LE BILINGUISME ASYMéTRIQUE |
Le 23 juillet 2003 Pour publication. Merci ! |
Je suis toujours surpris de lacharnement que manifestent certains
éditorialistes du journal LeDroit à promouvoir le bilinguisme auprès de leur
lectorat pourtant francophone. Léquivalent étant pourtant très rare au sein des
médias anglophones où, là, pourtant il y aurait grandement lieu de le faire !
Cette même attitude est aussi observable au sein de certains autres
organismes francophones qui se sont ainsi éloignés de leur mission originale de
défendre et de promouvoir la langue et la culture françaises pour désormais
promouvoir le bilinguisme auprès des leurs.
Les résultats de ces campagnes de bilinguisation (anglicisation) des
francophones sont aisément observables car de plus en plus de francophones
travaillent, vivent et se divertissent en anglais invités en cela par leurs
organismes porte-parole lesquels sont pourtant sensés lutter contre leur
anglicisation.
Les statistiques démographiques sur lassimilation linguistique et la
défrancisation du Canada en font foi : le taux danglicisation des francophones
hors Québec est passé de 34,8 % à 37,47 % sur à peine dix ans, de 1991 à 2001.
Le nombre absolu de francophones parlant encore principalement français à la
maison est même en baisse. Il est passé de 636 440 à 612 990 personnes. Les taux
dassimilation des francophones oscillent entre 9 % au Nouveau-Brunswick et 71,3
% en Colombie-Britannique. LOntario, là où se situe en nombre la plus
importante population francophone hors Québec au Canada, connaît un taux de
39,66 %.
à lextérieur du Québec, langlais saccapare la totalité du solde des
transferts linguistiques. La population canadienne de langue anglaise fait en
effet un gain de 2 489 642 locuteurs, grâce à lassimilation de francophones et
dallophones dont les taux danglicisation sont, pour lensemble du Canada
respectivement de 5,6 % et 39,5 %. La population de langue anglaise voit ainsi
son importance augmenter de 14,2 %.
Même au Québec, le Canada anglicise ! Tandis que le français recule au Canada
hors Québec, langlais fait des gains au Québec de 155 512 locuteurs, soit de
26,3 %, grâce à langlicisation des non-anglophones.
La connaissance des langues officielles canadiennes permet de mesurer toute
la force de la langue anglaise. Sur ce plan, le progrès de langlais au Canada
est indéniable et saccompagne par le fait même dun affaiblissement du
français. De 1951 à 2001, la connaissance de langlais par la population
canadienne a augmenté de 79,3 % à 85,2% tandis que celle du français a diminué
de 31,9 % à 31 %, et cela malgré lentrée en vigueur de la Loi canadienne sur
les langues officielles, il y a déjà plus de trente ans.
L’unilinguisme anglais fait des progrès comme en témoignent les tableaux 1 et
suivants. Bien que 17 521 896 citoyens se déclarent de langue maternelle
anglaise, 20 014 645 admettent ne connaître qu’une seule langue officielle,
l’anglais; une progression de 10,5 % depuis 1991. Les mêmes tableaux révèlent
que l’anglicisation des francophones progressent.
Tableau 1
CONNAISSANCE DU FRANçAIS OU DE
L’ANGLAIS
|
|
Langue dusage |
Langue maternelle |
écart |
anglais |
20 014 645 |
20 011 538 |
17 521 896 |
+ 2 492 749 |
français |
3 946 525 |
6 531 375 |
6 782 294 |
– 2 835 769 |
Tableau 2
éVOLUTION DE LA POPULATION CONNAISSANT UNE SEULE LANGUE
|
1991 |
2001 |
écart |
anglais seulement |
18 106 760 |
20 014 645 |
+ 1 907 885 |
français seulement |
4 110 300 |
3 946 525 |
– 163 775 |
Selon Statistique Canada, 43 % des francophones sont bilingues alors que 91 %
des Canadiens anglais s’acharnent à pratiquer un unilinguisme sans regret. Force
est de constater que la politique canadienne de bilinguisme permet aux
anglophones de demeurer tranquillement unilingues et aux francophones de
sangliciser.
Impératif français encourage lapprentissage dautres langues, mais
condamne les conséquences du bilinguisme asymétrique canadien. Ce nest pas le
bilinguisme qui est en difficulté au Canada, mais la langue française dont le
recul, jumelé au bilinguisme des francophones et à lunilinguisme anglicisant
des anglophones, rendra de moins en moins nécessaire.
Jean-Paul Perreault
Président
Impératif français
Recherche et communications
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