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ENFANTS DE LA LOI 101

ENFANTS DE LA LOI 101

Le Devoir
lettres@ledevoir.ca

Plutôt étrange que d’avoir choisi la veille de la Fête nationale pour
présenter cet article. Un article qui, avouons-le franchement, ne nous apprend
rien de neuf quant au taux de rétention que la langue française exerce sur les
nouveaux arrivants. L’ensemble des études qui touchent le sujet abordé par
Clairandrée Cauchy débouchent toutes à peu près sur le même constat: le passage
obligé dans les maisons d’enseignements francophones du Québec représente pour
une large majorité des immigrants une visite chez le dentiste. à preuve:
plusieurs d’entre eux font des pieds et des mains afin d’envoyer leurs enfants à
l’école anglaise, au risque d’aller jusqu’à défrayer les coûts importants exigés
par des écoles privées non-subventionnées. S’ils ne peuvent y parvenir: le
calvaire durera jusqu’à la fin du secondaire. Car de par le nombre de ces
enfants qui fuit par la suite en direction des collèges anglophones, cela ne
fait pas de doute qu’ils sont légion à pester contre la loi 101.

Revoilà donc la sempiternelle question à poser: que faire pour corriger le
tir? Parce qu’actuellement, près de 80% de ces étudiants grossissent les rangs
des Anglo-québécois, alors que pourtant, la loi 101 est supposée favoriser
l’inverse. Devrions-nous prolonger jusqu’au cégep le séjour de ceux-ci dans le
réseau francophone de l’éducation? Cette mesure risque-t-elle cependant de
provoquer davantage la grogne chez les nouveaux arrivants? Parviendrait-elle
alors à renverser la lourde tendance que nous observons actuellement? Je ne
crois pas.

C’est le Canada qui accueille les immigrants. Son titre de pays bilingue
(surtout grâce au Québec, ne soyons pas dupe!) autorise le libre choix de la
langue à ces derniers. Dans ce contexte, quel quidam désire s’assimiler à un
groupe minoritaire? Les francophones disparaissent lentement partout au Canada;
alors pourquoi participer aussi à ce génocide culturel? Nous sommes donc tout au
plus une curiosité culturelle, un groupe courageux dont le combat rappelle celui
de Don Quichotte. Baragouiner quelques mots de français, sans pour autant en
épouser l’histoire, constitue donc pour l’instant un choix logique pour bon
nombre d’immigrants du Québec.

Les gens en quête d’une terre d’accueil préfèrent naturellement une nation
forte, dynamique, capable de s’affirmer sur la scène internationale. Le statut
politique actuel du Québec l’empêche d’offrir tout cela: les chiffres désastreux
quant à l’attrait du français chez les communautés culturelles québécoises
l’attestent. Seule l’adhésion de ces gens à une majorité déclarée peut renverser
la situation. Un état du Québec, dont le tissu social est francophone à plus de
80%, règlerait le problème une fois pour toute. Le fait de pouvoir entièrement
gérer l’immigration et d’affirmer sa francité sans retenue donneraient l’heure
juste à ceux qui désirent s’installer dans notre maison. Choisir le Québec comme
pays d’adoption doit susciter l’enthousiasme à l’idée d’y vivre en français. Ce
qui est loin d’être le cas en ce moment…

Patrice Boileau
Carignan, Québec
patriceboileau@videotron.ca

(Le 13 juillet 2003)


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