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LA FRANCE CONTRE LA FRANCITÉ

La France contre la Francité

ATT : Les équipes de TV5-Québec (

http://www.tv5.ca/commentaires/
) et de TV5-Monde (

http://www.tv5.org/TV5Site/contact/contact1.php
)

Objet : Commentaire critique de M. étienne LaHire, en:

http://ledevoir.com/2004/03/13/commentaires/0403151730885.html?353
(en suite
à l’article de M. Christian Lévesque, en:

http://ledevoir.com/2004/03/13/49662.html?353
)

Je partage sans réserve l’avis de M. LaHire. D’autant plus que je connais
bien les différentes antennes de TV5 à travers le monde, la télévision
«républicaine» aussi.

J’ai été longtemps une véritable « fan » de TV5, mais cette déliquescence
(inéluctable?) dans la «variété», dont nous entretient M. LaHire, me déçoit
beaucoup également. D’où mon éloignement marqué depuis quelques années.

Il est étonnant en outre de constater combien la France offre souvent des
émissions de catégorie fort douteuse pour l’international, via TV5, alors que de
superbes productions du Québec, par exemple – mais aussi d’ailleurs: Suisse,
Belgique… -, restent totalement inconnues hors-Québec (je fais en cela
référence à TV5-Monde, en particulier).

La télévision européo-française, l’hexagonale au premier chef, est saturée
littéralement de produits étatsuniens (films, téléséries, téléromans, etc., et
du reste, rarement choisis parmi les émissions de qualité supérieure). Or si
«ces gens-là» avait un peu plus le sens de la Francité, permettez-moi de
l’affirmer sans détour, eh bien ils se procureraient des créations de qualité
depuis toute la Francophonie plutôt que de se «goinfrer» d’américanités comme on
se bourre de «macdos».

Ainsi que le fait le Québec d’ailleurs, faut-il dire et rappeler, alors que
les productions de France et d’Europe (de tous ordres: films, séries…) sont en
effet massivement achetées par les diffuseurs québécois (ce dont je me réjouis,
d’autant que nous procédons la plupart du temps à un choix judicieux parmi les
produits de bonne et haute gamme). Si la France regardait un peu plus loin que
le bout de sa lorgnette localo-locale, elle constaterait qu’elle serait la
première gagnante d’une authentique réciprocité entre les «nous» de la
Francophonie. Et ce, aux plans aussi bien économique, culturel, linguistique que
(conséquence logique) proprement politique. Il est quand même aberrant,
admettons-le – les chiffres le démontrent -, que l’on diffuse plus de films
français sur les chaînes québécoises que sur les chaînes françaises…

En un mot, de manière générale le Québec travaille plus solidement à la
promotion et à la diffusion de la culture francienne que la France elle-même.
Laquelle, sauf errance ou inintelligence de ma part, mine sa propre culture et
sa propre langue en donnant priorité absolue à elle-même stricto sensu
et… aux produits américains. En clair, si nous voulons nous montrer concret,
ceci signifie qu’une ganacherie sans intérêt issue du pays de l’Uncle Sam (comme
on en voit sans cesse sur TF1 et M6, par exemple) semble toujours, pour la
France, véhiculer plus de valeur qu’un authentique et original joyau issu de
l’imagination québécoise.

Et je vous rassure, s’il en est nécessaire : le chauvinisme n’a rien à voir
là-dedans. Bien au contraire. Il y a longtemps que je me vois convaincue d’aimer
la France plus qu’elle ne s’aime elle-même…

Bref, je suis rien moins qu’apostrophée de constater combien, et ce depuis de
longues années, la France se tire froidement dans le pied:

=> 1 – en exportant un grand nombre de productions «locales» de mauvaise
qualité (sinon carrément de mauvais goût à l’occasion);
=> 2 – en «filtrant» à vitesse grand V tout ce qui, en amont, se donne comme
étant français …non franco-français;
=> 3 – en procédant sciemment à l’invasion anglo-étatsunienne de sa propre
culture télévisuelle.

Le Québec, avec son 7 millions de Franciens, fait figure de village gaulois
en regard des 59 millions d’Hexagonaux – bien que son territoire, il est vrai,
soit trois fois et demi plus vaste. Mais rien à faire pour m’éradiquer de
l’esprit ce constat pénible, et cruel, pour l’amante de la Francophonie que je
reste obstinément: «Ils sont [vraiment] fous ces [vrais] Gaulois!».

La France ne comprend pas qu’elle n’ira nulle part en marge de la Francité. à
moins bien sûr qu’elle ne soit habitée en quelque manière par le désir secret
(Oh! à peine… secret) de se fondre totalement dans la culture
franglo-américaine.

Marie-Louise Lacroix
Québec, 18 mars 2004

MarieLacroix@moncanoe.com


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