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NOTRE CULTURE AU RECYCLAGE

Vous pouvez aussi lire sur le même sujet le texte suivant : DES MILLIERS DE LIVRES AU RECYCLAGE

Gatineau, le mercredi 16 juin 2004

La bibliothèque de Gatineau m’a fait parvenir sa réponse officielle dans
laquelle elle confirme que près de 5000 livres furent envoyés au recyclage.

Les réponses fournies par M. André-Yves Duchesne sont nettement insuffisantes
à mes yeux et démontrent une certaine improvisation dans le présent dossier. En
effet, on constate que le choix d’élaguer ou non un livre ne relève aucunement
d’une politique clairement définie ayant pour but le bien collectif. Plusieurs
éléments prouvent hors de tout doute qu’il y a de graves lacunes dans la
gestions de nos biens littéraires et culturels.

Vous trouverez ci-joint la réponse de M. Duchesne que j’ai annotée (en rouge
et entre parenthèses) et dans laquelle je pose certaines questions et je
commente ses propos à la lumière des recherches que j’ai effectuées. Vous
constaterez en lisant la version annotée qu’il y a lieu de se poser de sérieuses
questions quant à la gestion des livres dont la bibliothèque a la
responsabilité. Vous verrez également que plusieurs questions demeurent toujours
sans réponse. Le dossier est donc loin d’être clos car je m’attends à des
réponses et à des engagements de la part de nos élus afin d’éviter que la
situation ne se reproduise.

Sébastien Béland
Gatineau (Québec)
belands@infonet.ca

Adresse utile :
Ville de Gatineau
info@ville.gatineau.qc.ca


Gatineau, le 10 juin, 2004

Monsieur Sébastien Béland
23, Jeanne-Marie-Chavoin, app. 306
Gatineau, Québec, J8Z 1V9

Monsieur Béland,

Nous avons reçu copie de votre lettre. Cela fait toujours plaisir de voir un
citoyen préoccupé par la lecture et le livre. C’est grâce à des citoyens tel que
vous que nous pouvons faire progresser la lecture avec tous les bénéfices que
cela implique pour notre société.

En tant qu’organisateur de la grande vente de livres d’occasion, je partage
votre préoccupation sur l’usage qui est fait des livres qui ne sont pas
conservés par la bibliothèque. La vente ne contient pas seulement des livres
retirés de la collection de la bibliothèque. En fait, ceux-ci représentent 30
% de ce que nous offrons à la vente.
(Pour établir un
tel pourcentage, il faut connaître la provenance de tous les livres présents à
la vente. Existe-t-il un registre dans lequel les livres de cette vente étaient
répertoriés afin que l’on puisse vérifier cette information? Cela me semble bien
peu à la lumière de ce que j’ai constaté sur place. De toute façon, 30 % de 50
000, ça fait quand même 15 000 livres retiré de la collection de la
bibliothèque!)
Tous les autres livres sont des dons de citoyens qui
comme vous n’aiment pas jeter des livres. Nous prenons toutes les mesures
appropriées pour donner une nouvelle vie à ces livres.

(Pour ce faire, il faudrait qu’aucun livre ne se retrouve au recyclage, quitte à
tout simplement donner les livres à la population sous le concept du premier
arrivé, premier servi avec préséance pour les organismes. De toute façon, la
population a déjà payé pour les livres provenant de la collection de la
bibliothèque. Quant aux autres livres qui proviennent de dons, la bibliothèque
ne perdrait pas d’argent puisqu’elle ne les a pas achetés. Ce qui me fait croire
que le concept appliqué actuellement sert uniquement à faire de l’argent. Si la
bibliothèque manque d’argent, ce n’est pas de cette façon qu’elle devrait
renflouer ses coffres. C’est au Conseil municipal d’octroyer les fonds
nécessaires à son bon fonctionnement.)
Nous intégrons dans la
bibliothèque les livres que nous n’avons pas déjà et qui sont susceptibles
d’intéresser la population. (Alors comment se fait-il
qu’après la vente, certains livres ne sont plus disponibles dans le réseau des
bibliothèques municipales?)
Nous sommes en contact constant avec
différentes écoles et groupes communautaires à qui nous offrons tout au long de
l’année des centaines de livres. Les meilleurs livres ne vont donc pas à la
vente, mais sont plutôt redistribués tout au long de l’année dans la communauté.

(Quels sont les critères utilisés pour définir les
«meilleurs livres», et les moins bons? Un livre que je trouve excellent et
pertinent le sera-t-il pour un autre? Il faudrait utilisé le principe selon
lequel tout livre est utile à la société, qu’il soit un livre éducatif, un
dictionnaire, un roman, un essai, un récit, etc.)

