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LA CEINTURE FLÉCHÉE

Ceinture fléchée
La ceinture fléchée aux motifs éclair de L’Assomption, le symbole régional de Lanaudière. (Photo : Ceintures de Jocelyne Venne, photo tirée du site Web ameriquefrancaise.org)
UN BRIN D’HISTOIRE
Claude Martel
Jeudi 20 décembre 2012
La ceinture fléchée
Bien qu’associée au folklore traditionnel québécois, la ceinture fléchée a un lien historique important avec la région de Lanaudière. Élément du costume traditionnel canadien-français, à la fois au Québec et chez les Métis du Manitoba, la ceinture était associée à la traite des fourrures dans l’Ouest canadien.
Description
Il s’agit d’une ceinture de laine tressée aux motifs de flèches, traditionnellement portée par les hommes. La largeur d’une ceinture peut varier de 15 cm à 25 cm et sa longueur peut facilement dépasser deux mètres.
À l’origine, ces ceintures servaient à enserrer et décorer les capots d’hiver masculins en étoffe grise. Par la suite, elles furent employées chez les voyageurs-canoteurs qui les utilisaient pour soutenir leurs dos lors du transport des lourds ballots de peaux et dans les nombreux portages que leur imposait la route de l’Ouest canadien. Les ceintures aidaient aussi à prévenir des hernies chez ces voyageurs.
Quelle est son origine? Écossaise, française, acadienne ou amérindienne? À la suite des travaux des ethnologues Massicotte et Marius Barbeau, on s’accorde pour dire qu’elle a été créée par des artisanes de la région, principalement ceux des MRC de Montcalm, Joliette et L’Assomption.
L’Assomption
Dans les faits, on fait mention des ceintures fléchées, en 1798, dans les livres de la Compagnie du Nord-Ouest. La Compagnie contribue à les faire connaître auprès des Amérindiens et des Métis de l’Ouest canadien, depuis son comptoir de L’Assomption, où elle en fait confectionner par des artisanes des environs. On en achètera ensuite des versions mécanisées produites sur métier en Angleterre, tarissant ainsi progressivement la production et l’expertise artisanales.
À la suite de son apparition, la tendance sur le plan des motifs évoluera graduellement pour aboutir, en 1850, à ce qu’on appelle : la ceinture fléchée traditionnelle «dite de l’Assomption», qui constitue un sommet dans l’art du tressage.
Historique de la ceinture
Tout porte à croire que la ceinture fléchée fit partie du costume traditionnel de l’habitant du Québec dès 1776. À cette époque, les visiteurs britanniques, ou les mercenaires allemands, qui la remarquent, la qualifient de «ceinture colorée».
Plusieurs personnes témoignent de sa présence au pays. En 1777, la baronne von Riedesel, venue d’Allemagne rejoindre son mari, raconte que lorsqu’elle le rencontra à Chambly, il portait une ceinture rouge et bleue avec franges sur le costume traditionnel des Canadiens pour se garder au chaud, car il souffrait d’une grippe. La même année, un militaire relate comment les gens tissent les ceintures colorées de leur laine domestique. En 1778, un nommé E.V. Germann en dessine une qui indique une ceinture colorée au motif chevronné.
En 1798, à Verchères, on trouve le corps d’un voyageur noyé et Labadie écrit dans son journal personnel que ce noyé porte «une jolie ceinture à flesche». Également en 1798, en lisant l’inventaire après décès des articles du commerce de madame Chaboillez, dont le mari Charles fut un des fondateurs du Beaver Club, sont inscrites «deux ceintures à flesches». Cette fois, on parle bien de ceintures fléchées!
En 1806, le Britannique John Lambert écrit que cinq habitants sur six portent une ceinture colorée, parfois décorée de perles. On constate ainsi que la ceinture évolue dans son apparence sans qu’on puisse en attribuer le mérite à qui que ce soit.
