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L’OEUVRE DE LORD DURHAM SE POURSUIT !

L’OEUVRE DE LORD DURHAM SE POURSUIT !

LA POLITIQUE CANADIENNE D’IMMIGRATION

DOIT CONTRIBUER à RENFORCER NOTRE TISSU SOCIAL ET LINGUISTIQUE

Dans une étude rendue publique aujourd’hui, la Commissaire aux langues officielles, madame Dyane Adam, conclut que les politiques du gouvernement du Canada en matière d’immigration et d’intégration n’en font pas assez pour contribuer à l’épanouissement des deux groupes linguistiques au pays. Intitulée L’immigration et l’épanouissement des communautés de langue officielle au Canada : Politiques, démographie et identité, l’étude est la première du genre à analyser cette question importante en profondeur. Elle a été réalisée pour le compte du Commissariat par monsieur Jack Jedwab de l’Institut d’études canadiennes de McGill.

« à l’heure actuelle, l’immigration est le facteur qui contribue le plus à la croissance réelle de la population canadienne; par conséquent, c’est devenu un facteur déterminant pour le ressourcement démographique de nos communautés de langue officielle. La dualité linguistique est une caractéristique fondamentale de notre identité nationale, et la politique du Canada en matière d’immigration ne doit pas simplement consister en l’allocation de points pour la connaissance des langues officielles au moment de la sélection des immigrants », a déclaré madame Adam.

L’étude rendue publique aujourd’hui démontre que les préoccupations soulevées pour la première fois en 1969 par la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme se sont avérées fondées : les Francophones au Canada n’ont pas eu leur part de l’immigration au pays. D’abord, les données font ressortir un écart important entre la proportion d’immigrants qui connaissent le français et ceux qui connaissent l’anglais à leur arrivée au Canada : 5 % des immigrants ne parlant que le français, contre 48 % des immigrants ne parlant que l’anglais; 4% parlant les deux langues officielles et 43% parlant ni l’une ni l’autre langue. Une fois établis au Canada, une proportion importante d’immigrants s’intègre à la population anglophone : 83 % utilisent l’anglais, 7 % le français et 3 % utilisent les deux langues officielles. Ensuite, le gouvernement fédéral n’a pris aucune mesure positive pour recruter des immigrants francophones à l’étranger. La plupart des immigrants francophones s’installent au Québec; en effet, la province accueille quelque 84 % des immigrants qui ne parlent que le français à leur arrivée et quelque 57 % des nouveaux arrivants qui déclarent connaître à la fois le français et l’anglais.

Madame Adam précise que le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration s’est montré sensible à la question. En fait, la nouvelle Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés reconnaît que l’immigration doit « soutenir l’engagement du gouvernement du Canada à favoriser l’épanouissement des minorités francophones et anglophones du Canada ». Pour la Commissaire, « s’il s’agit là d’un pas dans la bonne direction, il y a encore loin de la coupe aux lèvres ».

Pour faire en sorte que les communautés francophones en milieu minoritaire profitent des avantages découlant de l’immigration, il faut prendre les mesures suivantes :

  • Citoyenneté et Immigration Canada doit, avec la collaboration de francophones issus de communautés minoritaires de langue officielle, en faire davantage sur le plan de la promotion et du recrutement dans les pays potentiellement sources d’immigration francophone.
  • L’étude exhorte le ministère à établir des cibles afin d’augmenter le nombre d’immigrants francophones qui s’installent ailleurs qu’au Québec.
  • Pour que les communautés minoritaires de langue officielle puissent accueillir les immigrants chez elles, il leur faut l’appui du gouvernement fédéral à toutes les étapes du processus : de la planification à l’établissement et l’intégration.
  • Il faut sans contredit trouver le moyen de joindre les immigrants francophones en milieu minoritaire qui ne savent peut-être pas qu’il existe des institutions francophones et que de nombreux services sont offerts en français.
  • Enfin, puisque l’intégration est un processus à deux sens qui peut, en bout de ligne, impliquer un changement d’identité pour la communauté d’accueil, l’étude exhorte les communautés minoritaires de langue officielle à être prêtes à s’adapter afin d’être en mesure de répondre aux besoins variés des francophones ethnoculturels.

En ce qui a trait à la communauté anglophone du Québec, l’étude démontre qu’elle est confrontée à des enjeux bien différents. à l’heure actuelle, la proportion d’immigrants anglophones au Québec dépasse celle de la population anglophone du Québec dans son ensemble. La grande majorité des immigrants anglophones s’établissent à Montréal ou dans les environs, où la communauté anglophone est de plus en plus diversifiée. étant donné le fort taux de migration interprovinciale chez les immigrants anglophones, la rétention des nouveaux arrivants constitue le principal défi auquel la communauté anglophone du Québec est confrontée. Il importe de donner aux institutions anglophones du Québec les moyens de contrer ce phénomène en créant chez les immigrants un sentiment d’appartenance à la communauté. Par ailleurs, hors de Montréal, comme dans les autres régions du pays, les communautés minoritaires de langue officielle ne disposent pas des institutions et des structures suffisantes pour aider les immigrants à s’adapter à leur nouveau milieu.

