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« PAS DE FRANÇAIS, NOUS PARLONS ANGLAIS !»

« PAS DE FRANçAIS, NOUS PARLONS ANGLAIS !»
Europe – La Grande-Bretagne néglige l’enseignement des langues.

éducation. Londres prévoit de réformer le cursus scolaire. Les élèves de
primaire seraient incités à apprendre les langues modernes dès 7 ans. Mais
celles-ci ne seraient plus obligatoires après 14 ans.

L’Europe craint que la Grande-Bretagne ne néglige l’enseignement des langues
Thierry Meyer, Londres

Jeudi 14 février 2002
«Pas de français, nous parlons anglais!» C’est avec ce titre un brin
provocateur que le présentateur du journal du soir de la BBC a dévoilé un
des aspects les plus controversés de la réforme du cursus éducatif
secondaire proposée mardi par Estelle Morris, ministre de l’Education. Le
projet implique l’abandon du caractère obligatoire de l’enseignement d’une
langue étrangère pour les élèves de 14 ans et plus. En contrepartie, une
autre réforme prévoit son introduction dans le primaire. La mesure ne suffit
pas à calmer les inquiétudes des partenaires européens de la
Grande-Bretagne. Le «Green Paper» présenté mardi dessine une école
secondaire anglaise transfigurée. Dans les grandes lignes, le but de cette
réforme est de prolonger la durée des études, en diminuant l’importance des
certificats de fin d’études généralistes attribués à la fin de l’école
obligatoire (16 ans) au profit d’un système à choix flexible, inspiré par le
baccalauréat français, avec examens finaux à 19 ans. L’idée est de permettre
aux élèves de se spécialiser dans la perspective de coller au marché du
travail (FRIC).Pour donner davantage de place à ces matières «à vocation»,
le cursus académique serait donc réduit au strict minimum dès l’âge de 14
ans, et centré sur l’anglais, les mathématiques et les techniques de
l’information. C’est là que le bât blesse, aux yeux des Européens:
l’apprentissage d’une langue étrangère moderne, jusqu’ici obligatoire
jusqu’à 16 ans, deviendrait optionnel dès 14 ans. Au Ministère de
l’éducation, on se défend de laisser tomber les langues, puisque dans le
même temps, et dans un document séparé, il propose d’introduire d’ici à 2010
l’apprentissage obligatoire d’un idiome étranger (français, allemand ou
espagnol) pour les élèves de classes primaires, dès l’âge de 7 ans.

La Grande-Bretagne est actuellement le seul pays de l’Union européenne à ne
pas avoir de langue étrangère à son cursus primaire.

Lundi déjà, les ambassadeurs d’Allemagne, d’Italie et d’Espagne critiquaient
le bilan linguistique britannique, et l’impossibilité croissante de conduire
des programmes linguistiques d’échange avec le Royaume-Uni, comme cela se
fait de plus en plus entre partenaires européens.

Pour Yves Charpentier, conseiller de l’ambassadeur de France à Londres, «le
projet de rendre facultatif l’enseignement des langues dans le secondaire
est mauvais. En revanche, nous applaudissons à l’idée d’introduire les
langues étrangères au stade primaire. Mais cette contradiction nous
préoccupe. L’anglais est certes la langue dominante des affaires, mais ce
déficit linguistique placera les Britanniques en infériorité
concurrentielle, tout en les privant d’une profondeur culturelle». Un
rapport publié en l’an 2000 confirme le handicap croissant des jeunes
Britanniques sur leurs collègues européens en raison d’une mauvaise maîtrise
des langues. Les réactions des syndicats d’enseignants sont partagées:
beaucoup d’entre eux crient au loup devant ce qu’ils considèrent comme une
démission du gouvernement, tandis que le syndicat majoritaire approuve, tout
en s’interrogeant sur la capacité, financière et logistique, du ministère à
former suffisamment d’enseignants en langues pour le primaire à l’horizon
2010. Les milieux économiques réservent au projet un accueil mitigé. Pour
Ruth Lea, directrice du département politique à l’Institute of Directors,
«l’introduction d’une langue étrangère à 7 ans risque de placer les élèves
les moins assidus sous un stress énorme, et de creuser encore l’écart avec
les meilleurs». Le fait d’abandonner l’enseignement obligatoire des langues
à 14 ans est «regrettable, mais pragmatique. Nous aimerions tout de même ne
pas voir trop d’élèves laisser tomber les langues», poursuit Ruth Lea, qui
met la faute du mauvais bilan linguistique anglais sur la dégradation des
exigences au cours des vingt dernières années. A la Confédération de
l’industrie britannique, Ann Lindsay, conseillère en matière d’éducation et
d’apprentissage, minimise le problème par une approche UTILITAIRE du débat.
«Nous sommes satisfaits de voir que le projet gouvernemental s’attaque
d’abord aux matières principales, comme l’anglais, les maths ou les
techniques de l’information. Les BESOINS des employeurs vont d’abord vers
des qualités autres que la maîtrise d’une langue étrangère. Cela est sans
doute dû en partie à la position particulière de l’anglais dans le monde.
Cela dit, nous sommes conscients du bénéfice qu’apporte le plurilinguisme.
C’est en montrant le taux élevé d’emploi des élèves qui ont appris une
deuxième langue que nous attirerons plus d’adolescents vers l’apprentissage
des langues.»

(Ce texte extrait de Le Temps.ch
http://www.letemps.ch/ nous
a été
communiqué par notre correspondant M. Claude Rifat
cyrano@aqua.ocn.ne.jp )


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