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Québec est inquiet pour les Anglos hors de Montréal!!!

Jean-Marc Fournier

« Les chiffres parlent d’eux-mêmes.  S’inquiéter de la situation des Anglos au Québec est une aberration.  Il faudrait plutôt s’inquiéter de notre propre assimilation sur notre territoire. »

Devant le déni public répété des gouvernements fédéral et provincial qui, par son inaction, cautionnent le déclin chiffré et annoncé depuis des lustres de la langue et de la culture française en Amérique, je ne peux passer sous silence les échanges avec le bureau du ministre Jean-Marc Fournier.  Cette stagnation et ce déni politique sont annonciateurs d’un anéantissement culturel et linguistique, semblable à celui des peuples autochtones, rien de moins.

Objet: Québec est inquiet pour les Anglo-Québécois hors de Montréal
À: jean-marc.fournier-sala@assnat.qc.ca

Tout d’abord, je vous remercie d’avoir répondu à mon courriel ci-dessous.  Je réagissais au commentaire de M. Jean-Marc Fournier, ministre libéral, qui s’inquiétait du sort des Anglo-Québécois vivant à l’extérieur de Montréal.  Avec la multitude d’études des socio-linguistes, les recensements, des données mesurables et reproductibles,  je ne peux passer sous silence l’inaction de notre gouvernement.

Vous écrivez : À l’extérieur de Montréal, ces communautés font face à une réalité particulière. Leur éparpillement géographique, leur faible poids démographique et le vieillissement de la population mettent en péril leur vitalité. Elles sont souvent confrontées à l’isolement et à l’éloignement, rendant plus difficiles la préservation de leurs institutions, l’accès aux services éducatifs, sociaux et de santé ainsi que la transmission de leur langue et de leur culture.

Cette affirmation illustre parfaitement la situation des francophones hors Québec, pas celle, à mon humble avis, des Anglo-Québécois minorité des plus privilégiées à bien des égards.  La situation dépeinte s’applique surtout le plan géographique tant pour les anglophones que les francophones vivant en région. Et, ces données, pour les Anglo-Québécois, n’ont pratiquement pas d’impact sur la transmission de leur langue et de leur culture contrairement à ce qui se produit chez les francophones hors Québec.

Comparaison des acquis avec les francophones hors Québec

Les francophones hors Québec sont quant à eux véritablement menacés et, plusieurs d’entre eux sont déjà assimilés ou en voie de l’être.  Triste réalité pour tous les francophones qui se battent depuis plus de 400 ans.  À titre d’exemple, l’ACFO de Sarnia vient de fermer ses portes, faute de fonds des gouvernements.  On pourrait également ajouter le manque d’institutions post-secondaires françaises hors Québec. En 2017, les francophones hors Québec dont ceux de la Saskatchewan doivent se rendre régulièrement en cour pour faire valoir leurs droits (voir les liens ci-dessous).

Quand on compare les acquis des Anglo-Québécois en ce 150e anniversaire du Canada (collèges, universités, hôpitaux et médias anglophones au Québec) avec ceux des francophones hors Québec, on ne peut que s’indigner.

Les chiffres que vous mentionnez ci-dessus indiquent la proportion d’anglophones répartis sur le territoire québécois, mais ne reflètent pas s’ils sont assimilés ou en voie de l’être.  Sur quoi vous appuyez-vous pour sonner l’alarme dans les médias quand toutes les études des socio-linguistes, recensements et constats sur le terrain démontrent le contraire? Merci de m’envoyer les liens de vos études ou recensements qui indiquent un taux d’assimilation vers le français de la population anglophone dans les régions.

Réalité québécoise

Dans le Pontiac, pour y avoir été récemment et avoir lu les statistiques du recensement de 2011 (30% d’assimilation des francophones dans cette région), je peux vous assurer que l’anglais est nettement dominant dans cette partie de la province.  Je connais personnellement des Godin et des Laframboise, pour  ne nommer que ceux-là,  qui ne parlent plus un mot de français. Ils font partie du 30% de francophones assimilés et recensés en 2011. Et ce nombre devrait s’accroître.  Si vous connaissez des anglophones qui sont en voie d’assimilation ou assimilés sur les plans linguistique et culturel, ils font certainement partie d’une très rare minorité.

En Outaouais, la région s’anglicise de plus en plus.  Les Ontariens unilingues anglais, pour diverses raisons, viennent s’installer du côté du Québec. Les anglophones de souche de Wakefield, Chelsea, Aylmer, Low, pour ne nommer que ces endroits, souvent nés au Québec, n’ont ni perdu leur langue et leur culture ni  ne sont  en voie de les perdre.  Souvent, ils peinent à parler français et ne connaissent pas notre culture bien qu’ils soient nés au Québec.  C’est tout dire.