« De concert avec les provinces, le gouvernement fédéral doit trouver des façons concrètes de faire en sorte que les communautés de langue officielle profitent équitablement des avantages découlant de l’immigration. Il importe de se doter de politiques et de plans d’action visant l’atteinte de cet objectif. L’immigration ne doit pas se fonder uniquement sur des critères économiques; nous devons veiller à ce qu’elle contribue véritablement à renforcer le tissu social et linguistique du Canada », a conclu la Commissaire.

GRANDES TENDANCES

LANGUE MATERNELLE ET CONNAISSANCES LINGUISTIQUES DES IMMIGRANTS à LEUR ARRIVéE AU CANADA

  • De 1991 à 1996, le Canada a accueilli en moyenne plus de 200 000 immigrants chaque année. Quelque 80 % des personnes qui ont immigré au Canada pendant cette période n’avaient pour langue maternelle ni le français ni l’anglais. (Statistique Canada)
  • Selon les données du recensement de 1996, parmi les immigrants arrivés au pays entre 1951 et 1996, il y avait presque neuf fois plus de personnes dont la langue maternelle était l’anglais (1,4 million) que de personnes dont la langue maternelle était le français (159 000). (Statistique Canada)
  • Les données font ressortir un écart important entre la proportion d’immigrants qui connaissent le français et ceux qui connaissent l’anglais à leur arrivée au Canada : 5 % des immigrants ne parlant que le français, contre 48 % des immigrants ne parlant que l’anglais; 4 % parlant les deux langues officielles et 43 % parlant ni l’une ni l’autre langue. (Citoyenneté et Immigration Canada, Faits et chiffres, 2000)
  • Le pourcentage d’immigrants au Canada qui ne connaissent que le français a progressé de façon constante entre 1961 et 1996 (passant de 3 % à 5 %), une situation largement attribuable aux efforts déployés par le Québec pour recruter de tels immigrants. (Tableau 2, p. 22)

LANGUE D’USAGE CHEZ LES IMMIGRANTS APRèS LEUR ARRIVéE

  • La plupart des nouveaux immigrants adoptent l’anglais une fois installés au Canada. Jusqu’en 1996, le Canada avait accueilli près de cinq millions d’immigrants; quelque 4,1 millions d’entre eux (83 %) ont l’anglais pour première langue officielle parlée; environ 337 000 d’entre eux (6,8 %) ont le français pour première langue officielle parlée et environ 160 000 d’entre eux (3,2 %) utilisent à la fois le français et l’anglais. (Tableau 6, p. 25)

 

  • La proportion d’immigrants qui connaissent les deux langues officielles (11,4 %) est en deçà de la proportion globale de Canadiens et Canadiennes capables de s’exprimer en anglais et en français, laquelle se situe à 17 %. (Tableau 2, p. 22)

     

  • éTABLISSEMENT ET INTéGRATION

    Au Québec

    • De 1996 à 1999, le Québec a accueilli quelque 70 % de tous les immigrants au Canada qui connaissaient le français à leur arrivée. En poussant la ventilation encore plus loin, cela représente 84 % de toutes les personnes qui ne connaissent que le français, et 57 % de tous les nouveaux arrivants ayant déclaré connaître le français et l’anglais. (Tableau 3, p. 22)
    • Le Québec a vu s’accroître de façon constante sa part d’immigrants dont la langue maternelle est le français. Entre 1961 et 1970, cette part se situait autour de 76 % et, entre 1991 et 1996, elle était d’environ 85 %. (Tableau 7, p. 27)
    • Quatre-vingt-seize pour cent des immigrants unilingues francophones habitent au Québec. (Tableau 5, p. 24)
    • Un peu plus du quart des arrivants au Québec a déclaré ne parler que le français, près du cinquième a déclaré ne parler que l’anglais et environ le sixième a déclaré parler les deux langues officielles. (Tableau 22, p. 60)
    • Entre 1996 et 2000, les immigrants au Québec pour qui l’anglais était la seule langue officielle parlée représentaient environ 20 % de l’immigration provinciale totale. Cette proportion dépasse le pourcentage de la population de langue maternelle anglaise du Québec, qui représente un peu moins de 10 % de la population totale.
    • Au Québec, plus d’un anglophone sur quatre est un immigrant. L’immigration des anglophones et celle des allophones qui adoptent ultérieurement l’anglais comme langue d’usage à la maison ont non seulement eu une incidence démographique profonde sur la communauté, mais elles ont aussi affecté l’identité de la population anglophone de la province.
    • Comme tous les immigrants au Québec, la plupart des immigrants anglophones s’établissent à Montréal ou dans les environs.
    • L’immigration anglophone au Québec a contribué à compenser la migration d’anglophones vers d’autres provinces. Cependant, étant donné le fort taux de migration interprovinciale chez les immigrants anglophones, de 1980 à 1995, le Québec a perdu au profit des autres provinces près du quart de tous les immigrants qui ne parlaient que l’anglais à leur arrivée. à titre de comparaison, seuls 3,7 % des immigrants francophones et 6,7 % des immigrants qui parlaient les deux langues officielles ont quitté le Québec pendant la même période.

