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L’ANGLAIS A ENCORE FAILLI FAIRE PLUS DE 150 VICTIMES

L’anglais a encore failli faire
plus de 150 victimes

Il s’en est fallu de peu que
deux avions de chasse n’abattent, le 12 mars dernier, un avion de ligne
au-dessus de Toulouse, obligeant Lionel Jospin à rentrer de toute urgence à
l’hôtel Matignon en raison de cet état d’alerte exceptionnel.

Le rapport avec l’anglais ?
C’est que, dans un vol inférieur français, un pilote français d’une compagnie
française, pour communiquer avec un Français d’une tour de contrôle française, a
dû, comme le veut maintenant la règle, s’exprimer en …anglais ; et que les
deux Français ne se sont donc pas compris, ou en tout cas bien mal : pourquoi
faire simple (parler français) quand on peut faire compliqué et dangereux :
parler anglais entre pseudo-anglophones …de même langue maternelle !

Rappelons les faits, rapportés
aussi bien par FR3 et M6 qu’Europe
1
…, mais sur lesquels, semble-t-il, la presse est restée très
discrète
(auto-censure envers les méfaits de l’imposant «
amer-anglais » , dont il serait incorrect de dénoncer le rôle dangereusement
envahissant ?).

L’effrayant engrenage

Tout commence, somme toute, par
un incident plutôt banal : sans doute un câble électrique qui chauffe, en
tout cas une odeur suspecte de plastique grillé, peu après le décollage à
Toulouse, sur le vol 6135 d’Air France, un mardi
après-midi. Le pilote décide donc tout bonnement de faire demi-tour pour revenir
se poser sur l’aéroport de départ et en informe la tour de contrôle de Bordeaux.
Il a suffit de deux syllabes mal prononcées ou mal comprises (l’un
n’empêchant pas l’autre, bien sûr), pour déclencher le drame : « feu à bord »
(en anglais « fire on board » paraît-il) se transforme en : « cinq hommes à bord
» (« five men… » ), d’où une procédure antiterroriste exceptionnelle :
l’armée, immédiatement contactée, procède à «

la mise en alerte de moyens aériens »

tout en avertissant le Premier ministre, et deux
avions de chasse décollent aussitôt de Bordeaux pour aller à la rencontre de
l’A-320, transportant 148 passagers, prêts à l’abattre au cas où…

Jospin quitte en toute hâte son
QG …de campagne présidentielle, le trafic de l’aéroport Toulouse-Blagnac est
entièrement suspendu. Mais tout est bien qui finit bien : le malentendu est
dissipé juste à temps, l’avion se pose sans aucun dommage, les passagers sont
évacués et prennent le vol suivant.

Mieux vaut ne pas imaginer
ce qui se serait passé si l’un des pilotes de chasse, manquant par exemple de «
self-control » comme disent les anglais, avait tiré, au-dessus de Toulouse qui
plus est ? AZF et ses trente morts ne serait plus qu’une plaisanterie vu
l’ampleur qu’aurait pu prendre cette catastrophe, qui n’est passée qu’à un doigt
des passagers et des Toulousains : celui, peut-être déjà crispé sur le bouton de
déclenchement du missile, des deux pilotes de chasse.

Langue catastrophique ?

Cette fois-là encore, plus de
peur que de mal ; mais la plus grande catastrophe de toute l’histoire de
l’aviation, 583 personnes brûlées vives à Tenerife (Canaries) en 1977, a
elle aussi été
due à une utilisation
fautive de l’anglais.

L’une des dernières, 80 morts
(en 2000, à Taïwan) : le pilote a pris la piste « 5R » au lieu de la « 5L » ,
erreur fatale… Et souvenons-nous aussi qu’il y a eu 180 morts en Corse,
en 1981.

Et dans près de 11 % des cas
c’est la confusion d’expressions ou de syllabes anglaises qui est responsable
des accidents d’avions :
plus d’une fois
sur dix !

N’allons pas imaginer qu’en
réservant dans le monde entier l’emploi de pilote à des « native american
speakers » on résoudrait le problème : 429 fois au cours de l’année
passée des pilotes américains ont compris de travers ce que leur disaient en
américain des tours de contrôle américaines, et amorcé des manoeuvres
dangereuses…«

En guise de conclusion…

Notons que
L’Alpha
,
publication de l’Association des Anciens élèves de l’école militaire de l’Air,
vient de consacrer cinq pages à un premier article, à suivre, intitulé : «
L’espéranto, langue seconde universelle » .

NB
Ce n’est pas la première fois

Voici le témoignage de Guy
Touzé,
ancien pilote (espérantophone) de
l’Armée de l’Air
(chasse, Hélicoptère) :
« J’ai été formé dans les écoles américaines. Sur la base où j’étais (…), pour
une raison de retard dans mon programme j’ai dû effectuer une mission un samedi.
J’appelle la tour de contrôle pour autorisation de décollage : « Air Force (et
mon identifiant), take-off clearance » . La réponse aurait du être : « Clear to
take off » (autorisé à décoller) ou : « Stan by » (restez en attente) ; or elle
fut : « Hold clear » (laissez la piste libre), et j’ai compris « All Clear »
(c’est libre) : j’ai pénétré sur la piste alors qu’un appareil était en phase
d’atterrissage ! Il s’en est fallu de quelques « pieds » que je ne puisse vous
raconter cela aujourd’hui… »

(Ce texte provient du magazine
d’Espéranto -France)

(Le 2 juillet 2002)


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