Le port de la ceinture colorée sera transporté vers l’ouest du pays avec le commerce des fourrures par les habitants engagés par la Compagnie du Nord-Ouest. Ils partent vêtus de leur traditionnel costume. Leur ceinture colorée suscitera le désir de diverses nations amérindiennes d’en posséder. Les Amérindiens ne connaissant pas la laine, n’ayant pas de moutons, ne tissant pas de la façon traditionnelle européenne, la Compagnie du Nord-Ouest en fait tisser au Québec en important d’Angleterre de grandes quantités de fine laine worsted. Un agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson fit des démarches auprès de l’Angleterre afin de pouvoir également répondre à ce désir. Les deux compagnies, éternelles rivales de la traite des fourrures, s’assurent donc de répondre à la demande.
Les ceintures adoptées par les Amérindiens et les Métis, fils de Canadiens et d’Amérindiennes, restent présentes encore de nos jours et conservent la faveur des Métis. Éventuellement, on la qualifia de symbole identitaire des Métis. La plupart des ceintures dites métisses ont été tissées sur métier, bien souvent en Angleterre, pour imiter les ceintures tissées aux doigts, ici dans Lanaudière. Bien des musées qui exposent ces ceintures omettent de mentionner ce fait. La ceinture évolue dans son motif et arrive à un motif élaboré qui prend nom de «l’Assomption», ou «motif éclair de L’Assomption», parce que les agents de la Hudson Bay Company viennent les chercher à leur comptoir de L’Assomption, c’est-à-dire à l’actuel «Vieux Palais de Justice».
Les motifs apparaissant sur ces ceintures évolueront graduellement jusqu’en 1850, lorsque la forme traditionnelle des ceintures se fixe. Le tissage long et exigeant de ces ceintures les rend très coûteuses pour ceux qui souhaitent en porter une.
Malgré leur popularité et leur présence, autant au Québec que dans l’ouest du Canada, survient un ralentissement et de leur production, et de leur mode. Probablement dû au déclin du commerce des fourrures, vers 1870, et de la suggestion du curé Tancrède Viger qui encouragea les tisseuses à cesser de travailler, jugeant que celles-ci étaient bien peu rémunérées pour toutes ces heures de travail.
Un objet de folklore
À la fin du XIXe siècle, les bourgeois des villes en récupèrent l’usage et la mettent au profit d’un sport populaire : la raquette. On se procurait encore ces ceintures surtout dans la région de L’Assomption.
Les clubs de raquette ont perdu leur popularité au début du XXe siècle avec l’arrivée du hockey sur glace, du ski et du patinage. Les ceintures fléchées sont alors passées dans le folklore.
Jusqu’en 1968, quelques femmes ont continué à tisser les ceintures fléchées et ont pu transmettre la technique. Depuis, plusieurs personnes ont appris à tisser la ceinture fléchée sous la bannière d’une association québécoise, puis lanaudoise. Aujourd’hui, de nombreux artisans s’efforcent de faire revivre l’art et la technique de la ceinture fléchée, afin qu’ils ne disparaissent pas dans les anciennes mœurs des Québécois. On retrouvera la plupart du temps des ceintures fléchées à la taille des danseurs de groupes folkloriques, de musiciens de musique traditionnelle, de chansonniers et particulièrement par le Bonhomme Carnaval, qui contribue grandement à la faire connaître aux touristes et dans divers pays.
La ceinture fléchée du XXIe siècle n’a pas et n’aura plus la popularité qu’elle eut au XIXe siècle, loin de notre modernité vestimentaire. Cependant, en connaître son histoire et la place qu’elle occupa permet d’avoir un certain respect pour cette valeureuse réalisation du patrimoine québécois.
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Source : Fonds de recherche de l’auteur à partir de plusieurs documents.
http://www.larevue.qc.ca/chroniques_un-brin-histoire-n25285.php
la ceinture fléchée de l’assomption
http://ceinture.connexion-lanaudiere.ca/
Hommage à notre patrimoine!
Claude Jean

Chevalier de St-Véran
http://ordredesaintveran.puzl.com/coinsanspareil
http://www.regimentdelasarre.ca
http://www.youtube.com/user/SoldatSanspareil
http://www.ameriquebec.net/actualites/2009/08/03-rapatriement-des-armoiries-royales-de-france.qc
François Mitterrand
Un peuple qui n’enseigne pas son histoire est un peuple qui perd son identité
7878-Ordre_des_chevaliers_de_St-Veran

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