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Demande d’interventions – la qualité du français sur les ondes : un défi à relever

Merci M. Perreault pour la publication sur votre site, de la présente lettre d’opinion parue dans La Presse il y a quelques jours, laquelle a été enrichie de notes complémentaires. Votre offre généreuse va au-delà de mes attentes en renvoyant la balle à d’autres instances avec un effet multiplicateur inespéré.

Il est temps que les pressions individuelles, en grand nombre et en dehors de toute affiliation partisane, s’ajoutent aux efforts d’organismes tels que le vôtre. Il faut bien reconnaître un constat d’échec, car ces organismes, qui agissent en ordre dispersé, n’ont pas empêché à ce jour l’appauvrissement accéléré de la qualité du français au Québec.

Pour commencer, chaque fois que je vais à Québec, je n’arrive pas à comprendre et j’ai honte qu’on puisse tolérer depuis tant d’années le niveau de langage des radios poubelles. Même chose, mais à un degré heureusement moindre quand, à titre d’exemple, j’entends Bernard Drainville répéter sciemment des fautes fondamentales de français, chaque jour sur les ondes du 98,5FM. Pour un ancien journaliste de RC et ancien ministre précurseur d’une charte des valeurs, c’est inexplicable et inacceptable.

Je pourrais multiplier les exemples de personnalités et d’autres ténors de l’antenne dont je collectionne les florilèges depuis nombre d’années. J’en suis malheureusement rendu au point de m’interroger si les écarts trop nombreux qui se multiplient chez trop de citoyens avec le français pratiqué dans les autres pays francophones ne constituent pas en réalité une nouvelle langue, le franquébois.

Au cours des années j’ai interpellé, à titre de simple citoyen, plusieurs organismes tels que RC (Commission sur l’état du français présidée par Yannick Villedieux en 2010), l’OQLF, le CRTC et le Conseil de presse (plaintes contre Jeff Fillion) avec peu de succès.

À la radio et à la télévision, pour ne parler surtout que de ceux qui devraient donner l’exemple, chez plusieurs chroniqueurs et animateurs qui parlent en ondes quotidiennement, trop souvent le français s’étiole, l’étendue du vocabulaire rétrécit, les contractions systématiques se multiplient, les standards de base disparaissent, les emprunts à l’anglais s’additionnent, la grammaire fiche le camp. Comme francophone d’origine, immigré au Québec en 1968, j’en viens moi-même à éprouver des difficultés, à buter sur des mots, à trébucher sur des accords, preuves s’il en est que la bonne pratique d’une langue peut se perdre à force d’être combattue.

Le recul du français au Québec et particulièrement à Montréal soulève avec raison des inquiétudes périodiquement. Bien entendu les causes de cette dérive sont multiples et largement connues comme le déficit démographique qu’il faut contrebalancer par l’immigration surtout concentrée à Montréal, l’attractivité de l’anglais sur le plan international ainsi que l’insuffisance de nos lois en matière de promotion et de défense du français.

Malheureusement les solutions avancées par les partis politiques et les élites reflètent souvent une attitude de repli ou d’hostilité à peine déguisée contre les anglophones et les allophones sans qu’on prenne la peine de s’interroger et surtout de réagir face au manque d’attractivité du français parlé dans plusieurs de nos médias.

Ce qui est désolant c’est que rien n’est fait pour corriger le tir, se remettre en question autant à titre individuel ou à l’initiative des institutions comme Radio-Canada, TVA, Radio Québec et les stations privées de radio. Depuis des décennies les capsules du conseiller linguistique de Radio-Canada, longtemps affublé ironiquement du titre d’ayatollah de la langue, et contrairement à l’étendue de ses pouvoirs, ne ciblent pas les bonnes choses. Elles font plutôt penser à une opération cosmétique consistant à repeindre le mât d’un navire au moment où il coule.

Chaque pays francophone a ses propres défis pour préserver son héritage de la langue française. Par exemple, l’anglomanie galopante chez nos cousins de France et de suisse romande en est un de taille pour lequel le Québec propose des solutions pertinentes, notamment en inventant de nouveaux termes français. Par ailleurs, les accents et les expressions locales présents dans toute la francophonie, comme au Québec, en Gaspésie ou au Lac-Saint-Jean, tout cela est merveilleux et tellement riche et normal sans compromettre les bases communes de notre langue. C’est le cas en France, en Belgique en Suisse romande et dans de nombreux pays africains dont le français a souvent de quoi nous faire rougir.

Le Québec fait partie de cet héritage avec toutefois la nuance importante que l’on y retrouve, à mon sens, un gamme trop étendue et croissante de la qualité entre le meilleur et le pire, particulièrement Sur les ondes, le pire étant l’institutionnalisation passive et permanente des radios poubelles de Québec. Le plus grave au Québec c’est l’érosion croissante des bases fondamentales de notre langue.

Quand on est assiégé comme peut l’être le Québec face à l’anglais en Amérique du nord il importe, plus que jamais, de se protéger activement. Malgré leur courage et leurs luttes constantes, les francophones canadiens hors-Québec et ceux de Louisiane illustrent de façon pathétique le phénomène insidieux de l’assimilation.

Un exemple révélateur d’abdication au Québec : Tout au long de l’été la radio 98,5 Fm a diffusé un message publicitaire du quincailler Réno Dépôt pour promouvoir les activités dans ( ) cour en ces temps de pandémie. Ce n’est là qu’un exemple d’un message qui, même en utilisant soi-disant le langage populaire, escamote avec insistance l’expression dans la cour en supprimant systématiquement l’article qui précède le mot cour, tout le contraire d’une valeur ajoutée. Contacté à ce sujet, l’Office de la langue française et l’organisme chargé des Normes de la publicité ont avoué avec gêne n’avoir aucun pouvoir pour agir. Aucun réflexe, aucune sensibilité, aucune fierté, aucun mécanisme, aucune volonté minimale pour oser contrer ce message repoussoir ! Comme dernier recours on me réfère au CRTC lequel n’y peut rien non plus. Même le gouvernement du Québec n’est pas en reste alors que la qualité de plusieurs de ses messages pour sensibiliser la population cet été laissait à désirer.

Faire le constat qu’en matière de publicité radiophonique il n’y a aucune balise pour préserver la qualité du français au Québec est consternant. Plus grave encore, cette carence s’ajoute, selon toute apparence à l’absence d’exigences minimales en matière de français pour avoir le privilège de tenir un micro sur une base régulière en ondes.

Le gouvernement du Québec, les organismes de contrôle, les ordres professionnels, les firmes de publicité, le monde de l’éducation, les médias et la société civile, tous confondus, disposent déjà de tous les pouvoirs pour se ressaisir et marquer l’histoire par une nouvelle révolution tranquille !

Gérard Schafroth, Otterburn Park

Adresses utiles pour commentaires et interventions :


Mme Mélanie Joly
Ministre des Langues officielles (dont le français ferait supposément partie!!!)
Melanie.Joly@parl.gc.ca

M. Steven Guilbeault
Ministre du Patrimoine canadien
Steven.Guilbeault@parl.gc.ca


M. Simon Jolin-Barrette
Ministre responsable de la Langue française
Leader.SJB@assnat.qc.ca
ministre@justice.gouv.qc.ca

CRTC
https://applications.crtc.gc.ca/question/fra/formulaire->renseignements?t=8&_ga=2.260972685.1024670523.1602094966-2139801959.1602094966

OQLF
plaintes@oqlf.gouv.qc.ca

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