Rechercher
Close this search box.

LE LYS ET L’ORTIE

LE LYS ET L’ORTIE

Jadis, dans un pays qui était vraiment le nôtre, croissaient et se
multipliaient de jolies fleurs des champs.

On les retrouvait partout et régnaient en maîtres sur notre Laurentie.

Pourtant, le lys ne parvenait pas à s’imposer sur certaines terres où,
dit-on, l’ortie y vivait en ignorant ses joyeux voisins.

– "Quittez ce pays qui est le nôtre!", disait le lys.

– "Nous y sommes depuis fort longtemps, assez en tout cas pour y être appelés
souvent les rois du pays.", répondit l’ortie.

– "Il n’est de roi que celui qui parle et vit de mon language et de ma terre.
Quittez ces lieux et allez vers les terres du soleil couchant, plus loin que la
rivière des Outaouais. Là est votre vrai pays. Nous sommes Québécois depuis fort
longtemps et plus que vous ne le serez jamais."

– "Les orties sont nées ici et leurs racines sont ici. Nous resterons."

– "Quel terrien laisserait pousser les mauvaises herbes sur ses terres sous
prétexte qu’elles y ont racines? Il faudrait être imbécile pour se laisser ainsi
envahir. Nous nous mettons à la tâche et bientôt le lys sera le vrai maître de
ces lieux."

Et c’est ainsi que la légende veut que l’ortie se soit répandue à travers
tout le Canada.

—————————————————————————————————————————–

Cette légende, je l’ai entendue il y a fort longtemps. Elle me vient de mes
ancêtres. Ceux qui m’habitent dans le plus profond de mon être. Je l’entends
encore lorsque je prête l’oreille au vent qui souffle et se mêle aux cris des
oiseaux et à tous ces bruits de la nature. C’est un mal de vivre qui m’étreint
et m’empêche d’ouvrir mes ailes. Le concert des nations m’interpelle mais se
transforme en cris et lamentations. On m’enpêche de vivre. On m’étouffe comme
pour m’avorter. C’est le Québec qui a mal car il ne sait s’il doit vivre ou
mourir.

Libérez-moi, laissez-moi respirer et voir le soleil. Ne m’enfermez pas de
crainte que la colère ne monte en moi et crache sur vous tout son fiel. Pourquoi
faut-il que l’homme naisse dans la douleur si son destin est de vivre heureux?

Le Québec est-il à genoux ou debout?

Rassurez-moi.

René (
rene.beland@cablevision.qc.ca
)

(Le 8 novembre 2003)


Nous avons besoin de vous

Contribuez à Impératif français en faisant un don ou en devenant membre !