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LE TOUT-ANGLAIS GLOTTOPHAGE

LE TOUT-ANGLAIS GLOTTOPHAGE
«L’anglais doit devenir la langue dominante remplaçant les
autres langues et leurs visions du monde.»

La problématique linguistique devient en effet de plus en plus
épineuse, avec l’arrivée d’une dizaine de nouveau pays, …alors que les
services européens doivent être fortement comprimés! En 1990 , environ
1.000.000 pages devaient être traduites; leur nombre est passé à 2.610.000
en 2000; or, cette traduction revient à 175 € /page dans les services de
traduction, et à 130 €/page lorsque le travail est fait par un freelance.
Selon les nouveaux plans, la Pologne, avec 38.000.000 habitants, aura 40% de
traducteurs en moins que le Danemark avec 5.000.000 habitants; d’ores et
déjà les nouveaux arrivants sont traités comme des Européens de second rang
d’un point de vue linguistique. Ceci se passe à l’intérieur des instances
européennes, me direz-vous. Certes, mais même les simples citoyens
commencent à être discriminés, car les services européens essaient d’imposer
le "tout-anglais". Permettez-moi, comme illustration, un extrait d’une
lettre d’un professeur de l’Université de Mons-Hainaut, Faculté des
Sciences, Service de Chimie Physique Appliquées : "Lorsqu’on veut présenter
un projet de recherche à la Communauté Européenne, il faut le faire en
utilisant des formulaires officiels. Ceux-ci sont envoyés en anglais, une
petite partie est disponible en français. Les bruits courent que les projets
de recherche présentés pour financement à la Communauté Européenne ne sont
même pas lus s’ils ne sont pas présentés en anglais; ils sont classés sans
suite". No comment! Bref, selon certaines informations reçues de
fonctionnaires européens, il semblerait que l’on se dirige à très court
terme vers l’unilinguisme pur et simple. D’énormes pressions sont
actuellement exercées dans ce sens. A verser à votre dossier, voici un autre
extrait de lettre qui me parait très significatif :
"N’est-ce pas là se conformer au voeu clairement exprimé des Anglo-saxons
qui , dans leurs publications en anglais ,comme M.David Rothkopf dans son
"Praise of Imperialism?" (Eloge de l’Impérialisme?) , montrent quels
avantages ils en récolteront "dans les domaines économiques et politiques"?
Nos responsables de tous ordres, qui préconisent le tout-anglais, ou qui
font tout pour le mettre en oeuvre, auraient intérêt à lire quelques livres
édités aux USA ou en Grande -Bretagne : par exemple
"English as a global language" de David Crystal
"Language Death" de David Crystal (Cambridge University Press) et en priorité
"Linguistic Imperialism" de Robert Phillipson (Oxford University Press)
"Linguistic Genocide in Education ..or worldwide diversity and human
rights?" de Tove Skutbabb-Kangas chez L.E.A. Mahwah,New Jersey and
London .

Cette imposition de "native Eglish speakers" constitue un double danger.
Dans une première phase, c’est obliger les jeunes générations à se trouver
en position d’Européens de second rang comparés aux anglophones de
naissance, et dans une seconde phase, c’est menacer mortellement les autres
langues elles-même, car les langues sont mortelles. Claude Duneton dans "La
mort du français"(Plon éditeur) et Claude Hagège dans "Halte à la mort des
langues"(chez Odile Jacob) essaient en vain (?) d’alerter nos contemporains.

Nos responsables auraient intérêt à lire les pages 166 à 168 de "Linguistic
Imperialism", l’ouvrage de Robert Phillipson ( professeur anglais, maître de
conférences en anglais et en pédagogie des langues, enseignant à
l’Université de Roskilde(Danemark). Ils y trouveraient les termes du rapport
confidentiel d’une Conférence anglo-américaine tenue en 1961 pour définir
une stratégie de l’expansion de la langue anglaise, dans le but avoué de
servir leur économie et leur politique, en faisant adopter à tous leur
vision du monde ! Robert Phillipson souligne page 168 l’argument développé
par Richards : "L’anglais doit devenir la langue dominante remplaçant les
autres langues et leurs visions du monde : CHRONOLOGIQUEMENT LA LANGUE
MATERNELLE SERA ETUDIEE LA PREMIERE MAIS L’ANGLAIS EST LA LANGUE QUI PAR LA
VERTU DE SON EMPLOI ET DE SES FONCTIONS DEVIENDRA LA LANGUE FONDAMENTALE"
(ou prioritaire ?).

Robert Phillipson ajoute que ce rapport fut "écrit pour l’usage interne du
British Council et, qu’en conséquence, son contenu diffère de celui des
textes équivalents destinés à être publiés pour le grand public: il en dit
long sur le contenu de l’idéologie dominante et sur ce qui se cache derrière
la rhétorique de compréhension internationale proclamée à l’extérieur ".

Selon Richards (1961), "un ministre de l’éducation peut ne pas être un
bon juge des intérêts de son pays et il convient de lui rappeler que
l’anglais est le véhicule de tout ce qui a été pensé et senti au cours des
siècles , comme il est la clé de l’avenir prodigieux qui nous attend. Si les
pays non-anglophones peuvent décider eux-mêmes de leur politique, ils ont
néanmoins besoin d’être guidés fermement afin qu’ils puissent apprécier ce
qui est bon pour eux. En conséquence si les Ministres de l’Education
manquent de reconnaître cette vérité, parce qu’ils sont aveuglés par leur
nationalisme, c’est le devoir des représentants du noyau des anglophones de
passer outre "(page 167)". (fin de citation).

Au niveau des simples citoyens européens, l’idéal serait sans doute que, aux
côtés des autres langues, l’on puisse promouvoir l’usage d’une langue
commune, mais neutre (comme le latin et l’espéranto) et de préférence
relativement facile à étudier (comme l’espéranto –
www.esperanto.net ).
C’est précisément cette langue que l’Académie Internationale des Sciences,
dont le siège juridique se trouve à Saint-Marin, a repris parmi ses langues
officielles (avec l’allemand, l’anglais, le français, l’italien) et de
travail, pour ses qualités avérées : neutralité, simplicité, précision,
concision (cf. le site
www.ais-sanmarino.org
).

L’espéranto est aussi une langue que j’utilise quotidiennement depuis
plusieurs années avec des personnes de tous les continents, de toutes
cultures, de toutes obédiences religieuses, politiques, philosophiques, de
toutes classes sociales.

Avec l’espéranto comme langue commune, l’on pourrait promouvoir un réel et
sain plurilinguisme tous azimuts plus respectueux de toutes les langues. A
mes yeux, c’est la seule alternative au "tout-anglais" glottophage.

Germain PIRLOT
gepir.apro@pandora.be

( Ce texte nous a été communiqué par nos correspondants M. Adrien Borel,
adrienborel@yahoo.fr, et Mme
Anna-Maria Campogrande,

Anna-Maria.Campogrande@cec.eu.int
)

(Le 27 janvier 2002)


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