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Le Québec perd ses institutions francophones

Radio-Canada : « Des animations et des lectures en anglais, ainsi que la présence d’écrivains anglophones québécois font partie des nouveautés du 41e Salon du livre de Montréal (SLM), qui se tiendra du 14 au 19 novembre à la Place Bonaventure. La nouvelle a été dévoilée mardi matin lors d’une conférence de presse. »

Mathieu Bock-Côté : « Voilà ! C’est ce qui nous manquait ! Que le Salon du livre participe activement à l’anglicisation de Montréal !!! Merci aux grands innovateurs qui ont eu cette brillante idée ! »

Et ce ne serait qu’un début, à moins que…!


Monsieur Olivier Gougeon
Directeur général
Salon du livre de Montréal
info@salondulivredemontreal.com

J’ai pris connaissance de votre réponse sur Facebook, à ceux qui ont exprimé leur désaccord à la présence accrue d’éditeurs et d’écrivains anglais au Salon du livre de Montréal, et j’en suis resté estomaqué.

Vous dites que le Salon du livre de Montréal  est et demeurera la plus importante foire du livre francophone en Amérique du Nord. Justement, si la principale mission du Salon du livre est de promouvoir et de valoriser le livre francophone, comme vous prenez soin de le préciser, pourquoi alors y avoir introduit un espace anglophone. Au même titre qu’il serait incongru d’inviter des chanteurs anglophones à un Festival de chanson francophone. Rien n’empêche la communauté anglophone d’avoir leur propre Salon du livre et les francophones seront libres d’y aller ou non.

Vous dites également dans votre réponse sur Facebook que Montréal est une ville francophone et multilingue. Faudrait savoir ! Parce que la Charte de Montréal prévoit qu’elle est une ville de langue française. Montréal est la ville francophone la plus peuplée de l’Amérique et sa métropole se situe dans les plus importantes au monde. Ne croyez-vous pas, vu son importance, que son rôle de figure de proue dans la promotion de la culture française à laquelle vous participez est primordial ?  Ce n’est pas parce que certaines communautés qui ont immigré au Québec parlent encore leur langue d’origine en famille ou dans certains cafés de la métropole qu’il faut décréter que Montréal est multilingue. Autrement, à peu près toutes les grandes villes du monde seraient multilingues.

Vous ajoutez que la présence de l’anglais au Salon du livre témoigne de l’ouverture à l’autre. Nous le sommes tellement que notre culture francophone peine à se maintenir. Faut-il vous rappeler que nous sommes au Québec qu’un îlot de francophones dans une mer d’anglophone en Amérique du Nord. À cause de cela et en raison de la force d’attraction de l’anglais, nous subissons l’impérialisme culturel des États-Unis dont les effets sont dévastateurs à l’endroit de notre culture francophone. Depuis des années, non seulement la vente des livres francophones est continuellement en baisse, mais les technologies de l’information et de la communication, comme l’internet, la nouvelle télé (comme Netflix) et les médias sociaux, à travers lesquelles l’anglais prédomine, occupe une place de plus en plus marquée dans la vie des gens. Or, c’est contre cette tendance hégémonique anglo-saxonne à laquelle le Salon du livre de Montréal doit résister et non de permettre que la production littéraire anglaise s’y introduise tel un Cheval de Troie.

Avec une pareille initiative, vous allez avec le temps faire du Salon du livre de Montréal une foire de plus en plus et à la fois française et anglaise et, qui dit bilingue dit, pour de multiples raisons, dont celles mentionnées précédemment, anglicisation (les études le démontrent). Nous voulons bien être ouvert à l’autre, mais pas au point comme francophone de voir s’effriter ses institutions culturelles et qu’un jour nous ne représentions à Montréal qu’une quantité négligeable.

Nous espérons que pour les prochains Salons du livre à Montréal vous demeurerez véritablement l’un des catalyseurs de la production littéraire francophone d’ici comme ailleurs.

François Leduc

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