Nous mettons de côté des livres qui intéressent les organismes, incluant les
écoles, qui s’occupent de développement international. Nous leurs offrons des
centaines de livres chaque année. Nous avons aussi une liste d’une trentaine
d’organismes à qui nous offrons gratuitement tous les livres qu’ils veulent
récupérer après la vente de livre.
De plus, à chaque année nous tentons
d’établir des liens avec des groupes qui pourraient envoyer les livres restants
dans les pays en voie de développement. Ces groupes sont très sélectifs à cause
des coûts élevés de livraison dans ces pays. Comme vous le voyez, nous jouons
en quelque sorte le rôle d’un centre de redistribution du livre pour éviter le
gaspillage des ressources documentaires.
(Qu’en est-il
du ministère des Relations internationales du Québec? Cette possibilité d’avoir
recours à des fonds publics pour envoyer les livres dans les pays pauvres
fut-elle envisagée?)

L’information à l’effet que les livres qui ne sont pas empruntés au cours de
l’année sont retirés de la collection de la bibliothèque est erronée.
(cette information me provient de la personne responsable
de la vente qui a répondu à mes questions lors de la vente. Qui a raison, qui a
tort?)
Nous avons des livres qui n’ont pas été empruntés depuis des
années que nous conservons tout de même en raison de leur intérêt patrimonial,
historique ou informatif. (J’espère, c’est là le rôle de
toute bibliothèque publique. C’est aussi là que la bibliothèque municipale de
Gatineau obtient une mauvaise note car plusieurs livres auraient dû être
conservés pour ces mêmes raisons.)

Nous retirons les livres lorsque :

  • l’information qu’ils contiennent est désuète
    (Comment fait-on pour trancher en cette matière? Comment expliquer que des
    livres récents se retrouvaient parmi les livres élagués? Plusieurs vieux
    livres ne contiennent pas des informations désuètes. C’est le cas d’un livre
    élagué qui n’est désormais plus disponible dans les succursales des
    bibliothèques municipales et qui provient de la succursale Saint-Raymond:
    Le Québec en crise
    de Rodrigue Tremblay. Ce livre, écrit en 1981, traite
    de la question constitutionnelle. Même si pour M. Duchesne, l’information que
    contient ce livre peut paraître désuète, le livre recèle un point de vue
    historique d’un auteur de l’époque. Il s’agit d’une riche information
    historique dont la population de Gatineau sera désormais privée à cause de
    cette vente. Nombreux sont les exemples qui illustrent l’aspect arbitraire du
    tri des livres).
  • que l’état du livre est trop détérioré (La plupart
    des livres étaient en excellent état. La preuve réside dans les nombreux
    livres que j’ai ramenés chez moi. Dans le cas contraire, je crains que la
    population ne les aurait pas achetés. Pour les autres, souvent, ils ne
    nécessitaient qu’une simple réparation de la couverture par exemple.)
  • lorsqu’ils ne présentent plus d’intérêt pour la population
    (Comment cela se concrétise-t-il si ce n’est que par le
    nombre d’emprunts? Autrement, comment les responsables peuvent-ils décider
    pour la population et au nom de la population? Quels sont les critères précis
    qui servent à décider de l’intérêt d’un livre pour la population. Je prends
    pour exemple un roman qui provient de la succursale Berri intitulé Paul Martin
    est un homme mort. En pleine campagne électorale, comment peut-on prétendre
    qu’un tel roman n’a plus d’intérêt pour la population? Au contraire, il me
    semble d’un intérêt encore plus grand.)

Nous sommes conscients de l’état déplorable des bibliothèques scolaires. Afin
de leur venir en aide, nous avons mis en place depuis plusieurs années déjà
différents programmes de collaboration avec les écoles. La raison pour
laquelle les livres non-vendus provenant de la vente ne sont pas redistribués
dans les écoles c’est qu’il s’agit de littérature/ documentation pour adultes.

