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BONSOIR MA DAME

BONSOIR MA DAME

Je vous livre un petit texte d’amour destiné à la langue française. Si vous pouviez
le lui transmettre…

La langue française est une grande Dame, c’est certain. En témoigne la cour que lui
font nombre de prétendants de haut rang. Mais elle ne dédaigne pas non plus se frotter
à ceux qui n’ont pour toute noblesse, que des mots crus, des mots de tous les jours. Nés
de moments de colère, de quiétude, de tendresse, de haine, de vie, même mal formés,
ils portent cependant l’émotion de ceux qui les ont prononcés. Combien faut-il de mots
pour exprimer l’amour par exemple ? Sa force est-elle liée à l’étendue du registre dont
nous disposons ? Qu’importe la longueur des phrases, l’esprit n’est pas compteur. La
langue aime à se montrer telle qu’elle est. Et si c’est aux bras d’amants tous
différents, et bien sachons l’admirer et vanter ses conquêtes. Nous aimons tous cette
langue et de temps en temps, elle nous le rend bien. Même si parfois elle nous échappe
pour folâtrer et se pendre au cou d’étrangers, elle nous revient toujours. Elle nous
revient quand nous laissons nos ressentiments d’amants bafoués et que nous sommes prêt
à rebâtir un palais pour la recevoir. Elle est notre mère, notre épouse, notre fille,
notre matrice. Elle est à l’origine de nos pensées, de nos constructions mentales dit le
psychologue, des landes ventées de mauves dirait le poète. Elle est et par elle nous
sommes, et nous ne sommes que par elle. Que de responsabilité pour cette grande Dame, si
fragile dans sa force, si contemporaine dans son histoire. J’ai de grandes ambitions pour
elle. Toujours je la chérirai.

Philippe Villette
France
Villette@cybercable.fr

(Le 12 juin 1999)


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