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M. Couillard en tournée pancanadienne!

L’homme politique s’inscrit dans l’Histoire, et dans l’histoire particulière d’un peuple, de sorte que ce qu’il croyait être, penser et vouloir faire lui est, en quelque sorte, enlevé, et reconfiguré par la conjoncture dans laquelle il s’engage. M. Couillard croyait défendre le fédéralisme sans aucun mélange. Son goût favorisait un certain immobilisme politique, rassurant et identique aux intérêts d’une classe bourgeoise alliée au Canada anglais. Pour lui, la Constitution de 1982 allait de soi, elle répondait même à ses affinités profondes. La « réintégrer » lui apparaissait comme une simple formalité. Dans sa pensée, ne s’agissait-il simplement pas de l’accepter sous le couvert des cinq « exigences » de Meech? Or ces exigences, déjà insuffisantes en 1987, ne seraient-elles pas aujourd’hui fort dépassées?
M. Couillard, retranché derrière le slogan réducteur des « vraies affaires », n’imaginait pas que l’affaire principale dont dépend, à long terme, la structuration et la réussite de notre économie, comportait aussi une vision conforme à la nature du Québec et la réparation de la violence juridique que le Canada anglais lui a fait subir en 1982.
En quelques jours, M. Couillard a été contraint de se raviser et, pour répondre à un embarras imprévu, il a promis de faire ce que justement il n’avait pas envisagé et n’avait aucune intention de mettre en œuvre. Représentez-vous le dilemme du Canada anglais qui se reposait sur lui pour conserver le Québec dans la soumission la plus complète à ses vues! Pour Ottawa, le Parti libéral du Québec n’est que la courroie de transmission et l’exécutant de ses politiques,  moyennant quelques concessions inoffensives et cosmétiques. Toujours le plat de lentilles!
La  mort dans l’âme, M. Couillard se présente donc aux portes des capitales canadiennes. Non seulement on le voit venir de loin, mais l’ami d’hier apparaît  maintenant comme un ennemi. Avant même qu’il ait quitté le Québec, on a bien résolu de ne rien accorder, on l’accuse même de faire le jeu des « séparatisses »! Et le chef libéral qui croyait être reçu comme un sauveur du Canada s’apercevra bien vite que l’on ne s’affranchit pas si facilement d’une condition du Québec que le Canada anglais n’envisage que sous l’angle d’un contrôle proprement colonial. Sa Constitution en comporte tous les ressorts et le paravent de son juridique le dispense de le voir et, surtout, l’innocente à ses propres yeux.
Hubert Larocque
Gatineau

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