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LES FOSSOYEURS DE LA LANGUE DE LA RÉPUBLIQUE

La ville de Rennes avait déjà sa “School of Business” avec son Ecole supérieure de commerce dite désormais, anglomanie oblige, “ESC Rennes School of Business“. Le blog de cette dernière est du reste bilingue et on remarquera que la présentation de cet établissement est faite uniquement en anglais à la rubrique “about us“, non traduite en français ( http://rennes-businessschool.com/blog/ ).

Elle a aussi, désormais, création toute récente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Rennes, son “World Trade Center” (le premier d’entre eux, qui constituent aujourd’hui un réseau de 320 unités implantées dans 92 pays, à été créé à New-York dans les années 1970). Comme le dit l’un de ses promoteurs : “ce World Trade Center va permettre à la Bretagne de renforcer sa visibilité et celle de ses entreprises sur le plan international“. Selon Ouest-France du 22/09/09 (voir en pièce jointe), il est même parti “à l’assaut du monde” (qui n’a qu’à bien se tenir …).

La France a longtemps bénéficié d’un très grand prestige, notamment culturel, dans le monde. Et, cela, en usant exclusivement de la langue française. Mais, pour les milieux d’affaires, on le sait depuis longtemps, ladite langue est, au contraire, perçue comme une survivance d’un passé peut-être glorieux mais révolu, comme impropre à traduire la “modernité” (commerciale), comme un obstacle à leur expansion internationale. C’est ainsi, à les entendre, que la Bretagne, et la France bien entendu, ne pourraient plus accéder à la “visibilité” dans le monde économique qu’en lui tournant le dos, qu’en s’exprimant en anglais (la langue d’une mondialisation dont on admettra, aujourd’hui, qu’elle ne s’annonce certainement pas aussi “heureuse” qu’on avait bien voulu le prédire). C’est pourquoi, pour le développement et le profit de leurs entreprises, les élites dirigeantes, transnationales, mobiles, déterritorialisées, sans identité aisément définissable, “connectées” en permanence, s’attachent, petit à petit, méthodiquement, à la mener au tombeau.

Quant au pouvoir politique, convaincu depuis longtemps par l’idéologie néolibérale de la nécessité de son effacement et de sa soumission aux sacro-saintes lois des marchés, apparemment partagé entre la résignation, l’indifférence et le sentiment de sa propre impuissance, il n’est, en réalité, pas le dernier à prêter la main aux fossoyeurs de la “langue de la République” (article 2 de la Constitution française). Cela est vrai au niveau de l’Etat, certes, mais peut-être plus encore à celui des administrations publiques territoriales, elles aussi parties, comme je l’ai déjà eu l’occasion de le dire – du fait notamment de l’affaiblissement constant, spectaculaire, de l’Etat – “à la conquête du monde“.

Jean-Pierre Busnel
jpabusnel@wanadoo.fr


 

World Trade Center

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