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BREIVIK OU ÉROSTRATE EN NORVÈGE

Les grandes tragédies rassemblent les sociétés, réchauffent pour un temps les liens entre les hommes mais ne sont pas très propices à la réflexion. Ainsi, la rechute de M. Layton suscite chez tous une solidarité qui se fonde sur un malheur absolu contre lequel on ne peut rien et dont on sait l’issue prochaine et fatale.  Pour autant, le mystère de la « vague orange» n’en sera pas plus éclairé mais rendu plus opaque. Il en va ainsi de la tuerie d’Oslo où des torrents de fleurs et de larmes risquent de masquer le sens de l’acte de Anders Beyring Breivik.

À ce sujet, les mythes grecs nous en disent plus long que la « psycho pop ». Quand un médiocre, dépassé par l’énormité et la complexité du monde, veut s’y tailler une place et accéder au premier rang, il coupe au plus court comme le fit Érostrate en incendiant le temple d’Éphèse considéré comme l’une des merveilles du monde. 

L’incendie eut lieu le 21 juillet 356, l’attentat d’Oslo, le 22 juillet 2011! On a peu remarqué les incohérences de ce triste héros. La « scène du crime » contredit carrément les « idées »de son manifeste. Pour  être d’accord  avec  sa théorie, il « aurait dû » mitrailler et faire sauter un quartier ethnique.  Or il s’est attaqué à des « Norvégiens de souche ». Tel un orgasme, son triomphe a été d’apparaître en uniforme dans un car de police tout comme un grand dignitaire ou le chef d’un État militaire. Il a choisi de jouer au Grand Nazi parce que sa personnalité ne lui permettait pas d’assumer d’autres rôles pour accéder d’un seul coup à une notoriété mondiale. 

On aurait tort de se réfugier derrière la folie pour éviter une interrogation sur la nature et la portée de l’acte de Breivik.  Les fous sont des révélateurs des lignes de fractures  de nos sociétés. Ce n’est pas parce que leur réponse est simpliste, univoque et terrifiante qu’ils ne réagissent pas à des problèmes réels.  Les identités sont des territoires fragiles dont on ne peut faire fi impunément. Il se pourrait bien qu’elles soient la logique et les limites naturelles de la  générosité, de l’accueil migratoire et de la démocratie. 

Hubert Larocque, Gatineau.

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