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Voyage surréaliste d’un Québécois dans une Romandie anglolâtre

La Suisse romande s’enlise de plus en plus dans une anglobalisation qui donne le frisson.

A peine débarqué à Genève en provenance de Montréal, mon pas recule de saisissement devant le décor américanisé qui vous cerne et vous toise de partout dans une zone aéroportuaire où, naguère encore, le français avait droit de cité et vous accueillait avec grâce et bienveillance.

Ma pérégrination me menant ensuite dans les rues de Genève et de Lausanne, deux grandes villes romandes, je suis pareillement saisi aux tripes par les effluves anglobalisants d’une farce dans laquelle semble patauger tout un petit monde dans une indifférence mortelle. Chemin faisant, je constate, toujours avec cette même stupeur, que la plus petite bourgade a désormais versé dans ce marigot anglobal et que le Pays romand semblerait devenu hostile à tout francophone étranger de passage.

Tenez, rien qu’à Sion, dans les montagnes valaisannes de ce canton qu’on dit pourtant si fier de sa langue, a fortiori de sa culture, c’est le même constat implacable qui vous fout cul par terre, tout comme le parler du cru. Voilà qu’au détour du chemin je tombe sur son aéroport affublé en Sion Airport, vision surréaliste qui me donne la nausée et l’envie de rebrousser chemin. Néanmoins, j’irai à ce rendez-vous avec un ancien professeur d’université venu s’installer dans la région.

Dans mon Québec natal, j’avais appris que régnait en Helvétie cette fameuse paix des langues qui étaient connue à des lieues à la ronde et qui faisait sa fierté ; que l’élite politique, qu’on dit jalouse de sa « cohésion nationale », ne permettrait jamais à un quelconque idiome prédateur de venir saper ainsi jusqu’à la moelle une langue aussi prestigieuse que le français – ou un autre de ses idiomes nationaux, d’ailleurs. Pauvre de moi, qui n’ai plus que les yeux pour pleurer !

Mon constat est amer et sans appel. La Romandie a cédé aux sirènes de ces nouveaux cols blancs de la sphère économico-financière aux dents bien acérées. Elle s’est fait le chantre de ce nouveau prêt-à-penser qui bousille ce qui faisait son identité, de ce nouveau crédo qui injecte dans des esprits déjà fragiles la sotte croyance que sans l’anglo-américain vous n’êtes qu’une bande d’attardés mentaux. Que sans cette néo-pseudo culture, il n’y aurait point de salut pour vous et votre progéniture, et que faute de renier votre propre langue, vous seriez bouté à la marge comme un vulgaire paria, et au travail et dans vos relations, et pour votre avancement…

Comment la Romandie est-elle arrivée à ce niveau de cloaque langagier ? Telle est cette lancinante question que je me pose depuis mon retour d’Europe… et qui me laisse choqué et sans réponse.

Un Québécois choqué!

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