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Ceci se passe au Québec!

Pape François“I don’t even consider them as Catholics” – Mgr William Joseph Smith parlant des enfants francophones

« Pauvre Église de Dieu » – Le cardinal Paul-Émile Léger parlant des catholiques francophones du Pontiac le 18 février 1955.

Cette histoire est unique. Nulle part ailleurs au Québec un groupe de francophones n’a subi d’injustices aussi graves que celles subies ici. Le 29 avril 1952, un prêtre adressait ces mots à Mgr Alexandre Vachon, archevêque d’Ottawa :

« Quelle ne serait pas la stupeur et la fureur des Canadiens Français (sic) de tout le pays, (sic) s’ils venaient à savoir ces choses. »

Nous révélons aujourd’hui « ces choses », non pour rester dans le passé, mais pour aider à comprendre le présent et à construire l’avenir. Parce que « ces choses » ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.

En 1916, Mgr Patrick Thomas Ryan fait appliquer au Québec le programme d’enseignement de l’Ontario régi par le Règlement 17 dont le but était de faire disparaître la langue française. Il vise l’assimilation totale.

Mgr Charles Leo Nelligan lui succède de 1937 à 1944. Selon le curé E. Marleau, « il n’est guère prudent[,] sous son épiscopat, de prendre parti pour les francophones ».

Puis vient Mgr William Joseph Smith, en fonction de 1945 à 1971 (vingt-six ans de règne), qui dit à propos d’enfants francophones : “I don’t even consider them as Catholics” et concernant la nomination d’un curé, “I don’t know yet, but there’ll be no damned Frenchmen there”. Quatre prêtres indignés signent une lettre destinée à Mgr Giovanni Panico, délégué apostolique, affirmant qu’il « existe à Pembroke depuis plusieurs années un plan concerté d’anglicisation des nôtres ».

Des dizaines de protestations auprès des gouvernements et du clergé du Québec ne donnent aucun résultat. Tous ceux en autorité ont préféré fermer les yeux plutôt que de provoquer la colère des anglo-catholiques. De plus, jusqu’en 1970, les députés québécois étaient tous anglophones comme stipulé par la Constitution de 1867. Ces derniers n’avaient aucun intérêt à prendre la défense des francophones.

Enfin, grâce à la ténacité de deux députés de Hull, Aimé Guertin et Oswald Parent, le pape Jean XXIII fonde, le 27 avril 1963, le diocèse de Hull exprès pour soigner « l’homme malade » qu’est le segment québécois du diocèse de Pembroke. Mais, pour ne pas froisser Mgr Smith, il est décidé qu’on attendrait son départ pour récupérer les paroisses de Quyon à Rapides-des-Joachims.

Lorsque Mgr Smith remet enfin sa démission en 1971, son successeur, Mgr Joseph Raymond Windle, sommé de « régler le cas du Pontiac », organise une consultation auprès d’un certain nombre de catholiques et décide de conserver son territoire tel quel.

Quelle est la nature de cette consultation? Pourquoi les successeurs de Mgr Windle (Brendan O’Brian, Richard Smith et Michael Mulhall) ont-ils choisi de nous maintenir dans leur giron? Le diocèse nous a refusé l’accès à ses réponses et aux faits et gestes des Mgrs O’Brien et Smith. Pour ce qui est de Mgr Mulhall, étant chef de son diocèse, il doit assumer la responsabilité de l’incident de Quyon en septembre 2014 dont je parlerai plus loin.*

Pour sa part, Mgr Paul-André Durocher du diocèse de Gatineau, admet que « dans le passé[,] les évêques anglophones de l’Ontario n’étaient pas favorables à la survie de la francophonie dans leur diocèse » et selon lui, « les évêques à partir de Mgr Wendle (sic) ont fait de grands efforts pour que les francophones du diocèse soient bien intégrés, dans le respect de leur langue et de leur culture ».

À Mgr Durocher, nous posons deux questions :

1) Pourquoi alors Mgr Windle a-t-il fait en sorte, malgré un ordre clair, que nous restions sous son autorité? De toute évidence, s’il tenait tant à améliorer notre sort, il aurait dû nous confier à des prélats et à un clergé partageant notre langue et notre culture. Avait-il des choses à cacher?

