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L’IMMIGRATION ET LE DÉSÉQUILIBRE LINGUISTIQUE

L’immigration et le déséquilibre linguistique

Notes en marge d’un déjeuner-causerie d’Impératif français

Le 7 novembre 1999

par Charles Castonguay

à l’époque de la Confédération, en 1867, le Canada comptait deux
anglophones pour un francophone. Ce rapport de 2 à 1 a duré près d’un siècle. Plus
exactement, la composition de la population s’est maintenue à environ 60 %
d’anglophones, 30 % de francophones et 10 % d’allophones.

Durant cette période, il y a eu des vagues d’immigration intense, mais
les immigrants allophones ou leurs descendants s’anglicisaient rapidement. En
contrepartie, les francophones maintenaient leur poids par une fécondité plus élevée.
D’où la stabilité quasi séculaire entre l’anglais et le français au Canada.

La modernisation du Canada français a mis fin à cet équilibre. Les
francophones sont devenus aussi peu féconds que les anglophones. Mais l’immigration
allophone a continué de s’angliciser massivement. Chaque recensement marque maintenant
une baisse sensible du pourcentage de francophones. Ils ne comptaient plus que pour
23,5 % en 1996.

Depuis le début de ce déséquilibre, le gouvernement du Québec tente
d’orienter l’assimilation des allophones davantage vers le français. Cette politique vise
à maintenir l’importance du français au Québec. Elle contribue en même temps à
soutenir la part du français au Canada.

Le Canada anglais réussit à compenser sa sous-fécondité par
l’assimilation des immigrants. En effet, on parle couramment du vieillissement de la
population canadienne, voire de la population canadienne-anglaise. Mais le scénario n’est
pas le même pour le Canada français. Malgré un progrès certain au Québec, la
francisation de l’immigration allophone est toujours trop faible pour compenser la
sous-fécondité francophone. Il est à prévoir qu’après un vieillissement très rapide,
la population francophone du Québec commencera dans une vingtaine d’années à baisser.
à cause de l’anglicisation continue des francophones dans les autres provinces, la
population francophone du Canada dans son ensemble commencera sans doute à diminuer un
peu plus tôt.

Ces perspectives invitent à réfléchir de nouveau à ce que le Québec peut encore
faire pour amener les immigrants allophones qui s’assimilent à choisir le français
plutôt que l’anglais. Mais la marge de manoeuvre qu’il reste au Québec dans ce domaine
demeure trop limitée. Dans la mesure où l’avenir du français au Canada préoccupe
également Ottawa, il incombe au gouvernement fédéral aussi de réexaminer la situation
linguistique et de réviser ses politiques en matière de langue, de culture et
d’immigration, de manière à appuyer l’effort de francisation du Québec.


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