Services et transmission de langue

Nos compatriotes anglophones sont servis à Montréal, dans le Pontiac et en Outaouais dans leur langue la plupart du temps  (pharmacies, petits et grands commerces, hôpitaux, institutions gouvernementales et municipales). Tout comme les francophones vivant en région, ils ont un accès restreint à des services. Mais, en ce qui a trait à la transmission de la langue et de la culture, soyez sans crainte. Je connais même des Trudeau en Outaouais, parents du premier ministre canadien, qui ne parlent pas un mot de la langue de Molière.  Je doute fortement que ce soit des cas isolés. En 30 ans de vie en Outaouais/Pontiac, je n’ai jamais rencontré un Harper, McLelland ou Brown ayant perdu sa langue maternelle au profit du français.

Pour vous familiariser avec la situation des francophones hors Québec, peuple de plus en plus invisible comme les Autochtones et dont la langue devient de plus en plus seconde, je vous invite à lire les articles ci-dessous dont celui de Pierre Allard, ex-rédacteur du journal Le Droit. Également, celui d’Antoine Robitaille qui expose un triste bilan chiffré de la situation du français au Canada.  D’autres liens vous permettront de prendre en considération d’autres aspects.

Pendant ce temps, malgré les plaintes répétées au Commissaire des langues officielles, 67% des agents frontaliers sont unilingues anglais à l’aéroport d’Ottawa. Et,  certains d’entre eux vous répondent en anglais lorsque vous les saluez en français.

Pour ceux et celles qui veulent poursuivre leur réflexion citoyenne, quelques liens utiles :

Pour connaître la situation des francophones hors Québec : Pierre Allard, le blogue: Bravo Mme Kenny ! pierreyallard.blogspot.com/2015/03/bravo-mme-kenny.html

Triste déni d’Antoine Robitaille – Triste déni | Le Devoir

Celle de francophones de la Saskatchewan – Entrevue Roger Lepage/Michel Lacombe -Le 21e -Radio-Canada : ici.radio-canada.ca/emissions/le_21e/2016-2017/archives.asp?date=2017-04-25

Le déséquilibre systémique et récurrent entre universités …

Les Anglo-Québécois, une minorité ostracisée? | Le Devoir – www.ledevoir.com › Politique › Québec

Réponse de M. Jean-Marc Fournier, ministre Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, à lettre ci-dessous de Mme Fontaine :

Le 21/07/17 à 10:21, _Boîte_saic, ministre <ministre.saicministre@mce.gouv.qc.ca> a écrit :

Madame Denise Fontaine
fontainedenise@videotron.ca

Madame Fontaine,

Au nom du ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, monsieur Jean-Marc Fournier, nous accusons réception de votre correspondance du 13 juin 2017, dans laquelle vous faites part au ministre de certaines de vos préoccupations, notamment en lien avec l’attraction de la langue anglaise chez les francophones du Québec et du Canada.

Notre gouvernement est conscient qu’il faut toujours rester vigilant et porter une attention particulière à la langue française pour en assurer la pérennité et le développement au Québec, comme ailleurs au Canada. Notons à cet effet que grâce aux mesures prises par les gouvernements successifs, plus de 94 % des Québécois parlent le français aujourd’hui.

Ceci dit, la communauté anglophone du Québec se trouve dans une situation singulière : celle-ci appartient à la fois à un groupe minoritaire au Québec et à un groupe majoritaire au Canada et en Amérique du Nord. Au fil du temps, certains défis immédiats et réels se sont dessinés. Alors que 80 % de la communauté anglophone vit dans la région de Montréal, les 20 % restant se trouvent dispersés partout au Québec, soit 1,7 % dans l’Est-du-Québec; 5,9 % en Outaouais; 5,1 % en Estrie et dans le sud du Québec; 1,7 % dans la région de la Capitale-Nationale et ses environs et 5,1 % dans le reste du Québec.

À l’extérieur de Montréal, ces communautés font face à une réalité particulière. Leur éparpillement géographique, leur faible poids démographique et le vieillissement de la population mettent en péril leur vitalité. Elles sont souvent confrontées à l’isolement et à l’éloignement, rendant plus difficiles la préservation de leurs institutions, l’accès aux services éducatifs, sociaux et de santé ainsi que la transmission de leur langue et de leur culture.

La communauté d’expression anglaise a de profondes racines au Québec et elle en a influencé le développement. Elle contribue à l’édification du Québec moderne et à l’expression de son identité. Elle joue aussi un rôle important dans le développement économique et politique du Canada.