*2) Et comment se fait-il qu’encore en septembre 2014, une classe de premiers communiants francophones de l’école Sainte-Marie de Quyon ait été obligée de suivre son cours de préparation en anglais? Le curé Michael Costello, bilingue, explique que la catéchète francophone était malade et qu’il n’y avait personne pour la remplacer. Nulle part et en aucun temps, au Québec, peut-on trouver un seul cas comme celui de Quyon où on aurait obligé de petits anglophones à suivre un enseignement religieux en français.

En toute objectivité, on doit reconnaître que notre tissu social est fragilisé, et cela, non seulement pour les francophones qui ont été brimés et bloqués faute d’instruction dans leur développement social et économique, mais aussi pour les anglophones qui ont choisi de partager notre langue et notre mentalité. Nous sommes encore aujourd’hui la MRC la plus pauvre du Québec.

Les causes sont évidentes :

a) Les méfaits du diocèse de Pembroke sur les plans scolaire et religieux, mais aussi deux autres facteurs qu’on ne peut ignorer :

b) L’intransigeance d’anglophones fanatiques principalement membres du Loyal Order of Orange qui refusent encore aujourd’hui d’accepter qu’on résiste à l’assimilation.

c) L’indifférence et la négligence de la plupart des gouvernements québécois successifs.

Voilà notre histoire résumée très brièvement, mais suffisamment pour nous convaincre que nous avons le droit et même le devoir de réclamer justice au nom des combats que nos pères ont menés pour nous et de l’héritage que nos enfants attendent de nous.

Songeons aux autochtones qui, après avoir tant subi, se relèvent et réclament à leur tour l’héritage qu’on a voulu leur enlever. Notre héritage est tout aussi précieux.

Pour l’instant, nous exigeons que Mgr Mulhall nous offre des excuses au nom de ses prédécesseurs, qu’il nous rende les propriétés des dix-neuf paroisses qu’il gère présentement et qu’il éponge les dettes contractées par lui en notre nom.

Aucun prétexte, pauvreté du diocèse, pénurie de prêtres ou refus de se joindre à une Église québécoise, comme c’est le cas du révérend Réal Ouellette, ne justifierait qu’on nous maintienne sous l’autorité ambiguë du diocèse de Pembroke.

Philippe CouillardPuisque le gouvernement du Québec est jugé responsable par sa négligence et son indifférence de l’état fragilisé des francophones d’ici, nous lui demandons aussi des excuses et des compensations financières. Notre premier ministre et notre député ont été contactés à cet égard le 29 février dernier.

Ce qui précède est fondé principalement sur le livre intitulé Les Sacrifiés de la bonne entente : histoire des francophones du Pontiac de Luc Bouvier dont les données proviennent d’archives publiques. M. Bouvier termine son livre ainsi :

« Au cours de cette recherche, j’ai eu droit à bien des remarques ironiques sur l’existence des francophones du Pontiac, sur leur à plat-ventrisme (sic), sur leur rejet du Québec. J’aimerais pour ma part exprimer toute l’admiration que j’ai pour ces francophones, qui, depuis plus d’un siècle, défendent pas à pas leur identité, malgré un résultat plus que mitigé. Je souhaite que cette histoire leur donne le courage de poursuivre cette longue et difficile marche vers la pleine reconnaissance de leurs droits. J’espère qu’en connaissant mieux le mépris dont ils ont été les victimes, ils échappent au mépris d’eux mêmes (sic). Quant aux Québécoises et aux Québécois des autres régions, qu’ils ne se dissocient pas de cette histoire. Nous sommes toutes et tous Pontissoises et Pontissois. Tous et chacun (sic), nous avons régulièrement gardé le silence pour sauvegarder la bonne entente. Plutôt que de réclamer un document en français, un préposé qui s’adresse à nous en français, le droit de travailler en français, nous nous sommes tus. Pourtant, la pression quotidienne n’aura jamais approché celle à laquelle les francophones du Pontiac ont eu, et ont toujours et chaque jour, à affronter. »

Lise Séguin, Mansfield-et-Pontefract

Une correspondance exposant ce qui précède a déjà été établie depuis mai 2015 avec Mgr Paul-André Durocher, Mgr Luigi Bonazzi, nonce apostolique au Canada, Mgr Gérald Cyprien Lacroix, Mgr Michael Mulhall, le révérend Réal Ouellette, vicaire épiscopal pour la partie québécoise du diocèse de Pembroke, ainsi que Mgr Patrick Powers, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Canada.

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