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LE POUVOIR AUX MAINS DES ANGLOPHONES

LE POUVOIR AUX MAINS DES ANGLOPHONES

Paul Martin compte peu de francophones parmi ses proches conseillers

OTTAWA (PC) – Paul Martin est plus proche qu’il ne l’a jamais été du
poste de premier ministre, mais il ne compte encore que très peu de
francophones parmi ses conseillers les plus proches, ceux qui auront
leur mot à dire dans son prochain programme électoral. Il s’agit là
d’une situation anormale, affirme un politologue.

Des 15 plus proches collaborateurs de l’ancien ministre des Finances,
seulement trois proviennent du Québec. Fervente partisane de M. Martin,
la députée de Louis-Hébert, Hélène Scherrer, affirme sans détour que la
situation devra "définitivement" changer avant la passation des
pouvoirs.

"Je souhaiterais qu’il y en ait plus (de francophones)", précise-t-elle.

Mme Scherrer assure qu’elle a toujours pu s’adresser en français à
l’entourage du député de LaSalle-Emard.

"Mais probablement que le réflexe, actuellement, c’est encore de parler
anglais, admet-elle. Et ça, il va falloir le corriger."

Interrogés à ce sujet, plusieurs membres du clan Martin se sont défendus
en soutenant qu’il était difficile de convaincre les Québécois
francophones d’aller travailler à Ottawa.

"C’est une réalité incontournable", a souligné un proche conseiller de
Paul Martin qui a requis l’anonymat, conscient du caractère délicat de
la question.
"Il y a plusieurs francophones que j’aurais voulu recruter, mais nous
n’avons pas réussi. Les meilleurs candidats de Montréal et de Québec ne
veulent pas venir travailler à Ottawa. C’est une réalité à laquelle nous
avons été confrontés."

Cette explication ne convainc pas John Trent, politologue et chercheur
au Centre d’études en gouvernance de l’Université d’Ottawa. Il reconnaît
que les Québécois ont toujours une certaine réticence à déménager à
Ottawa, mais il assure qu’il est possible de les y attirer en faisant
les efforts nécessaires.

"On dit toujours qu’il est impossible de trouver des francophones,
lance-t-il en entrevue téléphonique. Mais si on fait un bon recrutement
et qu’on offre des conditions (de travail) raisonnables, il n’y a pas de
problème."

Jusqu’à maintenant, Paul Martin a réussi à amasser 9 millions $ pour sa
campagne au leadership, soit 5 millions $ de plus que la limite des
dépenses permises.

Aux yeux de M. Trent, il n’est pas seulement important, mais "crucial"
que M. Martin s’entoure de francophones alors qu’il s’apprête à devenir
premier ministre. "Il doit avoir des racines dans toutes les régions,
dit-il. Mais comme il est député au Québec, on dirait qu’il tient pour
acquis qu’il est entouré de francophones alors que ça n’est pas
nécessairement le cas."

Il y a plusieurs années, fait remarquer le chercheur, les premiers
ministres Pierre Elliott Trudeau et Brian Mulroney se faisaient un point
d’honneur d’avoir un bon contingent de conseillers francophones au sein
de leurs cabinets.
C’est d’autant plus important, selon M. Trent, que les proches
collaborateurs d’un premier ministre ont souvent plus d’influence que
les ministres sur les décisions à prendre.

Québécois discrets

Un porte-parole de M. Martin, Scott Reid, dit carrément ne pas croire à
l’idée que les francophones sont sous-représentés dans l’entourage du
futur premier ministre. Le député de LaSalle-Emard, insiste-t-il,
consulte régulièrement ses collègues québécois du caucus libéral fédéral
de même que les députés du Parti libéral du Québec.

En outre, Paul Martin s’est adjoint en février les services du
Montréalais Paul Corriveau, qui agit maintenant à titre de "directeur
des politiques" au sein de l’équipe de campagne. C’est sans compter,
mentionne le porte-parole, le fait que M. Martin prend aussi des
conseils de bons amis comme l’animateur Jean Lapierre, le président du
conseil de l’Industrielle Alliance, Raymond Garneau, l’ancien ministre
Francis Fox et un de ses anciens chefs de cabinet au Québec, Benoit
Labonté.

"C’est une idée reçue dans le milieu médiatique d’Ottawa qu’il y a peu
de francophones dans l’entourage de M. Martin, estime Scott Reid. Mais
les gens oublient qu’il existe un autre cercle de collaborateurs moins
visibles, mais tout aussi influents."

Quoi qu’il en soit, souligne Desmond Morton, professeur d’Histoire à
l’Université McGill, Paul Martin pourra toujours corriger le tir une
fois qu’il s’installera officiellement au cabinet du premier ministre,
au début de l’an prochain.

Le ministre Stéphane Dion, responsable des langues officielles, dit ne
pas connaître l’entourage actuel de Paul Martin, mais il est confiant
que tout ira pour le mieux après la course au leadership.

"Paul est très motivé vis-à-vis du Québec, a-t-il déclaré. Il saura
toujours bien s’entourer pour ce qui touche le Québec. Je ne suis pas
inquiet."

Une opinion que partage la députée Scherrer. "Je pense que c’est son
intention (d’accroître le nombre de francophones dans son entourage). Je
pense qu’il veut faire une place très importante aux francophones. (…)
C’est dans ses engagements et je suis certaine qu’il va les respecter."

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Ce texte nous a été communiqué par M. Claude Guillemain,
claudeguillemain@yahoo.fr

(Le 25 septembre 2003)


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