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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

L’Université du Québec à Montréal, dont la charte linguistique précise le
français comme langue de travail, a dernièrement organisé un colloque uniquement
en anglais sur les élections présidentielles aux états-Unis. Voici la réponse de
M. Charles-Philippe David, organisateur de cet événement irrespecteux de la
charte de l’université ainsi que de celle du Québec, à la plainte portée par Mme
Dominique Beaulieu :


http://www.mef.qc.ca/pourquoi_uqam_anglais.htm

M. David félicite « certains » conférenciers étatsuniens qui « ont… tenu à
formuler quelques mots en français, preuve que l’idée de bilinguisme est
comprise en-dehors [sic] de nos frontières ». Effectivement, ces conférenciers
comprennent bien « l’idée de bilinguisme » comme pratiqué au Canada : on
commence peut-être avec « Bonjour, mesdames et messieurs », puis, la tâche
désagréable de « formuler quelques mots en français » accomplie, on continue en
anglais. Cette leçon s’apprend on ne peut plus vite.

M. David nous régale aussi en disant que ces « conférenciers ont pu prendre
le pouls de la société québécoise ». Et l’ont déclarée morte ? Bien que le
pronostic ne soit pas du tout encourageant, la société québécoise reste encore
vivante, malgré les bons efforts des adhérents du « bilinguisme » au Québec.
Mais les oreilles unilingues anglophones ne sauraient guère l’ausculter.

Quant à l’absence d’interprétation au colloque, M. David cite le « rapport
coût-avantage » et le fait que « la traduction simultanée représente un coût ».
Eh oui, on rend toujours hommage au Saint-Fric. C’est donc la majorité
francophone, comme toujours, qui cède, qui se soumet, tant chez elle
qu’ailleurs. Pourquoi ne pas obliger les conférenciers non-francophones à
engager leurs propres interprètes ? Comble de l’horreur ! Il va sans dire que
les francophones doivent accepter l’anglais, un point c’est tout. After all,
those frogs all speak English, don’t they?

Mais le pire, c’est que M. David nous rassure avec fierté qu’il « veill[e] à
maintenir un strict bilinguisme dans toutes [s]es interventions » pour la
défense du français et explique la plainte de Mme Beaulieu comme une demande
d’« offrir plus de bilinguisme dans notre champ d’études ». Je n’ai pas
l’honneur de connaître Mme Beaulieu et je n’oserais jamais expliquer ses
intentions, mais pour ma part j’en ai marre du « bilinguisme » au lieu du
respect que mérite la langue française sur territoire québécois. à titre
d’université francophone, l’UQAM devrait faire ses fonctions en français. Si
l’interprétation ou d’autres services linguistiques sont offerts afin de
faciliter la participation des anglophones, c’est un privilège et non un droit.
L’unilinguisme anglophone à l’UQAM n’a aucune raison d’être. Malheureusement,
c’est bien là où mène le vanté « bilinguisme ». On donne le doigt et ils
prennent la main, puis le bras.

Qu’en fera notre cher Office québécoise de la langue française ? D’ici trois
mois je recevrai une lettre précisant que la situation ne constitue pas une
contravention de la Charte parce que les universités en sont exemptes. Ou les
centres de recherche. Ou bien les organismes qui ont moins de cinquante
employés. Quoi qu’il en soit, l’OQLF connaît toutes les échappatoires et
n’hésite pas à les citer. Encore une victoire pour l’anglais au Québec.

Scott Horne
shorne@hornetranslations.com

Montréal

(Le 22 juin 2004)

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