C’est dans cet esprit que, pour la première fois, nous avons proposé au gouvernement fédéral de développer une procédure de collaboration en ce qui concerne l’attribution de fonds dévolus à la communauté anglophone du Québec, notamment en vertu du Programme fédéral des langues officielles, afin que ceux-ci soient dépensés en fonction de leurs besoins. En outre, le 16 juin 2017, le premier ministre annonçait la création d’un secrétariat aux Affaires anglophones au Québec.

Si le Québec fait des représentations auprès des autres gouvernements du Canada afin que ceux-ci reconnaissent les avantages d’une communauté francophone vivante, celui-ci doit d’abord reconnaître l’apport de sa propre communauté minoritaire.

Nous vous prions d’agréer, Madame Fontaine, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Lettre de Mme Fontaine à Jean-Marc Fournier,  ministre des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne :

De : fontainedenise@videotron.ca [mailto:fontainedenise@videotron.ca] Envoyé : 13 juin 2017 07:03
À : _Boîte_saic, ministre
Cc : jean-marc.fournier-sala@assnat.qc.ca
Objet : Québec est inquiet pour les Anglophones hors de Montréal

Monsieur le ministre,

À la suite de l’article QUÉBEC EST INQUIET POUR LES ANGLOS HORS DE MONTRÉAL paru le 13 juin dans le JDM, permettez-moi de vous rassurer.  Selon le recensement de 2011, ce sont les francophones des régions  qui s’assimilent à la langue et à la culture anglaises.  L’expérience sur le terrain confirme ce point de non-retour.

Assimilation des francophones au Québec

L’anglais gagne du terrain en Outaouais.   Quant aux francophones du Pontiac, les chiffres indiquent qu’ils s’assimilent à la masse anglophone de leur région à un taux de 30%.

L’Outaouais

J’habite la région de l’Outaouais depuis une trentaine d’années et je constate les mêmes signes précurseurs d’assimilation qu’en milieu franco-ontarien où j’ai travaillé :

  1. Nos jeunes adolescents, entre autres, sont branchés sur Netflix, la musique anglophone et choisissent des sites anglais sur internet. Ils ne connaissent pas leur propre culture télévisuelle, radiophonique, théâtrale et littéraire.  Pour eux, la culture française est folklorique tout comme pour bien des francophones hors Québec.
  2. Les habitants de l’Outaouais se font servir en anglais  de plus en plus par les commerçants unilingues, anglophones ou allophones.  Ils  acceptent sans sourciller de se faire servir en anglais, car ils sont bilingues.  Des exemples sur le terrain de ce triste constat abondent malheureusement.  Deux exemples parmi tant d’autres :  1) un commerçant d’origine indienne a servi sa clientèle uniquement en anglais dans un Dollarama situé dans un quartier très francophone (secteur Gatineau, près des Promenades de l’Outaouais).  Il a fait des affaires pendant près de cinq ans.  2) Le livreur de pizza de mon quartier francophone ne parle pas un mot de français.  Lorsque je lui ai dit qu’il aurait intérêt à apprendre le français, il m’a répondu WHY? Ce sont des cas récurrents, qui seront de plus en plus fréquents dans les prochaines décennies;

Assimilation des anglophones au Québec, REALLY?

  1. Connaissez-vous vraiment des anglophones assimilés?  Moi, non…Quelques cas rarissimes au Saguenay, peut-être?  Même à Trois-Rivières, mon patelin d’origine,  les familles anglophones, d’une génération à l’autre, ont conservé leur langue maternelle.  Je pourrais vous citer des exemples dans ma propre famille élargie.

La minorité anglophone hors Québec, même de souche, s’intègre difficilement à la langue et à la culture québécoise (Wakefield et villages avoisinants pour ne nommer que ceux-là).  Plusieurs anglophones sont unilingues et ce, même s’ils sont nés au Québec. Ceux qui sont bilingues ne connaissent pas notre culture.  Deux mondes parallèles…

Pourquoi  donc apprendraient-ils le français, ils ont tous les services dans leur langue et sont desservis par tous les réseaux anglophones.  Au contraire, c’est leur langue qu’ils nous imposent.

Les anglophones de Montréal et en région n’ont ni le désir ni l’intérêt de s’intégrer à la culture francophone. Constat mesurable et observable depuis près de 400 ans.

Pendant ce temps, nous nous fondons à la masse anglophone à un rythme accéléré.

La réalité sur le terrain est tout autre.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes.  S’inquiéter de la situation des anglos au Québec est une aberration.  Il faudrait plutôt s’inquiéter de notre propre assimilation sur notre territoire. Quelques articles ci-dessous pour nourrir la réflexion citoyenne.

Denise Fontaine

Quelques liens :

Données linguistiques du recensement de 2011 – Pierre Allard, le blogue

“Le bilinguisme et l’assimilation en douce” – Paul Daoust (linguiste)

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