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GAROU – « EN ANGLAIS, C’EST PLUS FACILE ».

Garou – « En anglais, c’est plus facile ».

Pour un Québécois, chercher le français qui exprime les mêmes choses dans
les deux pays, ce n’est pas simple. Tandis qu’en anglais, c’est plus facile,
c’est les deux doigts dans le nez !

Le Figaro 21/03/2002 p. 27

Par Bertrand DICALE.

Avant ses projets américains, nouveaux succès en tournée pour le
chanteur québécois

Garou n’en finit plus de triompher. Bercy et quelques dates encore de tournée
à guichets fermés, des disques vendus par millions: Pierre Garand, révélé par
le rôle de Quasimodo dans Notre-Dame de Paris, ne cache pourtant pas, à
l’occasion, un peu de circonspection. Il se proclame « entertainer et pas
chanteur », se refuse à écrire des chansons, mais remplit les salles avec un
concert constitué des tubes de Plamondon et Cocciante, de grandes reprises (de
Jean-Jacques Goldman à James Brown) et de quelques chansons originales. Ainsi,
il devait chanter hier soir à Bercy son duo Sous le vent, avec Céline Dion. Sa
compatriote et aînée dans la gloire a d’ailleurs pris son destin en main:
c’est « managé » lui aussi par René Angelil qu’il va bientôt partir à l’assaut
du marché américain.

LE FIGARO. Vous devez crouler sous les propositions…

GAROU. A ma grande surprise, on m’a proposé des premiers rôles dans des films.
Mais je refuse. J’aimerais faire un petit rôle, voir si j’arrive à apporter à
un film autre chose que de la publicité et une subvention gouvernementale du
Québec. Je veux que le projet ne soit pas de mettre un chanteur populaire dans
le casting. Mais pas un rôle principal: je pourrais le bousiller et il y a
tellement peu de bons scénarios… Avec Quasimodo, j’ai l’impression d’avoir
réussi mon boulot à Londres, mais pas ici à Paris. En France, l’album et Belle
avaient fait un énorme carton, les gens nous connaissaient avant de nous voir
en costume. Alors, ils ne croyaient plus au personnage, ils voyaient
l’interprète. A Londres, personne ne nous connaissait: les gens voyaient
Quasimodo, point. Garou n’existait pas.

La France vous intimide-t-elle ?

Non, plus maintenant que je suis adopté. Mais, au départ, je me sentais
tellement américain, ne serait-ce que dans mon bagage musical. J’avais déjà
fait des rencontres dans le business aux Etats-Unis, je me dirigeais vers une
carrière là-bas. Mais j’arrive en France, et là… waow ! (Air béat
d’admiration.) Je me suis dit que, passé les premiers six mois d’adaptation,
ça serait plus calme. Eh non ! Je crois que vais toujours garder un port
d’attache à Paris.

Vivre entre le Québec et la France ?

Oui, et aussi bientôt à New York. Ma copine est suédoise et on se parle en
anglais notre seconde langue à tous les deux. Elle a un peu fait le tour du
monde et New York sera la prochaine étape. Et, dans mon métier, c’est ce qui
va arriver de toute façon.

Votre conquête de la France s’est faite d’une manière que vous n’imaginiez
pas. Conquérir l’Amérique risque d’être une entreprise plus difficile…

Ah, c’est différent ! C’est plutôt l’équipe de Céline Dion qui a le vrai
challenge; moi, artistiquement, je vais retourner à mes racines musicales en
chantant en anglais. J’ai trouvé difficile de faire un album en français. Pour
un Québécois, chercher le français qui exprime les mêmes choses dans les deux
pays, ce n’est pas simple. Tandis qu’en anglais, c’est plus facile, c’est les
deux doigts dans le nez ! L’équipe est ambitieuse; moi, si ça ne marche pas,
ça ne me gênera pas du tout. Mais je sais que je vais bosser quoi qu’il
arrive. Et comme un fou. Je dînais récemment chez Céline et elle m’a dit: « Si
tu crois que tu as travaillé, là tu n’as pas commencé encore. » Elle sait où
elle m’envoie: la promo mondiale, elle l’a déjà faite.

Votre culture musicale originelle est essentiellement américaine. Quels sont
vos premiers souvenirs de chanson française ?

Des disques de mes parents, je pense. Peut-être Joe Dassin, Nana Mouskouri…
En chanson française, je n’ai pas du tout la culture de mon âge. Ce qui fait
des gags chaque année pour le concert des Enfoirés. On doit reprendre des
chansons très connues et je ne connais rien. Cette année, Jean-Jacques Goldman
me dit: « Tu veux chanter La Fille de l’été dernier ? » Je ne connais pas. Il
me chante le refrain. Ah, c’est Summertime Blues ! (Il chante en riant, avec
un fort accent français) « Pour rencontrer la filleuh/De l’été dernier ».

ça vous fait rire, le rock en français ?

L’ancien rock en français, oui. Je ne dénigre pas du tout mais j’ai été bercé
par Elvis. Ici, on se demande s’il a existé. Vous avez Johnny.

Et, justement, chez les Enfoirés, au milieu du show-biz français, vous
sentez-vous comme un lointain cousin d’Amérique ?

Au quotidien, on voit bien que je suis québécois. Mais quand j’arrive pour
chanter, pour le public comme pour les artistes, je suis français. Je trouve
même que je prends trop de place.

Ce soir, Paris (Bercy), du 23 au 25 mars à Bruxelles, le 29 au Mans, le 30 à
Rouen, le 31 à Metz, le 2 avril à Mulhouse, le 3 à Chalons-sur-Saône, les 5 et
6 à Clermont-Ferrand, le 7 à Bourges, le 9 à Brest, le 10 à La Roche-sur-Yon,
le 12 à Paris (Bercy).


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