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« Bave révélatrice » du Premier Ministre Justin Trudeau
Pour ouvrir les esprits, faudra-t-il une commission de vérité et réconciliation concernant, cette fois, les Franco-Ontariens?

Monsieur Antoine Robitaille,

J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre chronique sur la « bave révélatrice », publiée le 22 décembre, et je vous en remercie.

http://www.ledevoir.com/politique/canada/487630/trudeau-et-ottawa-unilingue-bave-revelatrice

Auteur de LA question soumise au premier ministre par l’intermédiaire de Patrice Roy, je vous assure que notre résilience est souvent mise à rude épreuve. Nous attendons toujours la réparation historique complète. Pour ouvrir les esprits, faudra-t-il une commission de vérité et réconciliation concernant, cette fois, les Franco-Ontariens?

Au plaisir de continuer à vous lire.

Michel Ouimet

P.S.

Vous trouverez à la fin de ce texte à titre d’information :

  1. la question intégrale, portant sur le bilinguisme officiel de la capitale, que j’ai soumise à l’émission En direct avec le premier ministre, diffusée le 15 décembre.
  2. la réponse que j’ai remise au journaliste de Radio-Canada/Ottawa-Gatineau, Jérôme Bergeron, qui m’a appelé, vendredi matin 16 décembre, pour me demander de lui accorder une entrevue.
  3. la transcription des propos de Justin Trudeau et de Patrice Roy.

 

Lien utile
http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1006318/reactions-reponse-justin-trudeau-bilinguisme-ottawa-gatineau

Après quelques jours, la réponse du premier ministre m’inspire les réflexions suivantes.

Les attentes
Je m’attendais à une réponse plus diplomatique du premier ministre. Celui-ci aurait pu affirmer qu’il favorisait d’emblée le bilinguisme officiel de la capitale; qu’il espérait toujours que le conseil municipal agisse en conséquence. Il aurait pu ajouter qu’il n’excluait pas d’intervenir, mais que, pour le moment, il laissait encore aux premiers acteurs –  le conseil municipal et la province – le soin d’en décider. Il aurait suscité l’espoir.

Le conseil municipal seulement?!?
Au lieu de cela, il s’est défilé, lançant cavalièrement que la question relevait du conseil municipal et en renvoyant à l’intervieweur une question tout à fait hors contexte sur le bilinguisme de la ville de Gatineau. Depuis 1867, OTTAWA est le siège du gouvernement du Canada. Depuis bientôt 50 ans, le pays s’est donné deux langues officielles. Depuis 30 ans, l’Ontario a une loi sur les services en français. Le caractère linguistique de la CAPITALE du Canada relève-t-il uniquement du conseil municipal comme le soutient le premier ministre? Plusieurs en doutent!

Manque de préparation et de courage
Justin Trudeau n’était vraisemblablement pas préparé à recevoir une telle question. S’il l’était, c’est d’autant plus honteux! Son langage gestuel le trahissant, le PM, paraissant quelque peu décontenancé, a parlé avec ses tripes, émotivement, révélant ses véritables convictions par rapport à la capitale officiellement bilingue. Il a réagi comme certaines personnes que j’ai déjà entendues qui se contentent du statu quo, et pour qui l’amélioration du français n’est d’aucune utilité. Justin Trudeau aura manqué une belle occasion de montrer le courage auquel on s’attend de nos politiciens et de nos chefs d’État. Il aura déçu.

Ne pas ignorer l’histoire
M. Trudeau ne peut ignorer l’histoire du dossier qui remonte au tournant du siècle. Le conseil municipal de 2001 s’est déjà prononcé dans une forte majorité en faveur du bilinguisme officiel. Pas sûr que le paternel, qui a donné au pays la Loi sur les langues officielles et la Charte des droits et libertés, serait fier de la réponse de son fils. Pas sûr non plus que son grand ami feu Mauril Bélanger aurait apprécié sa réponse. Il sera intéressant de savoir qui appuie ses propos parmi les parlementaires et chez les candidats et candidates aspirant à la succession du regretté Mauril Bélanger dans Ottawa-Vanier.

