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LE QUÉBEC À N’IMPORTE QUEL PRICE

Le Québec à n’importe quel Price
Cacher ce Fleur de Lys que je ne saurais voir

« Si c’est ça le Québec moderne,
Moi j’mets mon drapeau en berne !
»
Les Cowboys fringants

Au printemps dernier, VOILA QUEBEC (le Guide touristique officiel, bilingue, de l’Association hôtelière de la région de Québec, dirigé par Mme Lynn Magee) publiait l’une de ses éditions trimestrielles. En page couverture, on y apercevait bien en vue l’édifice Price (sis rue Sainte-Anne, en Vieux-Québec), dans lequel incidemment, et ce depuis déjà plusieurs années, sont logés (outre ceux de la Caisse de Dépôt et Placement) les bureaux du Premier ministre du Québec. Or que ne constatons-nous pas au premier regard… ? Les couleurs du Québec, coiffant comme il se doit et très officiellement ledit édifice, ont été tout simplement éradiquées de la photographie.

Que nous faut-il donc comprendre, Mrs Lynn Magee ? Que le Québec constitue à vos yeux une persona non grata, et qu’il est par conséquent indécent de pavoiser le Fleurdelysée sous les yeux de vos lecteurs – susceptibles sans doute de subir quelque traumatisme à la vue du symbole fondamental de l’unique état francophone d’Amérique du Nord… ? Pour l’anecdote, qui n’en est pas une sans signifiance, on se rappellera que Staline, au gré de l’Histoire et des événements tout au long de son tsarissime règne de quelque trente et une années, avait également l’habitude de « reformuler » pudiquement les parlantes photographies du passé selon les « nécessités » égo-despoto-historiques du moment…

Décidément, la revue Voilà Québec (éditée par les soins des Publications Vacances Québec inc.) semble désirer présenter bien autre chose – en plus ou en moins, c’est selon – que les strictes, quoique séduisantes, beautés de la Capitale (qu’elle n’oserait pas – j’imagine, mais peut-être à tort ? – qualifier de nationale). On ne peut que le constater par la lunette d’autres détails, également symptomatiques (de symptôme, au plan médical ou psychologique : signe ou indice d’un état vacillant, valétudinaire ou morbide). Par exemple, dans la publicité insérée en ses pages par « La Maison Serge Bruyère » (complexe de restauration dit de bonne réputation), la rédaction ne se soucie guère que l’anglais ait priorité, absolue, sur la langue officielle des Québécois. En effet, non seulement la langue seconde de MM. les ministres Denis Coderre et Stéphane Dion a-t-elle ici préséance au plan cursif de la lecture, mais elle se voit au surplus gratifiée d’un redoublement (et en ‘gras’ svp !) du caractère. Ce qui, en clair, donne quelque chose comme ceci :

ENGLISH
français

Bah ! Juste en symétrie radicale à la réglementation de l’« Office de la Langue française du Québec » concernant l’affichage, quoi… Après tout, nous rétorquerait possiblement M. Jean Barré, propriétaire de ce Serge Bruyère, c’est ainsi que font les Français de l’Hexagone. Ce qui serait, il faut bien l’admettre, rigoureusement exact. La France, en effet, a déjà été une fière nation.

Enfin, l’occasion m’est ici offerte de signaler un autre ‘détail’ concernant le bâtiment Price. Détail pour Miss Magee ou Mr. Dion, bien probablement. Mais rien moins qu’un incident diplomatique intérieur pour le citoyen éclairé. Ainsi, déambulant dans les dernières heures aux abords du fameux édifice planté au coeur de la vénérable Cité-Forteresse, je constatai que si le drapeau québécois (n’en déplaise au graphiste de Voilà Québec, M. Harold Beaupré) figure bel et bien au sommet de cette montagne de pierre construite de mains d’hommes, il n’est plus cependant que l’ombre de lui-même. Un quart sinon un tiers de son ‘être d’étoffe’, en effet, a été dévoré par le rude climat, comme on sait, des… mai, des juin et des juillet nordiques. Et ce, dans l’indifférence générale, voire, dans le mépris non dissimulé des autorités gouvernementales à l’égard de ce qu’elles incarnent et représentent. Voilà certes, hautement visible, un signe des temps : un Québec demi-portion, enguenillé et ‘imprésentable’ satisfaisant plus qu’amplement, en l’état, celui qui en est actuellement le premier magistrat.

Jusque dans la Capitale – que dis-je : jusque dans le saint des saints du pouvoir de l’état québécois -, la nation serait-elle, M. Charest, à brader à n’importe quel Price ?

Jean-Luc Gouin
Peregrin@Q-bec.com
Vieux-Québec, le 7 septembre 2003

Courriels pertinents au dossier : M. Jean Charest, premier ministre du Québec : CommentairesPM@MCE.Gouv.Qc.ca ; M. Bernard Landry, chef de l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale du Québec : BLandry@Assnat.Qc.ca ; Magazine Voilà Québec : redaction@voilaQuebec.com + editeur@voilaQuebec.com + graphiste@voilaQuebec.com + ventes@voilaQuebec.com ; Bureau d’information touristique : BIT@CUQ.Qc.ca ; InfoTouriste Québec : www.BonjourQuebec.com / Info@BonjourQuebec.com ; Table(s) Serge Bruyère : Sergebruyere@videotron.ca
Autres observations récentes de caractère similaire : Une nation tabou ou une nation debout ? (en : https://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2003/le-quebec-me-pue.html )

Ce texte a aussi été publié dans «Le Québécois» (édition de l’automne 2003): http://lequebecois.org/pdf/vol3-no4.pdf (p.16).


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