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TIMISOARA FÊTE LES POÈTES

Symposium de Timisoara du 14 mai 2005 organisé par l’association Constantin
BRANCUSI

Bonjour à toutes et à tous!

Je voudrais remercier votre équipe qui travaille depuis maintenant plusieurs
années pour la défense de la langue et de la culture française.

Je voudrais rendre hommage à monsieur Nicolae Stanciu qui nous a quitté et
pour qui j’avais une grande estime. Je regrette nos conversations en français,
mais je garde en mémoire son image d’homme sage et juste.

J’aimerais aussi m’excuser auprès de vous tous pour mon absence, mais je vous
promets d’être avec vous l’année prochaine et de fêter avec vous cette langue
française que nous aimons.

Francophonie, son présent

Beaucoup de gens pensent et à tort que le français ne sert plus à
grand-chose, qu’il régresse face à la langue anglaise au sein de l’Europe. C’est
une image fausse qu’il faut corriger.

Le français en Europe à sa place, en Belgique ou en Suisse, mais aussi en
Roumanie ou en Russie. Le français, par exemple en Amérique du Nord et plus
particulièrement au Canada, prend de plus en plus de place. La meilleure preuve
de mon affirmation est que depuis 2004, la ville d’Ottawa, qui est quand même la
capitale fédérale du Canada, est bilingue, anglais et français.

Certains magasins, voire de grandes librairies anglophones ont maintenant des
rayons francophones sur lesquels vous pouvez trouver les meilleurs livres
français du moment.

Vous pouvez aller dans ce grand Canada des frontières des USA jusqu’aux
territoire du Yukon au nord. Là aussi, vous trouverez toujours une petite
communauté francophone qui sera prête à accueillir avec joie un frère parlant
français.

Dans les treize provinces et territoires du grand Canada, il existe des
communautés francophones. Mais la francophonie n’est pas que le Canada, bien que
le Québec en soit aujourd’hui grâce à sa culture, sa foi en la langue française
et ses associations comme Impératif français, le moteur.

Les pays du Maghreb, le Maroc, la Tunisie, Algérie, par exemple, recommencent
à parler et à lire en français.

Mais la francophonie, c’est aussi l’Afrique noire avec le Sénégal, le
Cameroun, le Bénin et encore bien d’autres pays dans lesquels on trouve
d’excellents et vrais poètes francophones.

N’oublions pas non plus les francophones d’Asie pour leur culture raffinée :
le Vietnam, le Cambodge…

Le français n’est pas en perte de vitesse non pas plus en Roumanie
qu’ailleurs et vous en êtes la preuve vivante. Face aux nombreux investisseurs
anglophones et germanophones, les francophones ont du mal à trouver leur place,
mais c’est à vous Roumains de les accueillir et de leur ouvrir votre coeur et vos
portes.

C’est à vous enfants de Roumanie de dire votre attachement à la culture
francophone, c’est à vous de prouver que vous êtes toujours prêts à être
francophones.

La francophonie et la constitution européenne

La francophonie n’est pas qu’une langue, une culture, c’est aussi la
fraternité, une fraternité entre peuple, mais aussi continent. Fraternité qui
manque dans cette constitution que l’Europe veut nous faire adopter à grands
coups de tapage médiatique. Si elle était si bonne que cela, pour nous,
croyez-vous que nous aurions besoin de toute cette publicité contre le non? De
toute cette publicité pour le oui? Moi, personnellement, je ne crois pas! Je
dirais même que quand quelque chose est bon, l’homme le sait et d’instinct va
dans cette direction.

Cette constitution continuera ce travail de sape, cette destruction de la
fraternité, cette construction d’une société où l’on prêche le culte de
l’individualisme, de l’argent à amasser.

Constitution qui à demi-mot prêche le langage simplifié, l’anglais dans son
plus simple appareil. Cette société où l’on détruit les couches intermédiaires,
cette Europe qui lamine nos cadres à coups d’impôts onéreux pour qu’il n’y ait
plus que des gens riches ou pauvres.

Nous sommes en train de recopier les états-Unis avec leurs carences !

Quand je pense que l’on a la chance de pouvoir construire une autre société
basée sur la fraternité et le partage équitable des richesses et qu’au nom de la
loi des marchés, nous ne le faisons pas! Pendant plus de trente ans, ce genre de
système a fonctionné en France et en Allemagne, nous avions réussi à créer un
équilibre entre socialisme et capitalisme, les deux entités en ont tiré profit
pour le bonheur de tous petits et grands. Nos écoles, nos familles françaises
comme allemandes étaient un exemple de réussite. Nos systèmes sociaux arrivaient
eux aussi à être équilibrés. Puis, du jour au lendemain, on essaye de nous
imposer une autre façon de voir, de parler, de penser.

Nos revenus stagnent, le coup de la vie augmente de façon vertigineuse, les
impôts et les taxes indirects aussi. Nous baissons le niveau scolaire de nos
enfants, car nos dirigeants ont peur de la culture. Aujourd’hui, l’éducation et
la culture doivent rester le moteur de nos sociétés et non pas les lanternes
rouges au même titre que nos systèmes sociaux ou nos transports en commun ou
notre distribution d’énergie. Nous nous préparons une Europe calquée sur le
modèle américain qui n’est beau que vu de loin.

Car, quand est-il en réalité? Comme en Russie, une liberté de la presse sous
un semi-contrôle, des débordements à tous les niveaux : économique (plusieurs
affaires de corruption et de détournement d’argent…), policiers, militaires
(torture, extorsion de fonds…)

Mais les beaux états-Unis c’est aussi des écoles, des universités à deux
vitesses, un système de santé en pleine débâcle et je ne parle pas des retraites
gérées jusqu’aujourd’hui par des caisses de retraite. Toute source, si elle est
trop puisée, se tarit et les caisses de retraite comme tout autre système, ont
des limites.