Écoute restreinte
Justin Trudeau dit qu’il « préfère écouter les élus locaux par rapport à ça ». Qu’entend-t-il par élus locaux? Seuls le maire et les conseillers municipaux? Les élus provinciaux et fédéraux d’Ottawa? Et la population, elle, ne compte-t-elle pas? L’électorat qui l’a porté au pouvoir en espérant mieux du premier ministre, ça ne compte pas? Tous les gens, y compris des élus de tous les partis et de tous les ordres de gouvernement, les citoyens qui ont fait part de leurs préoccupations et opinions à cet égard depuis des années, ça ne compte pas pour le premier ministre? Et les nombreux organismes qui se sont prononcés en faveur du bilinguisme officiel de la capitale, ça ne compte pas non plus? Et les sondages d’opinions qui ont démontré un large consensus sur la question, et l’avis du commissaire aux langues officielles, bref, tout cela ne compte pas? Il y a de quoi se scandaliser des propos du premier ministre.

Le vrai Justin?
Une telle émission où l’on pose des questions en rafale, où l’interviewé doit répondre à brûle-pourpoint, nous a-t-elle dévoilé le vrai Justin? Il n’a sûrement pas grandi aux yeux de plusieurs. Et c’est très dommage. Enfin, en 2017, célébrerons-nous officiellement « the 150th anniversary of Confederation in the nation’s capital »?

Michel Ouimet
Ottawa

Question soumise au premier ministre Justin Trudeau
en entretien avec Patrice Roy (SRC),
le 15 décembre 2016

OTTAWA BILINGUE
À quand la capitale canadienne officiellement bilingue? Ottawa est officiellement unilingue anglaise. Qu’attend Justin Trudeau et son gouvernement pour intervenir dans le dossier?

Le caractère linguistique de la capitale ne relève pas uniquement du conseil municipal!

En vertu de l’article 16 de la Loi constitutionnelle de 1867 qui stipule que « Ottawa sera le siège du gouvernement du Canada », le gouvernement fédéral a toute la légitimité pour intervenir dans ce dossier devant le refus et les tergiversations du maire d’Ottawa et de son conseil municipal ainsi que du gouvernement de l’Ontario.

Le Québec, une province majoritairement francophone, le Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, et les francophones et francophiles de partout au pays n’ont toujours pas de capitale nationale respectueuse de leur langue. Est-ce normal après bientôt 150 ans de confédération?

INFORMATION COMPLÉMENTAIRE
En  2001, le conseil municipal d’Ottawa, à la suite d’un vote majoritaire de 16 contre 6, demande à la province de l’Ontario d’inscrire dans une loi la politique de bilinguisme en vigueur à la ville. Le gouvernement, dirigé par le conservateur Mike Harris, refuse.

En 2005, le gouvernement libéral de Dalton McGuinty adopte le projet de loi 163 (Loi de 2005 modifiant la loi de 1999 sur la ville d’Ottawa). Cette loi prévoit simplement que la ville doit avoir une politique de bilinguisme, sans en établir les paramètres dans une loi. Pour la communauté francophone, cette loi est considérée comme une coquille vide du fait qu’elle laisse au conseil municipal d’Ottawa le soin de fixer, comme bon lui semble, la portée et l’importance de la politique de bilinguisme. Inscrite dans une loi provinciale, la politique serait d’autant plus solide et contraignante.

Depuis, nombre d’interventions de toutes parts se butent au refus du maire Jim Watson.

Le gouvernement de l’Ontario se montre disposé à l’égard de la reconnaissance officielle du bilinguisme à Ottawa, mais s’en remet aux élus municipaux. Il s’en lave les mains.

Dès lors, le dossier est figé. De là la pertinence de l’intervention du gouvernement fédéral. C’est le temps d’agir! Le premier ministre Justin Trudeau, lui-même Franco-Ontarien, saura-t-il écouter la population et faire ce qui s’impose?

