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LES « CRÉATIFS » DE LA PUBLICITÉ

J’évoquais récemment, à propos de l’étrange mot "sandballez", les périls que faisaient courir à la grammaire et à la syntaxe les "créatifs" de la publicité et de la communication commerciale. Il en va bien entendu de même pour l’orthographe.

L’exemple ci-joint, parmi une foule d’autres, en est une parfaite illustration. Il s’agit du titre d’un magazine mensuel gratuit, réalisé par la régie publicitaire du quotidien Ouest-France, qui porte le nom de "Rennes DiverCité". Il est tiré à 83 000 exemplaires. Des fantaisies linguistiques de ce genre pullulent par les temps qui courent et bénéficient toujours de tirages massifs, à la hauteur des énormes moyens financiers dont disposent les appareils marchands.

Ce n’est certainement pas seulement par la déferlante obsession anglomaniaque que la prose commerciale ébranle un peu plus chaque jour les fondements de la langue française. On voit bien, ici, combien cette déformation de l’orthographe du mot "diversité", à des fins purement commerciales, est de nature à introduire la confusion dans les esprits, qui n’avaient vraiment pas besoin de cela, en particulier les plus jeunes d’entre eux (tout cela se faisant évidemment par dessus la tête des enseignants). Ce qui est (probablement encore) une faute d’orthographe pour les élèves des écoles est certainement considéré comme une brillante trouvaille dans le monde de la "pub" (pour laquelle lesdits élèves constituent toujours une cible privilégiée de consommateurs et de prescripteurs).

On voit parfois, affichée sur les vitrines des boutiques, la mention "Tout doit disparaître". Tel est bien, en somme, le leitmotiv de l’action commerciale. Tout ce qui n’est plus neuf, tout ce qui n’est plus "jeune", "moderne", ou n’est plus à la mode, doit bien vite disparaître, être liquidé et faire place à ce qui est nouveau, qui n’existait pas hier et qui, déjà, n’attend que d’être vendu à son tour. Entre l’envahissante prose commerciale, succession colorée et richement présentée d’images et de jeux de mots faciles pour publics non moins faciles (avec, toujours, une prédilection marquée pour celui des adolescents), conçue pour intriguer, pour amuser, pour plaire, pour créer un climat de sympathie propice à la vente, et les malheureux dictionnaires de la langue française, catalogues plus ou moins rébarbatifs et figés de règles complexes et anciennes, associés aux contraintes et rigueurs de l’école, la lutte risque fort de devenir de plus en plus inégale …

Jean-Pierre Busnel
jpabusnel@wanadoo.fr

(Le 2 juin 2007)

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