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Un égal danger? Avec ou sans référendum

Référendum 1995 2Toute la campagne a été plombée par la question du référendum. La panique affichée par les libéraux aurait-elle au fond la même cause que la prise de conscience par le PQ, à la fois de la nécessité et de l’impossibilité d’un référendum? On se berçait d’une illusion têtue sans mesurer l’usure du temps et  d’une certaine évolution du Québec.  Peu après la défaite du premier référendum, en 1980, René Lévesque prononça ce jugement dont le poids a échappé aux commentateurs de l’époque : « C’en est fini de la vieille nationalité française! » Dès ce moment, il y avait quelque chose de périmé dans le recours au référendum, du moins avant d’avoir  restauré notre identité et pris la mesure exacte du Canada et de la menace qu’il fait peser sur le Québec. Jean Chrétien justifiait ainsi sa « reconquête » du Québec. « Nous étions en guerre! Tous les moyens étaient permis! » Et c’est textuel.
Bref, il y a quelque chose d’usé et de répétitif dans un référendum qui reproduirait, en plus bas, les deux échecs précédents.  Ce n’est donc plus le moyen privilégié pour les Québécois d’affirmer leur volonté nationale. C’est aussi comme de commencer le roman par la fin. Il y faut une préparation qui manque tout à fait, soit une prise de position claire sur l’illégalité de la Constitution de 1982 et une mise en doute officielle de la capacité de la Cour suprême d’arbitrer  de façon impartiale les différends entre le Québec et Ottawa. Le Québec serait alors au seuil d’une authentique conversation avec le Canada anglais.
Personne ne met en doute l’importance de l’économie, de la santé et de l’honnête gouvernance.  Pourtant, il est simpliste et trompeur d’utiliser ces sujets pour balayer les questions bien antérieures de la langue, de l’identité et du destin propre du Québec. En réalité, l’approche de M. Couillard constitue une régression par rapport à la Révolution tranquille. Celle-ci consistait en un vaste processus dont le couronnement devait redéfinir le statut du Québec, soit par une reconnaissance réelle au sein du Canada, soit par l’indépendance en cas d’impossibilité de celle-ci. Or M. Couillard s’incline devant notre échec collectif et propose un gouvernement  sous l’horizon de celui-ci. Ses attaques sans nuances contre le référendum ne sont pas exemptes d’un certain fanatisme. Outre qu’elles révèlent sa servilité à l’endroit du Canada anglais, elle prive le Québec de tout rapport de force avec Ottawa. Un référendum gagnant ne conduirait pas d’emblée à la séparation du Québec, il ouvrirait une ère de négociations fondées sur un vraie rapport de force avec le Canada.
Hubert Larocque, Gatineau

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