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COMMISSAIRE AUX LANGUES OFFICIELLES

Monsieur Graham Fraser
Commissaire aux langues officielles
Ottawa, Canada
comm@ocol-clo.gc.ca

Monsieur,

J’apprends dans le journal Le Devoir du 14 juillet que votre commissariat distribue généreusement des millions de dollars aux anglophones du Québec. Vous les subventionnez pour qu’ils réclament et obtiennent des services dans leur langue. Selon vous, il s’agit d’un besoin, et la langue française ne serait aucunement menacée par vos subventions. En tant que contribuable, j’aimerais donc que vous répondiez aux questions suivantes.

  1. Une montagne de données indique clairement que l’usage de la langue française a beaucoup régressé au Canada depuis 1867 et que cette tendance se maintient aujourd’hui dans toutes les provinces. Existe-t-il, à l’inverse, des données montrant que la langue anglaise est menacée au Canada?
  2. La langue anglaise doit-elle absolument être parlée presque partout au Québec, dès qu’un anglophone veut qu’on s’adresse à lui dans sa langue? Le cas échéant, pourquoi la langue française n’est-elle pas parlée partout au Canada?
  3. S’il y avait diminution de l’usage de l’anglais au Québec, ce qui est loin d’être le cas, en quoi cette diminution constituerait-elle une menace pour la langue et la culture anglaises au Canada? N’y aurait-il pas encore neuf autres provinces canadiennes dont la quasi-totalité des habitants sait parler anglais? En quoi la «dualité linguistique» serait-elle menacée au Canada dans le cas hypothétique où l’anglais serait moins parlé au Québec?
  4. Contrairement à ce que vous affirmez en vous appuyant sur des statistiques officielles peu fiables, beaucoup d’anglophones et d’immigrés du Québec ne parlent pas français et vivent en marge de la société québécoise. Pour s’en apercevoir, il s’agit de cesser de relire constamment les mêmes statistiques et de circuler quelques minutes dans les rues de Montréal, de Gatineau et de certaines autres municipalités du Québec. Tous les jours, je rencontre près de chez moi des anglophones qui ne parlent pas français. Or, si l’on augmente la quantité déjà énorme de services offerts en anglais au Québec, comme vous souhaitez le faire avec vos subventions, ne croyez-vous pas qu’on risque d’encourager un nombre encore plus grand d’anglophones et d’immigrés du Québec à ne pas apprendre le français et à ne pas s’intégrer à la société québécoise? S’ils peuvent tout faire en anglais, pourquoi apprendraient-ils le français?
  5. Au cours des dix dernières années, avez-vous rencontré, au Canada, un adulte de langue maternelle française qui a l’âge de travailler, qui habite depuis plus d’un an dans une autre province que le Québec et qui ne sait pas parler anglais? Une telle personne existe-t-elle, par exemple en Ontario, à part dans les statistiques officielles de Statistique Canada? Votre personnel est-il allé le vérifier sur le terrain?
  6. Vous justifiez vos subventions en disant notamment qu’il faut offrir davantage de services de santé en anglais à l’extérieur de Montréal. Quelle disposition de la Constitution du Canada ou de la Loi sur les langues officielles oblige le Québec à offrir des services de santé en anglais ou des programmes d’études collégiales ou universitaires en anglais?
  7. Les milliards de dollars investis par l’État fédéral depuis 1970 pour soutenir les minorités canadiennes-françaises hors du Québec ont-ils donné des résultats utiles? Le français a-t-il cessé de régresser au Canada? Dans la négative, comment expliquez-vous qu’on n’ait pas su inverser la tendance malgré ces dépenses colossales?
  8. Beaucoup de gens affirment que vos subventions et d’autres subventions et politiques du gouvernement fédéral, notamment en ce qui a trait à la langue de travail dans les entreprises de compétence fédérale, ont pour effet de favoriser l’usage de l’anglais et de réduire l’usage du français au Québec. Comment pouvez-vous justifier la politique actuelle sur les langues officielles, qui consiste à engloutir des milliards de dollars pour soutenir le français au Canada anglais tout en dépensant d’autres sommes d’argent pour faire exactement le contraire, soit miner le français au Québec? Pourquoi financer d’une main ce que vous détruisez de l’autre?
  9. Votre politique de soutien au français dans les provinces anglaises ne serait-elle pas plus efficace si vous favorisiez également le français au Québec, puisque c’est le français qui est menacé au Canada, et non l’anglais? Les contribuables ne seraient-ils pas mieux servis?
  10. Pourquoi dépenser de l’argent pour soutenir l’anglais au Québec alors que cette langue n’est aucunement menacée au Canada, comme le démontrent les statistiques officielles et les observations que n’importe qui peut faire dans toutes les villes canadiennes? Pourquoi persister à considérer les anglophones du Québec comme une minorité alors qu’en réalité, ils sont une excroissance au Québec de l’écrasante majorité anglophone du Canada?
  11. Devant les reculs incessants du français favorisés par les politiques fédérales, depuis 1867, reculs qui se poursuivent, voire s’accélèrent aujourd’hui, les Québécois ont-ils un autre choix que la sécession et la création de leur propre État indépendant s’ils veulent mettre fin à la menace que constituent, pour leur langue nationale, les politiques fédérales appliquées chez eux?

Bernard Desgagné
Gatineau, Québec  

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