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LA LANGUE ET LES PARTIS POLITIQUES

C’est avec grand intérêt que la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, le Mouvement Montréal français et Impératif français observeront les débats qui se tiendront en fin de semaine au sein des deux partis souverainistes représentés à l’Assemblée nationale. Alors que le français est de plus en plus fragilisé à Montréal et en Outaouais, là où se joue le sort de la langue nationale du Québec, les enjeux linguistiques ont été presque complètement évacués des derniers débats électoraux québécois.

Le tabou de la langue ne prive pas seulement les Québécois d’informations cruciales sur leur avenir en tant que nation, il occulte des enjeux importants pour le développement économique et régional. Par exemple, toutes les régions du Québec devront contribuer à défrayer près de 5 à 7 milliards pour deux mégahôpitaux à trois kilomètres l’un de l’autre à Montréal. Plus de 50 % des fonds serviront à bâtir un nouvel hôpital anglophone pour l’Université McGill, alors que la majorité des diplômés en médecine qui y sont formés quittent le Québec dans l’année qui suit. Pourtant, c’est la décentralisation des centres de formation (et non leur concentration à Montréal) qui favorise le recrutement de médecins qualifiés en région; des régions très désavantagées où la santé et la vie des citoyens sont souvent menacées par l’irresponsabilité gouvernementale.

Et ce surfinancement des établissements anglophones à Montréal n’est pas unique au secteur de la santé, il se retrouve notamment dans tous les secteurs des institutions collégiales et universitaires. Une grande partie de la main-d’oeuvre ainsi formée en anglais quitte le Québec. Et celle qui reste tend à s’établir à Montréal pour y travailler en anglais.

L’État québécois est sans doute le seul endroit au monde où l’on finance massivement l’enseignement supérieur dans une autre langue que celle de la majorité. Le résultat de cet aménagement linguistique est une concentration des ressources à Montréal, là où se retrouvent les anglophones et les nouveaux arrivants. Pourquoi ces investissements de Québec ne serviraient-ils pas à améliorer l’enseignement supérieur dans des régions autres que Montréal ? Est-il logique que l’enseignement supérieur québécois en français souffre de sous-financement alors que les jeunes francophones ont un taux de diplomation universitaire 35 % plus faible que celui des anglophones ?

L’éducation est un facteur essentiel d’intégration des nouveaux arrivants. L’enseignement collégial et universitaire est une voie majeure d’intégration à l’emploi qui détermine fortement la langue de travail et les transferts linguistiques. Plus de la moitié des allophones fréquente toujours le cégep anglais. La première mesure à prendre consiste à modifier la Charte de la langue française afin d’appliquer les critères d’accès à l’école publique française au niveau collégial.

Le jugement que la Cour suprême du Canada vient de rendre vise à affaiblir les mesures de la Loi 101 au primaire et au secondaire. Cet affront devrait nous permettre de mobiliser la société civile pour reprendre l’offensive linguistique de façon globale. Il est d’ailleurs significatif que ceux qui ont lancé une campagne contre le jugement de la Cour suprême invalidant la Loi 104 soient les organismes de la société civile.

La réponse à la Cour suprême doit être globale. C’est pourquoi nous avons circonscrit les 11 mesures les plus structurantes à prendre pour renforcer le français comme la langue de l’éducation, comme la langue officielle et institutionnelle, et comme la langue de travail. Actuellement, aucun parti politique présent à l’Assemblée nationale n’a adopté une seule de ces mesures. Cette plateforme est disponible sur nos sites internet (www.ssjb.com, www.montrealfrancais.com, www.imperatif-francais.org)

Pour l’heure, l’incurie gouvernementale incite de plus en plus de Québécoises et de Québécois à la mobilisation citoyenne, c’est-à-dire celle de la rue. Mais à brève échéance, une alternative politique sera essentielle à l’exercice de la démocratie. Il reste à voir si les partis existants donneront quelques espoirs de constituer cette alternative.

Mario Beaulieu, Président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Luc Thériault, Président du Mouvement Montréal français
Jean-Paul Perreault, Président d’Impératif francais

 

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