Alors, dans cette Europe, dans quelques années, il y aura comme dans les
anciens pays de l’Est des retraités sans retraite et tout le monde trouve cela
normal, des retraités sans système de santé pour être soignés, des gens qui ont
fait par leurs bras, par leurs pensées intellectuelles, par leur coeur, la
grandeur d’un pays, la grandeur d’une Europe qui va les ignorer. Quels
remerciements auront-ils? Le droit d’être exploités et bafoués jusqu’à leur
dernier souffle?

Aujourd’hui, les dirigeants de tous les états, pour de nombreuses raisons,
demandent au peuple de faire des efforts, mais eux, dirigeants, en font ils?
Non, au contraire! On nous demande de sacrifier nos enfants, leur savoir, leur
culture, mais eux, le font-ils? Non, ils payent des professeurs privés pour
leurs enfants.

Tout bon dirigeant qui se respecte doit montrer le chemin à son peuple, il
doit être un exemple, une vérité, il doit être juste et droit. Est-ce le cas de
nos jours?

Conclusion

Ami, frère de plume, frère francophone, si un jour l’on vous demande à vous
aussi de voter oui pour une constitution européenne, n’oubliez pas le peuple de
France qui a osé dire non!

Ce peuple que l’on essaie aujourd’hui de manipuler pour que le oui gagne.
Pensez à nous, frères roumains et battez-vous avec vos voix, battez-vous pour
vous, pour vos enfants, battez-vous pour que l’Europe soit un espoir de vie
meilleur et non pas une continuité dans l’exploitation de l’homme part le
profit. Rendons à nos familles, à nos enfants leur place dans cette société! La
famille et la fraternité doivent être le moteur véritable de notre société.

Donnons à la Francophonie une place dans le coeur de nos enfants, dans le coeur
de nos familles, dans le coeur de cette Europe. Donnons aussi enfin à la
Francophonie ses lettres de noblesses.

Je vous offre trois de mes derniers poèmes, poèmes, je l’avoue, bien loin de
cette réalité, poèmes qui restent des rêves purs, « quelques grammes de douceur
dans un monde de brutes ».

Si vous avez des questions particulières, mesdames Emillia Rizeanu ou Mariana
Strungã vous donneront mon adresse de courriel. Je ne réponds qu’aux questions
formulées en français et je réponds en français.

Merci de votre écoute et à l’année prochaine où je pourrai répondre à vos
questions dans un débat véritable. Prenez soin de vous amis de la poésie et de
la langue française, prenez soin de vous et à bientôt !

Amicalement,

Philippe BRASSEUR
p_poete@hotmail.com

MUSE QUI USE

Regard perdu de marin loin en mer,
Il voit ce soir encore plus loin !
Plus loin que les phares de la Terre
Il voit son destin au moins !

Il regarde cherchant, sa muse,
Elle passant ombre fraîche,
Pinceaux et couleurs qui usent
Elle les pose sur la toile rêche.

Regard lointain il la voit ?
Elle est là veillant sur lui !
Mains qui dessinent sans émoi,
Elle est là au sourire qui luit !

Muse avec lui tu t’amuses,
Lui pauvre peintre te supplie
Alors avant que le temps ne l’use
Offre-lui la création de sa VIE !

Muse peint son destin sur sa toile
Offre-lui en son coeur ton sourire
Après il pourra mettre les voiles
Enfilant son linceul sans frémir….

Philippe BRASSEUR
Mars 2005

SOUS LE PONT

Regards lointains croisés au coeur d’une figue farcie,
La dame rouge prend le sourire de l’enfant jovial,
Elle lui rend en vrai simplement comme une balle,
L’enfant s’envole loin et cette joie en elle fleuri!

Elle lui dit en silence sa vie, ses pleurs, ses joies,
Elle devient en lui muse au lait nu de sagesse,
Lui montrant dans sa main ses étoiles de paresse.
Ses yeux deviennent le miroir sans teint de leur émoi.

Il connaît les marées noires de son âme,
Les forêts où cent cerfs bruns transis brament
Mais rien n’égale ses yeux tourniquet de brume.

à la croisée, pierre de nuage, cerf-volant d’or,
Ces yeux à elle reviennent vagues à l’aurore,
Ainsi, le pont enjambe l’amant parti au matin !

Philippe BRASSEUR
Février 2005

REVIENDRAIS-JE ?

Je reviendrais des rivages inconnus,
Je reviendrais au bord des larmes de neige,
Le blanc effacera le passé,
Je reviendrais et mes pas dans la neige,
Seront la seule limite à notre horizon.
Je reviendrais regarder les cristaux d’eau fondre sur les carreaux,
Je reviendrais écouter le bois et la flamme s’unir en chantant dans la cheminée.

Je reviendrais et ce rêve blanc sera l’unique vision du silence et de la paix en
nos coeurs…
La plume grattant de son noir de suie le blanc vélin
Nos poèmes seront au futur la mémoire de notre temps,
Alors, nous reviendrons avec nos textes,
Nos espoirs et nos déraisons….
Alors, nous reviendrons mouettes blanches et criardes hurlant nos poésies
Alors, nous reviendrons soldat de la paix armé de nos mots !
Alors, nous reviendrons pour enfin libéré partir à jamais…
Et… :

Nous ne reviendrons……

Plus jamais !

Philippe BRASSEUR
Février 2005

(Le 15 mai 2005)

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