le doute immense
Qui le submerge alors, voyant toute cette distance
Les séparant maintenant, tuant toute assurance
 
Celui-là se dit alors qu’il a manqué sa chance
Qu’il aurait dû oser formuler cette évidence
Au moment propice, avec plus d’insistance
Cela aurait bien pu faire pencher la balance…
 
Camille Girard-Bock
Bourse Sol épicerie santé

Géraldine Garneau-Armstrong - Sans titre

Sans titre
 
 
Comment ne pas rêver
De ce naufrage naissant
Au creux de tes bras
Qui amarre mon corps épuisé de voyage
Je cherche encore l’étreinte parfaite
Qui me fera dériver
Sur laquelle se terminera
La pointe aiguë de toute souffrance
L’absolu
La fin recueillant l’ultime
La colossale déclinaison abstraite
Le faîte où mon corps naufragé pourra refleurir d’importance
Sous l’essence d’un murmure
Un mot
Un mot
Pour ne plus surgir dans la terreur de l’impossible
Un mot
Pour flouer le mystère de la laideur
Pour anéantir
Tout le périssable qui y repose
Un mot
Pour bannir
Le risque immense
De la perte
Pour atteindre l’acmé
Le possible vertige
Un mot
Seulement pour embrasser
Compromettre le vide
Tout transgresser enfin
 
Jusqu’à l’essoufflement
Avant l’enchevêtrement
Du limon
Imminent
Adhésive
J’attends toujours les lèvres qui sauront me redire
La consolante récréation
D’une langue mère de délice
Amarrée à l’attente
Suffocante d’espoir
C’est encore dans un cri que je désire naître
C’est encore dans cette dernière lueur
Suffocante d’espoir
Que je veux aimer
 
Géraldine Garneau-Armstrong
Bourse Sol épicerie santé

Madeleine Turgeon - Le mot

 
Le mot
 
 
Une plume tombée,
intacte, au sol.
 
Un peu d’air passe
entre langue et palais
pour écarter les lèvres closes.
Elles se referment aussitôt
et bourdonnent un moment.
 
Je tends les doigts et la ramène à moi.
Douce et chaude entre mes paumes,
ni fffff  fffff vents
ni thth thth thth pluies battantes
ne l’atteindront.
 
Geste politique? Non –
Je protège la légèreté.
 
Madeleine Turgeon
Bourse Société d’histoire de l’Outaouais

Robert Marois - Les mots qui nous manquent

Les mots qui nous manquent.
 
 
Je verse mot à mot dans la solitude.
Gribouillis de nuages gris
Sur le blanc étale.
La lune accablée de noir,
Les étoiles m’apparaissent
Démunies de lumière.
Nébuleuse endeuillée.
Reviendront-elles les oies blanches,
Éperdues de bleu, faire leur nid
D’amour en moi?
Dans le couloir,
J’ai bu, à même tes lèvres,
Les paroles qui ont su guérir
Mon âme de la désolation,
Ne laissant en toi
Qu’un gouffre de soif.
Cœur à cœur, nous inventerons
Un puits de rosée,
Comme des yeux de larmes de joie
Un jour de fête.
 
Robert Marois
Bourse Bistro L’Autre Œil

Sophie Gauthier - Cultiver le verbe

Cultiver le verbe.
 
Cultive ta langue au chant
À l’écrit, simple ou subtil
Sème-la aux quatre vents
Sur tous les fronts et les rangs
Du terroir, campagne et ville
 
Et leurs fruits à la lueur
De ton labeur et des lunes
Mûrissent en force et couleurs
Fais-en au marché la une
Des principales tribunes
 
En des temps plus difficiles
Ou de périodes hostiles
Préserve-la et conserve
Les saveurs de la verve
Locale comme en exil
 
Et puis renaît la clémence
De doux printemps en latence
Dans la fraîcheur des caveaux
Honorant toute semence
Du verbe et son renouveau
 
 
Sophie Gauthier
Bourse librairie Michabou

Suzanne Fiset - Langage-toi!

Langage-toi!
 
Va
Va geindre ailleurs au wagon de queue languissant
à jeun de longueur enivrante
Funiculaire invitant au va et au vient
Luisante coulée vagabonde aux effluves montants
Déferlante invitante à la moite culbute
et à la vague randonnée de têtes gigognes délestées
Poulpe gémissant sans vergogne à l’engin magistral
Venu laper la girolle androgyne et rejoindre incrédule
le con d’ores et déjà imbibé d’un varech engageant
réclamant en vain son crachin machinal
et coiffer enfin le zygote anonyme.
 
Suzanne Fiset
Bourse Bistro L’Autre Oeil

Zachary Savoie-Gauthier - Hymne

Hymne
 
 
Le ciel saigne de nous voir soumis
Et il se couche, ange agonisant
L’espoir reste, là-haut
 
Les feuilles d’érable mortes gisent
Sous nos pieds engourdis, impatients
 
Le rêve succède aux ténèbres immortelles
Se lève soudain, puis s’envole
Avec ses ailes blanches sur l’horizon bleu
Vers un pays éblouissant
Où l’on cueille la fleur de lys
 
Zachary Savoie-Gauthier
Bourse librairie Michabou

Vincent Collard - ORNIÈRE

ORNIÈRE
 
elle était là
en muscle en os en peau en organe en salive
en masse en volume en mouvement
en vie
 
moi ma vie toute ma vie
n’est qu’un immense nuage
que je n’aurai jamais fini de pelleter
 
pas étonnant qu’elle ne m’ait pas reconnu
 
ne reste qu’une ornière
dans la boue séchée de mon corps
 
quelques longs cheveux entremêlés
dans le tricot de mon chandail
 
Vincent Collard
Bourse À l’Échelle du monde

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