     

    Ailleurs au Canada

    • En 1996, les personnes nées à l’étranger représentaient près de 20 % de la population canadienne dans son ensemble et moins de 5 % de la composition des communautés francophones minoritaires à l’extérieur du Québec.
    • à l’extérieur du Québec, la répartition des immigrants francophones s’apparente à celle de la vaste majorité des arrivants au Canada. Les immigrants francophones s’installent surtout dans les grands centres urbains du pays. Ils ne choisissent pas nécessairement de s’installer là où la population francophone au Canada est concentrée.
    • Après le Québec, c’est l’Ontario qui accueille le plus grand nombre d’immigrants de langue maternelle française (13 %). Après Montréal, c’est Toronto qui accueille le plus grand nombre d’immigrants de langue maternelle française
    • . (Tableau 8, p. 30)

    • Bien qu’un très petit pourcentage de francophones habite la Colombie-Britannique (1,5 %), une proportion des immigrants francophones relativement grande s’y installe (4 %). Cette province compte en fait un plus grand nombre d’immigrants de langue maternelle française que de francophones qui y sont nés. (Tableau 8, p. 30)
    • Au Nouveau-Brunswick en revanche, on remarque un écart considérable entre la proportion de francophones du Canada habitant cette province (3,5 %) et le pourcentage d’immigrants de langue maternelle française que reçoit cette dernière (1,4 %). (Tableau 8, p. 30)

    • L’immigration peut modifier favorablement la proportion de francophones au sein d’une population donnée. Les immigrants francophones de Toronto et de Vancouver représentent près du quart de tous les francophones y habitant.

    • Ailleurs qu’au Québec, 98 % des immigrants sachant s’exprimer en français parlent l’anglais également. Bien peu des immigrants qui se sont établis dans le reste du Canada continuent de parler uniquement le français, ce qui est le cas des immigrants arrivés au pays aussi récemment que pendant la période allant de 1991 à 1996.
    • Au Nouveau-Brunswick et au Québec, il y a peu de transferts linguistiques chez les immigrants de langue maternelle française et par ailleurs la population francophone s’est enrichie d’un certain nombre de nouveaux arrivants dont la langue maternelle n’était ni le français ni l’anglais, et qui ont fini par adopter le français à la maison. Environ la moitié des immigrants francophones qui s’installent à l’ouest du Québec effectuent un transfert linguistique, c’est-à-dire qu’ils adoptent l’anglais comme langue d’usage. Cela est en partie attribuable au fait que de nombreux immigrants se sont tournés vers les institutions de langue anglaise.

     

    PAYS SOURCES

  • Historiquement, l’Europe a été la principale source d’immigrants francophones au Canada. Pendant les années 1990 par contre, la majorité des immigrants francophones qui sont arrivés au Canada n’étaient pas d’origine européenne et près des trois quarts de ces nouveaux arrivants appartenaient à une minorité visible. Cela est vrai de tous les immigrants au Canada en général.

  • Même si les états-Unis ne peuvent offrir de services en français comme le Canada, ils exercent tout de même un puissant attrait sur les immigrants. De 1991 à 1996, les états-Unis ont réussi à attirer un assez grand nombre d’immigrants francophones de pays ou régions comme la France, l’Afrique du Nord et Haïti (182 029) par rapport au nombre ayant immigré au Canada, Québec y compris, pendant la même période (33 980). (Tableau 11, p. 34)

  • Renseignements :

    Catherine Scott, attachée de presse (613) 995-0374
    1 877 996-6368 (sans frais)

     

    L’étude et ce communiqué sont affichés sur notre site Internet : http://www.ocol-clo.gc.ca, sous la rubrique « Quoi de neuf ».

     

    Pour obtenir un exemplaire de cette publication, téléphoner au (613) 996-6368 ou au 1 877 996 6368.


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