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UN PREMIER MINISTRE ANTI-FRANCOPHONE ?

LES ANTéCéDENTS LINGUISTIQUES DE STEPHEN HARPER VIENNENT HANTER LE CHEF
CONSERVATEUR

Constatant que, dans le cadre de la présente campagne électorale, le chef
conservateur Stephen Harper tente présentement de se poser en champion de
l’unité canadienne et de prétendre que son parti est le seul à mériter la
confiance des Québécois et des francophones établis dans les autres provinces et
territoires du pays, une franco-albertaine de Calgary, Francine
Boisclair-Stewart, a décidé de rappeler les antécédents linguistiques du chef du
Parti conservateur du Canada, monsieur Stephen Harper.

Madame Boisclair-Stewart rappelle d’abord que, dans le cadre des élections
fédérales d’octobre 1993, Stephen Harper avait refusé de participer à un forum
organisé par les francophones de Calgary en disant : « I represent an Anglophone
riding; no French here, this is Calgary; I’m not here to represent Quebec » (Je
représente un comté anglophone; pas de français ici, c’est Calgary; je ne
présente pas le Québec)

Les idées de monsieur Harper ont-elles beaucoup évolué au cours des années?
Madame Boisclair-Stewart pointe du doigt le texte que Stephen Harper a publié
dans le journal « The Calgary Sun », le 6 mai 2001, alors qu’il présidait
l’organisme connu sous le nom « National Citizens Coalition » (Coalition
nationale des citoyens). Intitulé « Bilingualism’s Become A Religion » (Le
bilinguisme est devenu une religion), et où il démontre peu de sympathie pour le
fait français et les politiques linguistiques.

« Stephen Harper ne fût pas l’ami des Francophones de l’Alberta mais plutôt
notre ennemi, préoccupé à alimenter l’opposition à l’épanouissement de notre
communauté francophone. Il n’était pas là quand nous avons eu besoin de lui « ,
d’affirmer madame Boisclair-Stewart.

Résidente de l’Alberta depuis plus de trois décennies, madame Francine
Boisclair-Stewart a été membre (1991-1993) du Comité de direction qui a vu
l’établissement du Centre scolaire communautaire de Calgary, connu sous le nom «
La Cité des Rocheuses » et a travaillé à la reconnaissance des droits scolaires
de la minorité franco-albertaine, notamment en assurant la vice-présidente
(1994-1995) du Conseil de coordination pour l’éducation francophone (région
Centre-Sud de l’Alberta).

En intervenant publiquement dans la présente campagne électorale à titre de
citoyenne, madame Boisclair-Stewart insiste qu’on ne saurait interpréter son
geste comme étant partisan puisque, non seulement elle n’a jamais été membre du
Parti Libéral, elle a eu au contraire longtemps milité au sein du Parti
progressiste-conservateur, entre autres en assumant la présidence ou la
vice-présidence (1993-2003) d’activités de levées de fonds pour le Parti
progressiste-conservateur, en présidant (1997-1999) l’Association du Parti
progressiste-conservateur de la circonscr1ption Wild Rose, à Calgary, en
siégeant au Conseil national du Parti du progressiste-conservateur du Canada
(1997-1998), en acceptant à la demande de l’honorable Joe Clark de siéger comme
directrice (1999-2003) au Conseil de l’Association du Parti
progressiste-conservateur de Calgary-Centre pour y représenter les francophones
et en étant déléguée à la course à la Chefferie (mai & juin 2003) pour appuyer
Jim Prentice. En 2004, elle adhérait au nouveau Parti conservateur en vue
d’appuyer la candidature de Belinda Stronach; comme bien des militants
conservateurs qui étaient considérés comme des modérés, elle a cessé son
implication au sein de ce Parti lorsque Stephen Harper en a pris le contrôle.

Francine Boisclair-Stewart
Calgary (Alberta)
Courriel : FrancineStew@hotmail.com

(Le 18 janvier 2006)

Voir ci-dessous l’article « Bilingualism’s Become A Religion » par Stephen
Harper, The Calgary Sun (6 mai 2001)

LE BILINGUISME EST DEVENU UNE RELIGION
Par Stephen Harper

(Traduction du texte « Bilingualism’s Become A Religion », publié dans
l’édition du 6 mai 2001 du journal The Calgary Sun)

Selon le président de la National Citizens Coalition, le credo libéral n’a
pas engendré l’unité nationale et nous a coûté amplement.

Le député de l’Alliance qui s’est levé récemment à la Chambre des communes
pour s’attaquer à l’administration du bilinguisme officiel n’a pas simplement
remis en question une politique gouvernementale – il a été coupable d’hérésie.

Après tout, le bilinguisme national obligatoire dans ce pays n’est pas qu’une
simple politique. Au contraire, c’est devenu une religion. C’est un dogme qu’on
est censé accepter sans question.

