RADIO-CANADA S’EXCUSE
Montréal, le jeudi 03 avril 2003,
Martin Proulx,
Gatineau, Québec.
proulx.m@videotron.ca
Monsieur Proulx,
La direction du Réseau de linformation (RDI) de la Société Radio-Canada a
pris connaissance de votre plainte envoyée lundi soir dernier après lécoute en
ondes dune longue entrevue en anglais. Citons des extraits de votre plainte :
« Je trouve déplorable quà RDI, quand par exemple M. McCallum sadresse aux
journalistes en anglais quon ne traduise, ou au moins ne transcrive pas ce
quil dit en français. Pourtant, à CBC Newsworld qui est votre parallèle
anglophone, on noserait même pas effleurer lidée de faire linverse, quune
personne sexprimant en français ne soit pas traduit en anglais…
Pourquoi sur des chaînes autres que RDI, comme LCN, tout est traduit ou
transcrit en français?
Est-ce que cest la façon que la société détat nous représente, nous les
francophones?… »
Et plus loin, vous signez : « Merci ou devrais-je dire thank you peut-être… »
Nous avons visionné attentivement lenregistrement de lundi soir. Nous en
avons parlé aux réalisateurs responsables de la mise en ondes à RDI. Vous avez
tout à fait raison. Lextrait en anglais a duré précisément une minute, ce qui
est beaucoup trop long. Vous avez entendu un traducteur pendant quelques
secondes seulement, à la fin de la réponse en anglais du ministre. Nous tenons à
nous excuser pour cette erreur, car il sagit bel et bien dune erreur, et non
pas dune politique délibérée.
Voici notre philosophie à ce sujet. La direction du Service des informations
télévisées de Radio-Canada a décidé il y a plus de 25 ans que oui, nous
autoriserions les entrevues et les déclarations dans une autre langue que le
français sur nos ondes. Mais uniquement à certaines conditions!
Dans une reportage nouvelles, le ou la journaliste doit obligatoirement
paraphraser en français lextrait dans une autre langue juste avant ou après sa
diffusion. Exemple : cest ainsi quil y a longtemps, vous avez entendu en
anglais sur nos ondes lancien président Bush père dire : « Read my lips, no
news taxes »… encadré par une narration précise en français de la part de notre
journaliste. Cette phrase de lancien président est devenue célèbre aux
états-Unis, comme bien dautres dailleurs là-bas et chez nous. Nous pourrions
vous fournir des milliers dexemples de ce genre. Nos collègues des réseaux
anglais de la CBC adoptent parfois cette technique en paraphrasant de courts
extraits en français, quoi que moins souvent que les réseaux français.
La deuxième condition concerne les émissions spéciales qui sont devenues la
marque de RDI dès son entrée en ondes le premier janvier 1995. Nous devons
traduire en direct ou en différé toutes les interventions de plus de quelques
secondes, à laide dun traducteur dans nos locaux. Pour votre information,
depuis le début de la guerre en Irak, nous avons en permanence au Centre de
linformation à Montréal un traducteur sur place 24 heures sur 24! En temps
normal, nous nen avons pas la nuit. Cette politique nous a permis de diffuser
en moyenne plus de mille émissions spéciales par an sur les ondes de RDI, un
record sur les ondes de la télévision canadienne dont nous sommes fiers! La
première chaîne de la télévision de Radio-Canada pratique une politique
identique.
Malheureusement, il arrive parfois que la traduction nentre pas au bon
moment ou carrément trop tard. La plupart du temps, cest le brouhaha du direct
qui occasionne ces erreurs. Ce nétait pas le cas de lundi soir dernier, car
lextrait que vous avez visionné était une rediffusion. Voilà pourquoi nous nous
excusons davoir commis cette erreur qui nétait pas intentionnelle!
Nous croyons que notre politique donne de bons résultats. Elle permet aux
téléspectateurs un accès à de nombreux propos importants. Il est vrai que nous
traduisons souvent de langlais au français. Mais pas exclusivement. Il nous
arrive de plus en plus souvent de traduire des déclarations faites en espagnol
et en dautres langues.
RDI a innové en présentant « en direct sur la vie » un nombre inégalé
démissions spéciales de tous genres. Mais hélas, nous commettons parfois des
erreurs. Voilà pourquoi certains téléspectateurs éprouvent la frustration
légitime que vous avez éprouvée lundi soir dernier.
Vous soulignez que LCN ne commet pas souvent les mêmes erreurs. Avec respect,
permettez-nous de souligner que nos collègues de LCN ne diffusent que des courts
reportages à répétition et non pas des émissions spéciales quotidiennes comme
nous le pratiquons. Voilà pourquoi vous entendez beaucoup moins danglais à
cette antenne.
Voilà notre explication. Encore une fois, nos excuses. Nous espérons que
notre réponse saura vous satisfaire. Si tel nest pas le cas, vous pouvez
communiquer directement avec lombudsman de Radio-Canada, M. Renaud Gilbert. Il
a la mandat de veiller au respect des téléspectateurs. Il jugera sil désire
faire enquête officiellement. Vous pouvez le rejoindre à ladresse électronique
: ombudsman@radio-Canada.ca
Recevez, cher monsieur, lexpression de nos sentiments les plus distingués.
Guy Filion,
Adjoint au Directeur général des programmes,
Information Télévision,
Société Radio-Canada.
Guy_filion@radio-canada.ca
c.c.-ombudsman
ombudsman@radio-canada.ca
(Le 18 juillet 2003)