Rechercher
Close this search box.

JEAN-MARC FOURNIER ET LE RESPECT DE LA JUSTICE

Par YVES MICHAUD

Je brûle d’envie de faire parvenir une sommation de rétractation au  revenant Jean-Marc Fournier qui s’est répandu en commentaires blessants  me concernant  lors d’un point de presse brouillon, vendredi le 3 décembre dernier. M. Charest, à ses risques et périls, n’en a fait rien de moins que  son ministre de la Justice sans prendre la juste mesure d’un dérailleur et d’un zigoto qui n’a guère ennobli la fonction de député et de ministre depuis qu’il siège dans le salon de la race. Un vrai  ministre de la Justice devrait respecter sa fonction et garder une petite gêne ou un soupçon de réserve  dans un débat concernant une affaire judiciaire, dont il été partie prenante.  Surtout lorsqu’il  s’agit d’une bavure  sans précédent depuis  quatre siècles  de l’histoire du parlementarisme. On ne se juge pas soi-même. D’autant, que son patron Jean Charest, n’a de cesse depuis quelques semaines de tonitruer sur toutes les places publiques ” l’Assemblée nationale n’est pas un tribunal populaire”. Le député de Sherbrooke  disait le contraire le 14 décembre 2000, alors qu’il parrainait une motion friponne pour me crucifier sur la place publique.

Lorsque Jacques Parizeau et Lucien Bouchard  furent apparentés à des nazis, ou quelque chose du genre par un loustic du monde financier il y quelques années, ils ne se servirent pas de l’Assemblée nationale pour obtenir réparation. Ils assignèrent le malotru devant une cour de justice et obtinrent réparation de cette diffamation.  Étonnant, suspect et inquiétant, que Lucien Bouchard, excellent rhéteur et avocat renommé,  n’ait pas suivi la même voie en lieu et place de la motion infamante du 14 décembre 2000. Glissons mortels, n’appuyons pas! Je suppose qu’il est avec la conscience de M. Bouchard des accommodements raisonnables…

Revenons à nos oignons :  Eussé-je tenu des  propos offensants envers qui que ce soit aux États généraux de la langue française,- ce qui est faux -, dans un État de Droit,  il y a des tribunaux pour réprimer pareille dérive. L’un des plus ferrés au Québec en matière d’histoire du droit  parlementaire, Gaston Deschênes, vient de publier un ouvrage qui fait du bruit, L’AFFAIRE MICHAUD, CHRONIQUE D’UNE EXÉCUTION PARLEMENTAIRE. Tout y est passé au peigne fin avec impartialité, mesure, et une interprétation  des faits hors de pair. Jean-Marc Fournier,  plaideur de basses cours,  récemment bombardé ministre de la Justice  n’a manifestement pas lu cette  remarquable référence  à l’usage des élus du peuple. Il y aurait trouvé (page 212) le commentaire d’un des magistrats les plus respectés, non seulement au Québec, mais d’une frontière à  l’autre des trois océans qui bordent  le Canada. Le ministre de la justice (?) du Québec, n’a manifestement pas lu ce texte lumineux du juge Jean-Louis Baudoin, de la Cour d’Appel du Québec : « Je ne peux m’empêcher de penser que le Droit est ici devant un étrange paradoxe.  Pour préserver la démocratie parlementaire, et donc la libre circulation des idées, le Droit à l’époque des Chartes et de la prédominance des droits individuels permet qu’un individu soit condamné pour ses idées (bonnes ou mauvaises, politiquement correctes ou non, la chose importe peu), et ce, sans appel et qu’il soit ensuite exécuté sur la place publique sans, d’une part, avoir eu la chance de se défendre et, d’autre part, sans même que les raisons de sa condamnation aient préalablement été clairement exposées devant ses juges, les parlementaires. Summum jus summa injuria ( le droit strict est la suprême injustice) ,  auraient dit les juristes romains. »

Dix ans après la bavure parlementaire du 14 décembre 2000, je me retrouve toujours gros Jean comme devant, après mon exécution sommaire commandée par deux anciens ministres fédéraux, Lucien Bouchard et Jean Charest. Faudra-t-il attendre que je  devienne centenaire avant qu’un vrai  ministre de la Justice du Québec et une Assemblée nationale digne de respect estituent ma  réputation  écorchée par  un parlement  bouffon  le 14 décembre 2000?

5 décembre 2010

Nous avons besoin de vous

Contribuez à Impératif français en faisant un don ou en devenant membre !