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Campagne à la chefferie du Parti québécois

Québec, le 27 mai 2016

Alexandre Cloutier
Monsieur Alexandre CLOUTIER
Député de Lac-Saint-Jean
Hôtel du Parlement
1045, rue des Parlementaires, 2e étage, bureau 2.49
Québec   G1A 1A4

Objet : Promotion de la langue française

Monsieur,

Je vois que vous avez inscrit la promotion de la langue française à votre programme et que vous insistez sur l’assujettissement à la Charte de la langue française des entreprises de compétence fédérale. C’est bien ! Aucune objection à cette promesse, au contraire. Je me permets de vous faire la suggestion suivante.

Pour assurer la promotion de la langue française, il y a une première démarche à faire, c’est de donner un statut à l’Office qui lui permette de réaliser son mandat. Elle a d’ailleurs déjà été proposée par plusieurs, mais elle n’a pas été retenue malheureusement. Aucun gouvernement n’a osé y donner suite.

La langue est un sujet d’ordre politique au Québec qui ne laisse aucun gouvernement indifférent, encore moins le ministre responsable, qui n’aime jamais entendre parler de certaines questions d’ordre linguistique embarrassantes politiquement. Le gouvernement, donc le parti au pouvoir, a intérêt à choisir pour diriger l’Office, une personne avec qui il s’entend bien, malléable, qui ne lui causera pas trop d’ennuis et qui ne fera pas de vagues avec la langue.

L’application de la Charte est confiée actuellement à un organisme dirigé par un fonctionnaire qui a le statut de sous-ministre adjoint relevant d’un sous-ministre en titre sous l’autorité du ministre, lequel a à rendre compte au conseil des ministres. Quel statut insignifiant à comparer avec celui du Commissaire aux langues officielles à Ottawa nommé par la Chambre des Communes ! C’est le jour et la nuit.

Il ne suffit pas que l’Office soit pourvu de moyens humains et financiers. La direction doit avoir la volonté et la capacité d’agir, même au risque de déplaire et de déranger, ce qui est souvent le cas. Cela signifie que la direction doit avoir un statut qui lui confère indépendance, prestige et crédibilité. Il faut affranchir l’Office de la langue du pouvoir politique, écarter les influences qui s’exercent au moment des nominations et pour le travail à accomplir. Bref, il faut un véritable office. Pour reprendre les mots de l’éminent professeur Guy Rocher, les dirigeants doivent être des « personnes d’expérience et qui, de notoriété publique, sont les plus aptes à remplir pleinement et énergiquement la mission que la loi 101 » leur a confiée.

Qui est le mieux placé pour faire ces choix délicats? L’Assemblée nationale, évidemment. S’il en était ainsi, la personne nommée à la direction de l’Office aurait une indépendance et un prestige incomparables pour l’accomplissement de sa mission. En outre, elle devrait répondre à cette dernière de son administration. Ce n’est pas sans raison que le Directeur général des élections, le Vérificateur général, le Protecteur du citoyen, la Commission des droits de la personne et la Commission d’accès à l’information, par exemple, ont un tel statut. Il doit en être de même pour la langue, sujet délicat par excellence chez nous pour le gouvernement en place. Oser défendre la langue, c’est risquer parfois de se faire traiter de séparatiste.

Quitte à me répéter, s’il devait y avoir une seule modification à apporter à la Charte, ce serait la première dans l’ordre chronologique afin de s’assurer d’une véritable application de la loi. J’ai vu naître l’Office et je suis son parcours depuis toujours. Je suis plus que jamais convaincu de l’urgence de modifier la Charte dans le sens suggéré. J’ose ajouter que je ne suis pas le seul à penser ainsi. Vous pouvez vérifier auprès de vos amis qui sont des fidèles de la langue.

Vous ai-je convaincu ? Je l’espère.

RAuclair
RA/ac
Robert AUCLAIR

P.-S. Une lettre semblable est envoyée aux autres candidats à la direction du parti Québécois.

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