Michel Ouimet
Ottawa

Réponse de Michel Ouimet aux propos de Justin Trudeau,
en entretien avec Patrice Roy (SRC), le 15 décembre 2016,
concernant la question du bilinguisme officiel de la capitale

C’est une réponse plutôt cavalière de sa part. C’est désolant, mais franchement, pas surprenant.

Il s’est défilé, il a manqué de courage. De répondre que Gatineau devrait, elle aussi, être bilingue, c’est fausser la question et ne pas connaître le dossier.

Si M. Trudeau s’en remet au conseil municipal, prenons-le au mot. Ce qu’il ne comprend pas, de toute évidence, c’est que le débat a déjà eu lieu… il y a 15 ans, en 2001. Le conseil municipal d’Ottawa, à la suite d’un vote majoritaire de 16 contre 6, demande à la province de l’Ontario d’inscrire dans une loi la politique de bilinguisme en vigueur à la ville. Le gouvernement, dirigé par le conservateur Mike Harris, refuse. Le conseil municipal s’est déjà prononcé, mais la province n’a toujours pas répondu aux attentes.

L’article 16 de la Loi constitutionnelle de 1867 stipule que « Ottawa sera le siège du gouvernement du Canada ». Ottawa, pas Gatineau, pas Hull, OTTAWA!

M. Trudeau aurait intérêt à lire le témoignage des avocats Cousineau et Annis devant le Comité sénatorial permanent des Affaires juridiques et constitutionnelles, en septembre 2005.

Le gouvernement fédéral a toute la légitimité pour intervenir dans ce dossier devant le refus et les tergiversations du maire d’Ottawa et de son conseil municipal ainsi que du gouvernement de l’Ontario.

Est-ce normal  qu’après bientôt 150 ans de confédération, le Québec, une province majoritairement francophone, le Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, et les francophones et francophiles de partout au pays n’ont toujours pas de capitale nationale respectueuse de leur langue?

En 2005, le gouvernement libéral de Dalton McGuinty adopte le projet de loi 163 (Loi de 2005 modifiant la loi de 1999 sur la ville d’Ottawa). Cette loi prévoit simplement que la ville doit avoir une politique de bilinguisme, sans en établir les paramètres dans une loi. Pour la communauté francophone, cette loi est considérée comme une coquille vide du fait qu’elle laisse au conseil municipal d’Ottawa le soin de fixer, comme bon lui semble, la portée et l’importance de la politique de bilinguisme. On y a même dérogé lors de la nomination du dernier directeur municipal!  Inscrite dans une loi provinciale, la politique serait d’autant plus solide et contraignante.

Depuis, nombre d’interventions de toutes parts se butent au refus du maire Jim Watson.

Le gouvernement de l’Ontario se montre disposé à l’égard de la reconnaissance officielle du bilinguisme à Ottawa, mais s’en remet aux élus municipaux. Il s’en lave les mains.

Dès lors, le dossier est figé. De là la pertinence de l’intervention du gouvernement fédéral. C’est le temps d’agir! Le premier ministre Justin Trudeau, lui-même Franco-Ontarien, saura-t-il écouter la population et faire ce qui s’impose?

Michel Ouimet
Ottawa

Transcription de l’échange sur le bilinguisme officiel de la capitale
entre Justin Trudeau (JT) et le journaliste Patrice Roy (PR)
à l’émission spéciale de Radio-Canada
En direct avec le premier ministre
le jeudi 15 décembre 2016

PR –  À quand la capitale canadienne officiellement bilingue? Ottawa est officiellement unilingue anglaise. Qu’attend Justin Trudeau et son gouvernement pour intervenir dans le dossier?

JT – C’est un dossier municipal. On est en train de…

PR –  Mais ce serait bien comme symbole…

JT – Est-ce que la Ville de Gatineau serait ouverte à devenir une ville bilingue, elle?

PR – Mais Gatineau, ce n’est pas la capitale, aux dernières nouvelles.

JT – On parle de la région capitale nationale, et c’est toujours cette équivalence-là.

Moi, je préfère écouter les élus locaux par rapport à ça.

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