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AMBASSADE DU MEXIQUE

À : egoicoechea@embamexcan.com; info@embamexcan.com

Ville de Mexico, le 24 janvier 2009

Son Excellence M. Emilio GOICOECHEA LUNA
Ambassadeur du Mexique au Canada

Ambassade du Mexique au Canada
Ottawa, Ontario, Canada K1P 1A4
Courriel: egoicoechea@embamexcan.com, info@embamexcan.com

CC: Son Excellence la très Honorable Michaëlle JEAN
Gouverneur Général du Canada
Rideau Hall
1, promenade Sussex
Ottawa, ON K1A 0A1
info@gg.ca

CC: M. Yvon VALLIÈRES
Président de l’Assemblée Nationale du Québec
Premier Vice-président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie
yvallieres-ricm@assnat.qc.ca

Très distingué et honorable Monsieur l’Ambassadeur,

Avant tout, nous ne souhaiterions commencer notre missive sans prier Votre Excellence d’agréer l’expression de nos salutations les plus respectueuses et attentionnées.

Nous avons l’honneur de nous adresser à Votre Excellence afin de faire de sa connaissance que, en vertu de la récente création d’une importante galerie de collections historiques située au sein du Musée des Beaux-arts de Montréal, nous avons eu l’occasion et le grand privilège de nous rendre au Canada pour des raisons qui tenaient autant à des aspects professionnels que personnels, afin de participer aux cérémonies solennelles qui se sont tenues dans ce cadre commémoratif lors des journées du 23 et 24 octobre 2008..

Splendidement reçus par de très hautes notabilités appartenant aux cadres politique, religieux et culturel locaux, ainsi que par les citoyens du Québec en général, peuple généreux et ami qui nous a comblés d’attentions en nous prodiguant les obligeances les plus fines et délicates, nous avons eu toutefois le vif chagrin d’être informés d’une situation bien singulière et regrettable, d’autant plus qu’elle nous a été dénoncée par plusieurs des éminentes personnalités évoquées ci-dessus. Par surcroît, les plaintes qui nous ont été formulées avaient un caractère auquel nous sommes particulièrement sensibles, bien entendu, de par notre qualité de directeur d’organismes culturels dont la vocation n’est rien moins que la défense et la diffusion de la francophonie dans les pays américains, et plus spécifiquement le maintien et la perpétuation des liens de respect et de fraternité qui lient les pays francophones et le notre très en particulier, le Mexique.

En effet, notre attention a été attirée sur le fait, pour le moins surprenant, que le site Internet de notre Ambassade au Canada exclue la langue française de la présentation de son contenu thématique, une base gouvernementale d’information pourtant adressée non seulement aux populations anglophones du Canada, mais également à une très vaste et importante communauté de francophones qui, par ces pratiques vexantes et injustifiables, se voient imposer sans explication autre que l’insouciance –car nous n’y voulons voir du mépris–, l’emploi d’une langue qui n’est pas la leur, constituant de ce fait un ensemble de millions de citoyens canadiens (presque ¼ de la population autochtone de ce pays) traités tels des étrangers dans leur propre pays.
Il va sans dire que le fait que cette condition déshonorante leur soit enjointe par un pays comme le notre, souffrant lui-même gravement des assauts agressifs d’une langue anglaise envahissante et hégémoniste, n’est rien moins qu’un absurde et humiliant camouflet infligé à un peuple frère, ainsi qu’une déplorable souillure pour nous, Mexicains, qui nous devons de leur réciproquer le même respect et la même solidarité qu’ils manifestent à notre encontre, surtout en ce qui touche à un sujet aussi grave que celui de l’observation de la protection de la langue (remarquons au passage que tous les sites de représentation officielle canadienne dans notre pays exhibent, naturellement, une page Internet en castillan, notre langue nationale; or, le français est une langue officielle du Canada).

Assurément, si l’essence de la doctrine démocratique se veut fondée sur le respect du vœu de la majorité dans une société, elle se doit aussi, et même surtout, dans le contexte qui est le nôtre, d’être garante de justice et de protection pour la voix de ses minorités; or, toute justice puise ses racines dans le respect des libertés fondamentales que sont les droits de pensée et d’expression, c’est-à-dire avant tout le droit d’exercer sa langue, vecteur essentiel et constitutif desdites libertés.
Dédaigner ce principe, c’est-à-dire exclure de fait et sciemment une communauté en la privant arbitrairement de ce qui lui revient de droit et par nature, n’équivaut à rien de moins qu’à entamer résolument la pente qui mène au refus de l’altérité, à la négation de la diversité, au rejet des spécificités et des qualités individuelles et intrinsèques propres à un groupe humain et constitutives de sa culture et de son identité; en deux mots, à l’imposition d’un absolutisme à la fois idéologique et sociopolitique que nous ne saurions souhaiter, et encore moins encourager.

Aussi, convaincus que telle ne pourrait être la volonté des autorités mexicaines au Canada, sachant pertinemment qu’elle n’est certainement pas celle des Mexicains conscients de ces importants enjeux, et puisque le combat pour la langue est un combat pour la sauvegarde de notre intégrité et de notre dignité en tant que peuples latins à l’identité menacée, nous avons l’honneur de solliciter respectueusement à votre Excellence, et ce de la manière la plus prévenante et empressée, qu’une honorable et due réparation à cet affront soit diligemment opérée en intégrant tout simplement une traduction en langue française du contenu présenté sur le site Internet de nos instances et services diplomatiques au Canada.
Il est inutile de souligner que cette démarche indispensable de courtoisie élémentaire ne pourrait être ni plus justifiée ni plus méritée, et nous surenchérirons volontiers en affirmant à Votre Excellence qu’en condescendant à faire adopter ces mesures si appropriées, qui par ailleurs demandent un si faible effort, Son lustre personnel ne s’en verra que davantage affermi, renforcé, Son image publique fortement rehaussée, tout comme celle de notre pays, auprès non seulement du peuple québécois mais encore de toutes les nations qui conforment l’univers de la Francophonie Internationale.

Dans cette heureuse perspective, nous tenons très à cœur à assurer Votre Excellence que nous sommes à Son entière disposition au cas où notre assistance pourrait s’avérer nécessaire afin de résoudre au plus vite cette situation fâcheuse et blessante à plus d’un titre pour nos cousins de langue, avec lesquels nous entretenons de nombreux liens de parenté historique, des racines culturelles et religieuses en partage qu’il est de notre devoir et de cultiver et de perpétuer avec soin et détermination.

Entretemps, en espérant avoir le grand honneur de constater une prompte réaction allant aimablement dans le sens des exhortations énoncées ci-dessus, nous remercions dès maintenant très vivement Votre Excellence de l’attention qu’Elle daigne accorder à notre communication, et Lui transmettons nos vœux les plus déférents de santé et de bonheur pour l’année qui commence.

Très respectueusement, le dévoué serviteur de Votre Excellence,

Pr. Eduardo Garzón-Sobrado.
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Président-fondateur, directeur général
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