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UNE INITIATIVE À SALUER : RENAULT CRÉE UN MBA FRANCOPHONE POUR DES ÉTUDIANTS

Une initiative à saluer : Renault crée un MBA francophone pour des étudiants japonais

 

Selon le quotidien économique Les échos du 17 septembre 202, le constructeur automobile français vient d’annoncer le lancement d’un MBA qui accueille à Paris 25 étudiants et jeunes cadres japonais. Ce programme, baptisé « MBA International Paris-Fondation Renault », est dispensé en français et est axé sur le management ; il comprend un mois de cours de français intensifs, un voyage culturel et de découverte en Europe, six mois d’enseignement et un stage de quatre mois au sein du groupe Renault. Conçu en partenariat par l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris et l’université Paris-IX-Dauphine, il est entièrement financée par la Fondation Renault, créée en mars 2001 et qui se fixe pour objectif « la diffusion et la promotion de la langue française ». Elle dispose d’un budget initial de 13 millions d’euros sur cinq ans.

 

Pour M. Louis Schweitzer, PDG de Renault, il s’agit d’une action de long terme qui s’inscrit dans la perspective de développement mondial de l’entreprise. Il précise : « mondial ne signifie pas apatride. Renault doit devenir un groupe international tout en restant attaché à sa culture française d’origine, qui est le coeur de son identité. La mondialisation ne doit pas réduire la diversité des cultures au bénéfice d’une norme dominante induite par une même langue. L’interaction des cultures constitue un levier de performance et de progrès. »

 

On peut seulement regretter le choix de « MBA », sigle abscons, pour désigner cette nouvelle formation en français.

Cette initiative est d’autant plus remarquable qu’elle vient de Renault, dont le PDG Louis Schweitzer fut lauréat du prix de la « carpette anglaise » en 1999 pour avoir imposé l’usage de l’anglo-américain dans les comptes rendus des réunions de direction de l’entreprise.

 

C’est malheureusement une initiative isolée puisque dans la même page des échos on pouvait lire d’autres informations sur l’évolution des écoles françaises de commerces qui veulent toutes devenir des « Business School », calquer leur enseignement sur les standards étatsuniens et adopter l’anglais, recruter fort cher des professeurs étrangers (sous-entendu anglo-saxons) parce qu’ils seraient meilleurs (évidemment pour enseigner en anglais mieux vaut des anglophones, on réservera aux gens du cru les emplois subalternes), nouer des alliances avec des institutions étrangères, principalement anglo-américaines pour offrir des cycles communs ; ainsi HEC entretient des « liens étroits » avec la New York University ; devinez qui impose sa culture à l’autre ? Elles vont même jusqu’à changer de nom : « Bordeaux école de Management » (admirez la syntaxe, pour une école !), « Reims Management School » ! ! Le paradoxe est qu’elles affirment leur volonté d’« être visibles au plan mondial », alors qu’elles font tout ce qu’elles peuvent pour dissoudre leur identité française propre dans la sous culture de la mondialisation. Elles s’étonnent aussi de la concurrence que commencent à leur faire, en Europe même, les grandes universités américaines bien plus puissantes qu’elles, alors qu’elles auront tout fait pour leur préparer le terrain au lieu de cultiver leur spécificité française et européenne (qui commence par la langue d’enseignement). Fatale erreur de marketing pour des écoles qui prétendent l’enseigner.

 

JH Mora

henri.mora@wanadoo.fr

(Le 19 septembre 2002)


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