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L’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS AU PRIMAIRE

L’enseignement de l’anglais au primaire

par Jacques Poisson

L’AQPF SOULIGNE LE DANGER DES CLASSES
D’ANGLICISATION

EN 1994, MME COLETTE BARBEAU, PRéSIDENTE DE L’ASSOCIATION
QUéBéCOISE DES PROFESSEURS DE FRANçAIS (AQPF) DéPLORE «L’AUGMENTATION, PAR IMMER
SION, DU TEMPS D’ENSEIGNEMENT DE L’ANGLAIS, SANS AUCUNE éTUDE DES INCIDENCES DE CETTE
MESURE SUR LA LANGUE MATERNELLE EN CONTEXTE MINORITAIRE" (BARIBEAU, COLETTE,1994.
BULLETIN D’INFORMATION DE L’AQPF.)

En mai 1967, il y a quelque 30 ans, 2000 délégués élus par 29 000 associations
siégeaient en assises nationales lors des états généraux de Canada français. Voici
deux résolutions votées par l’atelier culturel :

  1. «L’anglais ne doit pas être enseigné au niveau primaire dans les écoles du Québec,
    sauf dans les écoles de la minorité anglophone.»
  2. «Dans les écoles françaises du Québec, l’enseignement d’une langue seconde doit
    être facultatif et il doit se faire à partir du niveau secondaire.»

En 1975, la «National Foundation for Education Research» (NFER) de Grande-Bretagne,
en collaboration avec le ministère de l’éducation de l’Ontario, publiait les résultats
d’une recherche rigoureuse menés en Angleterre et dans le pays de Galles, pendant 10 ans
auprès de 18 000 élèves.

Conclusion : II n’est pas recommandé d’enseigner une langue seconde au primaire. «The
logical conclusion is that you need a bigger investment at a younger age than at a later
age to produce the same kind of results. These findings are specific to the language
area.» (M. H. Stern, Clare Burstall, Brigit Harley, » A study of the effectiveness of
the teaching of French at the Primary level in the schools of England and Whale», p.107,
The Ontario Institute for Studies in Education,1975.

En 1988, les chercheurs Lise Billy, Patsy Lightbown, Leslie Paris et Nina Spada
suggèrent d’offrir l’anglais intensif au secondaire plutôt qu’au primaire. (Patsy
Lightbown, «Educational Research and Theory in Language Policy : ESL in Quebec schools
», TESL Canada Journal, March 1988, vol. 5, no 2, p. 89.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? L’anglais est obligatoire en 4e, 5e et 6e années du
primaire. (Le Québec 1976-1993,1993, SPEAQ.) L’effet thérapeutique de l’anglais précoce
serait si fantastique qu’une adepte, Mme Suzanne Dumas du Ministère de l’éducation
s’étouffe en pontifiant : «Par chance certaines commissions scolaires ont offert ou
offrent les cours intensifs à tous les jeunes, quel que soit leur classement. On observe
la même tendance : de meilleurs apprentissages en anglais, en mathématiques, en
français que dans les groupes du programme ordinaire». (Suzanne Dumas, «L’enseignement
intensif de l’anglais, langue seconde, où en sommes-nous ?» Ministère de l’éducation,
juin 1991.)

Après cette auto-évaluation, pour le moins sujette à caution, ne serait-il pas temps
de s’inspirer dans ce domaine de l’Angleterre et de NFER. D’autant plus que l’anglais est
loin d’être menacé en Angleterre, ce qui n’est pas le cas du français au Québec.
L’enseignement de l’anglais, langue seconde, n’est pas anodin, sans conséquences pour la
survie du français au Québec. Ou bien les responsables politiques laissent aller les
choses et la bilinguisation de nos écoles primaires s’intensifiera avec des conséquences
prévisibles, ou bien, ils donneront un sérieux coup de barre. Cela exigera de la
lucidité et de la volonté ! L’affirmation de SPEAQ selon laquelle l’augmentation de
l’anglais accompagnée de la diminution de français est bonne pour le français est
tellement absurde, que, nous demandons à la ministre de l’éducation de regarder si les
résolutions du début ne sont pas toujours pertinentes.

Jacques Poisson
Le Franc-Parler, octobre 1997


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