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TAÏKONAUTE

Monsieur Perreault,

Nous avons pris connaissance de votre courriel du 1er octobre 2008 concernant l’emploi du terme taïkonaute en français et vous faisons parvenir nos commentaires à ce sujet.

Afin de fournir quelques précisions sur l’usage du terme mentionné, nous avons effectué une recherche intégrant également les termes cosmonaute, astronaute et spationaute. Un portrait global de ce paysage… spatial nous permettra de mieux comprendre les tenants et les aboutissants du cas soulevé. Voici quelques définitions.

Les termes astronaute et cosmonaute peuvent tous deux désigner, dans la langue courante, le concept, très générique, que nous connaissons tous et qui est consigné dans les dictionnaires usuels, de « personne qui effectue des missions scientifiques dans l’espace à bord d’un vaisseau spatial ». Toutefois, ces termes revêtent aussi chacun une signification plus spécifique, attestée en langue courante et dans les langues spécialisées des sciences et des techniques spatiales.

Astronaute : « Personne qui effectue des missions scientifiques dans l’espace dans le contexte d’un programme spatial américain ».

Cosmonaute : « Personne qui effectue des missions scientifiques dans l’espace dans le contexte d’un programme spatial soviétique (autrefois) ou russe ».

Spationaute, quant à lui, est particulier. Compte tenu de la signification spécifique que revêtaient déjà les termes astronaute et cosmonaute, dans le vocabulaire spécialisé de la spatiologie notamment, les Français ont proposé, dans les années 1980 à l’époque du projet européen d’avion spatial Hermès, un terme qui puisse désigner tout type de voyageur de l’espace quels que soient son origine ou le pays responsable de la mission spatiale. Après l’abandon du projet à la fin des années 1990, le terme est resté dans la langue, et est encore consigné dans les documents terminologiques et les dictionnaires usuels, bien qu’il y soit parfois marqué rare ou didactique.

Ce qui nous amène à examiner le terme taïkonaute. À la différence d’astronaute et de cosmonaute, ce terme n’a pas de sens générique, il ne peut que désigner une personne qui effectue des missions scientifiques dans le contexte d’un programme spatial chinois. Et c’est là toute son utilité dans la langue : nommer précisément une réalité en particulier. Astronaute et cosmonaute peuvent, dans certains contextes, prêter à confusion puisqu’ils désignent tous deux plus d’un concept, qui sont en outre très proches. Ce n’est pas le cas de taïkonaute. D’autres langues que le français ont d’ailleurs créé des termes équivalents à taïkonaute : taikonaut (anglais), taikonauta (espagnol, portugais, italien, roumain, etc.), taikonauti (slovaque, tchèque), etc. Preuve supplémentaire que le terme a sa place dans le paysage linguistique actuel.

La création de néologismes est le signe d’une langue dynamique et vivante. La langue française a heureusement encore la capacité de pouvoir nommer les nouvelles réalités qui apparaissent tous les jours.

Mes salutations cordiales,

Lucie Auger
Directrice générale adjointe
Direction générale des services linguistiques
Office québécois de la langue française
Courriel : Lucie.Auger@oqlf.gouv.qc.ca

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