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NOMBREUX À ÉPOUSER L’ANGLOLAIDEUR

Je suis bien d’accord pour une vive dénonciation de l’hégémonie anglaide, mais à mon avis ce n’est pas là la question principale. Il est temps d’avouer que les Québécois sont nombreux à épouser l’anglaideur qu’ils associent à l’extérieur, à l’avenir et surtout au Saint Fric. De plus en plus la langue française au Québec devient un élément folklorique pour usage strictement privé, dans des communications intimes entre francophones seulement, tandis que sur la scène publique il cède sa place à l’anglais sans qu’on ne se pose trop de questions. Même lors d’un événement du Mouvement Montréal français certaines personnes m’ont adressé la parole en anglais bien que je ne parlasse qu’en français, sans doute parce qu’ils ont constaté de par mon accent que je n’étais pas d’expression maternelle française.

J’accuse les francophones dans leur ensemble de lâcheté, de je-m’en-foutisme et de larbinisme face à la vague d’anglolâtrie. À titre d’exemple (je pourrais en citer d’autres en quantité), dans mes cinq ans et demi au Québec j’ai très souvent porté plainte à l’endroit de l’anglicisation : produits disponibles en version anglaise seulement, accueil ou affichage dans le seul anglais, &c. Souvent un tiers est intervenu pour défendre l’anglicisation sans que personne n’intervînt jamais pour m’appuyer. Jamais « Monsieur a raison, moi aussi je souhaite qu’on me serve en français », mais bien souvent « Écoute, ça se vend comme ça depuis mon enfance ».

C’est pour cette raison que j’ai abandonné mes efforts pour la défense et la promotion du fait français : ça n’a pas l’aval de la base, du moins à Montréal (région qui constitue la moitié du Québec et, avouons-le, la moitié la plus influente). Aux années 70 oui, la principale menace au fait français était l’hégémonie anglaide ; aujourd’hui, par contre, ce sont les francophones eux-mêmes – pas tous, loin de là! mais de très nombreux francophones – qui portent l’étendard anglomane.

Là c’est une question de taille, car il est pire qu’inutile de pointer du doigt un ennemi externe si l’ennemi c’est nous-mêmes. J’aimerais bien discuter de cette question, mais peu de personnes y ont montré d’intérêt. J’ai bien l’impression d’avoir la voix qui crie dans le désert. L’écoutera-t-on?

Scott Horne

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