(Voilà une excuse tricotée pour calmer le jeu! Plusieurs
de ces livres, même s’ils sont des documentaires pour adultes peuvent très bien
faire pour des ados, c’est le cas notamment de tous les livres traitant de la
question nationale et des livres d’histoire, voire de la grande majorité des
romans. Il y avait des documentaires-adultes qui traitaient de la
mondialisation, des relations humaines, du camping, de cuisine, d’informatique,
etc. Est-ce à dire que tous ces livres ne peuvent pas convenir à des ados? Au
secondaire, on ne fait pas des recherches ou des dissertations avec des livres
pour enfants! Sans compter que les nouvelles littéraires sont étudiées en
quatrième secondaire, les romans québécois et la poésie, en cinquième. Pourquoi
y avait-il dans cette vente des romans de Anne Hébert, de Jacques Folch-Ribas,
de Jacques Savoie, d’Yves Thériault ou de Gérard Bessette? On a l’impression de
revenir au temps de la mise à l’index! Il y a toute une marge entre un livre
pour enfant et le documentaire-adulte. Tout ce qui n’était pas des livres pour
jeunes enfants était classé dans documentaires-adultes ou romans-adultes. Dans
un tel contexte, cet argument est sans valeur. Il est aberrant de constater que
les ados ne pourront pas profiter des livres pour «adultes». Il ne s’agit pas
ici de livres érotiques, mais bien d’une catégorie fourre-tout.)
Tous les
meilleurs livres pour enfants ont déjà été conservés pour les écoles et autres
groupes communautaires pour la jeunesse avant même que la vente ait lieu.
(il est bien écrit : TOUS LES MEILLEURS, or, nous avons
trouvés de très bons livres, en bon état, pour enfants, éducatifs en plus. EX :
la série Les grands de tous les temps de l’éditeur Dargault, des romans
de la Courte-échelle)

Comme vous le voyez, c’est seulement après que nous ayons :

  • récupéré des titres pour la bibliothèque (Comment
    expliquer que les certains titres en vente ne sont pas disponibles dans le
    réseau des bibliothèques municipales? Et même s’ils le sont dans certaines
    succursales, il faut désormais payer pour un prêt entre bibliothèque
    (0,50$/livre). La population est grandement perdante lorsque la bibliothèque
    de Gatineau décide de garder seulement un ou deux exemplaires pour toute la
    ville.)
  • partagé des titres avec d’autres bibliothèques
    (Comment expliquer l’envoi de livres au recyclage?)
  • fait des dons à des organismes (La responsable m’a
    confirmé que les dons étaient fait seulement à des organismes reconnus de
    Gatineau. Or, pourquoi ne pas contacté des organismes d’ailleurs pour éviter
    l’envoi de livres au recyclage? Les organismes devaient être inscrits sur la
    liste détenue par les responsables pour avoir droit aux livres, pourquoi? De
    toute façon, les livres restants étaient destinés au recyclage).
  • fait des dons aux écoles (Plus haut il est écrit la
    raison pour laquelle les livres de la vente ne furent pas distribués aux
    écoles, il y a contradiction)
  • offert les livres à la population (La population
    devait payer, si les livres avaient été gratuits, ils auraient probablement
    tous trouvé preneurs. Ainsi, plusieurs livres furent payés deux fois par la
    population car celle-ci les a déjà payé à même ses taxes.)
  • tenté de les redistribuer dans d’autres pays
    (Tenté?)

que finalement nous envoyons ce qui reste à la récupération.
(Voici un aveu bien triste qui confirme que des livres
sont bel et bien envoyé au recyclage, un véritable sacrilège!)

Parmi les 50,000 livres que nous avons récupérés de différentes sources,
nous avons réussi à en replacer plus de 45,000.
Si vous avez d’autres
solutions que nous n’aurions pas envisagées afin de réintégrer les livres, nous
nous ferons un plaisir de les considérer. (Ainsi donc,
selon M. Duchesne, près de 5000 furent envoyés au recyclage!!! Ceci est
inacceptable! De plus, comment pouvait-il les compter? Les gens partaient avec
des boîtes qu’ils payaient au poids. Il est donc impossible de savoir combien de
livres furent achetés par la population et combien furent pris par les
organismes. En ce qui concerne les livres envoyés au recyclage, ont-ils été
comptés?)

Veuillez agréer Monsieur, nos salutations distinguées,

André-Yves Duchesne, MLIS, MAP
Responsable Commentaires et suggestions
Responsable du traitement des dons

c.c. Louise Poirier, Conseillère municipale, Ville de Gatineau
Mireille Boudreault, Directrice, Arts Culture et Lettres
Carole Lague, Chef de division, Bibliothèques et Lettres

Questions qui demeurent toujours sans réponse :

  • Est-ce que la ville va récupérer les livres restant
    avant qu’ils ne soient détruits?
  • Où sont ces livres aujourd’hui?
  • Aucune mention à propos des livres rares et
    anciens… Est-ce que la bibliothèque entend résoudre cette question capitale
    en matière de conservation du patrimoine?
  • Qu’entend faire la ville pour éviter que cela ne se
    reproduise dans les années subséquentes (si elle entend faire quelque chose)?

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