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LA SITUATION DU FRANÇAIS AU CANADA

LA SITUATION DU FRANçAIS AU CANADA

Le texte suivant est le communiqué intégral émis par la Commissaire aux
langues officielles, Mme Dyane Adam, le 3 0ctobre 2002, à l’occasion du dépôt de
son rapport annuel au Parlement du Canada.

Le train du renouveau des langues officielles quitte enfin la gare…
mais les progrès sont lents et sporadiques

Dans son troisième rapport annuel qu’elle a déposé aujourd’hui au Parlement,
la Commissaire aux langues officielles, madame Dyane Adam, constate que des
initiatives ponctuelles de la part du gouvernement fédéral au cours de l’année
2001-2002 laissent entrevoir une mobilisation certaine, un changement d’attitude
et une plus grande collaboration pour ce qui est de redresser le programme des
langues officielles. Si la voie que le gouvernement empruntera commence à se
préciser, la Commissaire déplore tout de même sa lenteur excessive à concrétiser
ses engagements politiques.

Il y a deux ans déjà, madame Adam avait décrié l’absence d’un leadership
politique et administratif cohérent et souligné l’urgence de passer à l’action
afin de revitaliser la dualité linguistique. Le gouvernement avait accepté ce
diagnostic et s’était engagé à mettre en place de nouvelles mesures énergiques.
« Le travail est bien amorcé et les progrès sont réels et visibles cette année,
mais combien lents et sporadiques. J’exhorte le gouvernement à accélérer la
cadence », a déclaré la Commissaire.

Le rapport annuel innove cette année en formulant sept recommandations
précises. Elles ont pour objet d’aider le gouvernement à cibler davantage les
actions concrètes à prendre pour renforcer son leadership politique et
administratif en matière de langues officielles et pour mieux ancrer la dualité
linguistique dans la culture organisationnelle de la fonction publique fédérale.
La Commissaire évaluera la mise en oeuvre de ces recommandations dans son
prochain rapport annuel.

La Commissaire est d’avis qu’il manque toujours des pièces importantes pour
remettre la dualité linguistique canadienne solidement sur les rails.
Premièrement, la volonté d’agir du gouvernement doit se traduire par une
stratégie d’ensemble assortie d’objectifs précis et d’un cadre d’imputabilité.
Il est essentiel que le gouvernement alloue le financement nécessaire à la
réalisation de cette stratégie. « Sinon, nous risquons de nous retrouver avec un
chapelet de réformettes sans cohésion ni finalité. Le ministre Dion et ses
collègues du Cabinet font un sérieux travail de réflexion et de consultation
pour élaborer un plan d’action. L’itinéraire du train des langues officielles
doit se préciser rapidement et le gouvernement devra veiller à ce que la
locomotive ait suffisamment de carburant pour le voyage ».

Deuxièmement, une synergie du leadership politique et administratif est
essentielle pour donner un nouvel élan à la politique des langues officielles.
Quoique la situation soit loin d’être parfaite, madame Adam constate certains
progrès à cet égard. Elle souligne de façon particulière le travail des
parlementaires, qui se sont mobilisés pour défendre avec vigueur les droits
linguistiques de la population canadienne en examinant des dossiers d’importance
comme l’immigration, la création d’une agence de sécurité du transport aérien ou
la situation linguistique chez Air Canada. En outre, la Commissaire applaudit
plusieurs initiatives ponctuelles du gouvernement, dont la décision d’accorder
une aide financière à la Ville d’Ottawa et au gouvernement du Nouveau-Brunswick
afin d’assurer les services bilingues au niveau municipal.

Sur le plan administratif, il y a clairement une plus grande mobilisation et
une meilleure collaboration. Le nouveau greffier du Conseil privé a d’ailleurs
fait des langues officielles une des quatre priorités de la fonction publique
pour l’année. Par contre, ce leadership doit de plus en plus s’articuler autour
d’une vision commune des langues officielles. La haute fonction publique doit
donner le ton à l’ensemble de l’appareil fédéral.

Enfin, la Commissaire consacre un chapitre de son rapport annuel au 20e
anniversaire de la Charte canadienne des droits et libertés. Madame Adam
rappelle que la Charte est bien plus qu’un simple document juridique qui sert de
référence lors de litiges. Elle est avant tout un contrat entre les citoyens et
citoyennes de ce pays et elle définit notre espace collectif. La dualité
linguistique et la diversité sont deux traits marquants de la société canadienne
et la Charte nous permet de construire une société stable où l’on valorise et
respecte explicitement les différences. Elle codifie nos grandes valeurs
sociales, dont la dualité linguistique fait partie. « Encore trop souvent, les
débats publics sur le bilinguisme ont tendance à tourner autour des questions de
coûts et d’obligations. Il est important de se rappeler que notre bilinguisme
officiel permet un dialogue et un échange continus entre nos deux grandes
collectivités linguistiques et contribue directement à l’harmonie et à la
stabilité sociales », a déclaré madame Adam.

Tout indique que le train des langues officielles quitte lentement la gare,
mais le rythme des travaux doit s’accentuer pour progresser vers l’égalité
réelle. « Si j’insiste tant sur l’urgence d’agir, c’est que le programme des
langues officielles n’est pas simplement un programme gouvernemental de plus. Il
se situe au coeur même de nos valeurs. Il est maintenant plus que temps que le
gouvernement du Canada accélère son travail et remette notre dualité
linguistique solidement sur les rails en concrétisant ses engagements », a
conclu madame Adam.

Le rapport annuel est accessible à l’adresse :


http://www.ocol-clo.gc.ca/archives/ar_ra/2001_02/2001_02-toc_tdm_f.htm

(Le 4 octobre 2002)


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