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SERVICES DE SANTÉ EN ANGLAIS AU QUÉBEC

Montréal, le 24 janvier 2008

Madame Christine Saint-Pierre
Ministre de la Culture et des Communications,
Gouvernement du Québec

Madame,

J’ai lu avec grand plaisir vos déclarations au sujet du droit primordial de tout patient d’être soigné en français dans les établissements de santé au Québec. J’ai par contre été sidéré de constater qu’il appartient, selon vous, aux patients de faire valoir ce droit et qu’aucun renforcement de la Loi 101 ne serait nécessaire pour en imposer la reconnaissance.

Ma mère a eu 98 ans en juillet. Quelques semaines plus tôt, elle avait été admise à l’urgence de l’hôpital St-Mary. Elle a, peu après, été transférée à l’unité transitoire de soins gériatriques du même hôpital dans l’attente d’un transfert dans un CHSLD. Elle y est restée six mois, jusqu’à son admission récente à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Au cours de ces six mois de visites très fréquentes, nous avons découvert avec stupeur, mes sœurs et moi, l’univers presque uniquement anglophone de cet hôpital.

L’écrasante majorité des membres du personnel qui étaient en contact permanent avec les personnes âgées résidentes de l’unité ne baragouinaient qu’un français incompréhensible et plusieurs étaient unilingues anglais. Un scandale, lorsqu’on sait que les personnes concernées sont des personnes très âgées, inquiètes, qui vivent les dernières années de leur vie et dont plusieurs ne connaissent pas un mot d’anglais. Est-ce à ces personnes de faire valoir leurs droits ? Évidemment non, me répondrez-vous. C’est bien entendu aux membres de la famille. Justement, à de multiples reprises, nous avons demandé que ce droit le plus élémentaire soit respecté, tant auprès du personnel lui-même et des responsables de l’unité que du Service des plaintes de l’hôpital. Les choses ont-elles changé? Je vous laisse le soin d’aller vous-même le vérifier.

Je ne veux nullement par cette intervention remettre en question le dévouement et la générosité d’un personnel forcé de travailler avec des moyens insuffisants, avec qui nous avons eu, au-delà de la frontière de la langue, des rapports chaleureux. Je trouve cependant inadmissible que la direction de l’hôpital, avec la complicité de votre gouvernement qui ferme les yeux, procède en toute impunité à l’embauche d’un personnel souvent unilingue anglais, en contravention flagrante de la loi et dans le mépris des personnes âgées. Inutile de dire que des mesures radicales s’imposent.

Dans l’espoir de voir le gouvernement agir, je vous prie de croire à l’expression de mes sentiments respectueux.

Louis Gill
Professeur retraité de l’UQAM.

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