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« HAPPY BIRTHDAY NORMANDIE » – SUITE

Bonjour Monsieur,
jl.laville@normandie-tourisme.fr

Sur le site de l’association Avenir de la langue française, je viens de lire le texte d’un courrier en date du 17 courant que vous avez rédigé, au nom du Comité régional de Tourisme en Normandie, en réponse à une protestation, parfaitement légitime, que vous avez reçue à propos de la dénomination qui a été choisie, Happy Birthday Normandie“, pour le 1100ème anniversaire de cette région.

Je ferai tout d’abord remarquer qu’en bon français on ne commémore pas un anniversaire, comme il est dit dans cette lettre, ce qui est un pléonasme, mais qu’on le célèbre.

Pour essayer de justifier cette concession à la mode de l’anglomanie ambiante, vous écrivez notamment ceci : nous cherchions une signature dynamique car, dans un monde de communication, se faire entendre suppose d’étonner, de surprendre, et nous avons la conviction qu’ “Happy Birthday Normandie” apportait à “Bon anniversaire Normandie” ce petit plus“. Ainsi, on ne pourrait plus se “faire entendre“, désormais, qu’en utilisant des mots anglais ! Ce n’est donc pas le bilinguisme qui est préconisé, comme le font, plus ou moins explicitement, tant de dirigeants économiques et politiques, mais, apparemment sans le moindre état d’âme, la mise à l’index de la langue française.

Ce discours est celui que tiennent régulièrement les publicitaires et autres commerciaux qui veulent imposer l’anglais à la société française parce qu’ils pensent, à l’heure de la mondialisation, que cela facilitera leurs ventes. Cela me fait penser à ce qu’écrivait l’écrivain, linguiste et professeur René Etiemble (1909-2002), ancien élève de l’école normale supérieure, agrégé de grammaire, ardent défenseur de la langue française, dans son célèbre “Parlez-vous franglais ?” publié en 1964 (à noter que René Etiemble avait enseigné à Chicago et qu’il avait une connaissance approfondie de la langue anglaise, bien supérieure à la très grande majorité des anglomaniaques contemporains). En voici un extrait :

Depuis qu’elle (la publicité) a remarqué qu’on vend mieux un objet en lui donnant un nom qui sonne, ou qui paraît yanqui, elle pourrit et s’efforce de détruire la langue française. Au lieu d’occuper le rang que lui assigne toute civilisation qui se respecte, le dernier, pourquoi le marchand, quand il règne, ne tournerait-il pas ses regards, son espérance, vers le seul pays où l’empire de l’argent se manifeste dans toute son insolence, le seul où nul souvenir de monarchie, nul recrutement des élites au concours, nulle considération pour les arts et le savoir ne tempèrent la tyrannie de l’argent ? … Un homme dont le métier consiste à n’employer que superlatifs imposteurs et à remplacer progressivement tous les mots français par le mot yanqui correspondant, voilà qui, en France, réclame le pouvoir suprême !

De la Normandie, je connais surtout le département de la Manche pour y avoir fait une partie de mon service militaire à Saint-Lô, comme aspirant au 512ème GET (unité dissoute depuis). L’actuelle publicité du Comité régional de Tourisme en Normandie n’est pas de nature à m’inciter à y retourner en touriste.

Veuillez croire, Monsieur, à mes sentiments les meilleurs.

Copies diverses.

Jean-PIerre Busnel
Président de l’IAB

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