Il n’est donc pas surprenant que l’opinion du député allianciste ait provoqué
l’indignation des principaux apôtres du bilinguisme : les médias libéraux, le
parti Libéral et les Conservateurs centristes.

Je ne connais pas ce député et je ne veux pas me prononcer sur les motifs de
son intervention, mais au risque de commettre moi-même un blasphème, laissez-moi
dire que je ne vois pas pourquoi la remise en question du coût et de l’échec de
la politique actuelle des langues officielles serait si « extrémiste ».

Ma propre expérience du bilinguisme remonte à l’été de 1968. Pierre Trudeau
venait d’accéder au pouvoir.

Mes parents m’avaient inscrit à un cours primitif d’immersion à l’autre bout
de la ville, plus, je crois, pour me tenir occupé que pour aider à bâtir une
nouvelle théologie fédérale.

à cette époque, on promettait que le bilinguisme produirait un pays nouveau –
plus uni, plus juste, véritablement bilingue.

Ce fut un échec.

De fait, les Canadiens ne sont pas beaucoup plus bilingues aujourd’hui qu’ils
ne l’étaient à l’époque.

Selon le recensement de 1996, par exemple, 17% des Canadiens sont bilingues
anglais-français.

Mais, si l’on remonte à 1951, bien avant Trudeau, cette proportion était
supérieure à 12%.

Même cette croissance minime du bilinguisme officiel (à un coût considérable
pour le fédéral) est sans doute exagérée.

Nombreux sont ceux, particulièrement des anglophones, qui ont suivi un
programme d’immersion et qui sont donc encouragés à se déclarer bilingues.

Mais s’ils n’ont pas de véritable raison économique, sociale ou culturelle de
maîtriser et maintenir le français, la compétence s’atrophie tout simplement.

Je ne remets pas en question la qualité de l’enseignement des cours
d’immersion ni le sérieux des apprenants.

Seulement, il n’est pas difficile – extraordinairement difficile – de devenir
bilingue dans un pays qui ne l’est pas.

Ne nous leurrons pas.

Le Canada n’est pas un pays bilingue. De fait, le pays est moins bilingue que
jamais.

Ouille, voilà une autre hérésie. Mais avant de convoquer l’inquisition de la
langue, considérez ceci : si la proportion de Canadiens officiellement bilingues
est demeurée à peu près inchangée, le vrai bilinguisme au Canada est confiné à
quelques régions géographiques.

De fait, la plupart des Francophones habitent les régions unilingues
françaises du Canada – principalement au Québec – et la plupart des Anglophones
habitent des régions unilingues anglaises à l’extérieur de cette province. Les
régions où on retrouve une proportion importante des deux groupes linguistiques
sont presque toutes situées près des frontières du Nouveau-Brunswick, du Québec
et de l’Ontario, où habitent également les Canadiens véritables bilingues.

Et ce n’est pas un mal. Un Anglophone unilingue ou un Francophone unilingue
est tout autant « un vrai Canadien » que celui qui est bilingue. Les villes de
Québec et de Calgary définissent toutes deux le Canada, tout comme Ottawa et
Montréal. La difficulté ne survient que lorsque les Libéraux fédéraux insistent
pour que le Canada devienne le pays bilingue qu’il n’est pas.

Mais la vérité toute crue, c’est que même les Libéraux perdent foi en leur
propre credo. Ils ne pratiquent pas ce qu’ils prêchent.

Bien qu’il y ait depuis longtemps des tentatives infructueuses de promotion
du français à l’extérieur du Québec, le gouvernement fédéral s’incline de plus
en plus devant les politiques militantes du Québec visant l’unilinguisme
officiel. La discrimination contre l’anglais et les institutions anglaises se
trouvant dans la loi sur la langue du Québec et bien documentée.

Et maintenant la double mesure atteint son comble avec la nomination de
Stéphane Dion à titre de ministre des Langues officielles. Stéphane Dion est un
partisan déclaré de la loi 101 préconisant « seulement-le-français » au Québec
et du bilinguisme officiel ailleurs. Dès sa nomination, il a déclaré que le
bilinguisme national devait servir à « promouvoir le français ».

Les libéraux, bien sûr, estiment qu’en insistant sur la « francité » du pays,
ils encourageront les Québécois à être plus loyal envers le Canada. Mais à
mesure que le Québec devient plus français et que le reste du Canada devient
plus anglais, les Québécois s’identifieront plus au Québec qu’au Canada.

Alors voilà. Dans cette religion, le bilinguisme est le dieu qui a échoué.
Sans produire un pays juste et uni, il a coûté aux Canadiens on ne sait pas
combien de millions.

J’imagine qu’il faut s’y attendre lorsqu’on joint l’église à l’état.

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(Le 3 février 2006)

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