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CANADA – ON A TROUVÉ L’ENNEMI… C’EST L’UN DE NOUS !

STéPHANE DION
Canada – On a trouvé l’ennemi… c’est l’un de nous !

Comment peut-on garder son calme et continuer de croire à
la politique des deux langues officielles du Canada lorsque le Ministre Stéphane
Dion, responsable de l’application de la Loi sur les langues officielles, nous
dit qu’il faut arrêter de lutter pour la reconnaissance du Français en ayant
recours aux tribunaux à cette fin.

Le ministre laissait entendre que l’application intégrale de la
Loi coûtait cher et qu’il fallait faire des choix dans les dépenses
gouvernementales. De telles réflexions nous amènent à conclure que le pire
ennemi de la reconnaissance et de la promotion des deux langues officielles au
Canada, ce n’est pas tant la communauté linguistique anglophone qu’un de nos
représentants francophones, de surcroît ministre responsable de l’application de
la Loi.

On comprend mal qu’alors qu’il est à Toronto, le chef lieu du Gouvernement de
l’Ontario, qu’il prend la parole devant un auditoire de juristes, qu’il peut
faire une sortie sur l’importance de reconnaître qu’il y a deux langues
officielles au Canada, sur l’importance de donner à la Ville d’Ottawa, un statut
officiel bilingue, il laisse entendre que les droits des francophones doivent
être relativisés.

Il fallait plutôt leur rappeler que déjà depuis 1848, sous la Couronne
britannique, la langue française a été reconnue comme l’une des deux langues
officielles du Canada, que les deux langues officielles ont un statut égal en
loi et que la Loi sur les Langues Officielles de 1969 venait confirmer ces
droits et en préciser l’application.

Il fallait leur parler de la nécessité de reconnaître que la Ville d’Ottawa
n’est pas une ville ordinaire comme les autres et qu’en conséquence le
Gouvernement de l’Ontario se doit d’agir de façon responsable en accordant à la
Capitale du Canada un statut de ville bilingue.

Il fallait laisser entendre que le Gouvernement du Canada est déterminé à
prendre les moyens juridiques ou législatifs qui s’imposeront si par
inadvertance le Gouvernement de l’Ontario refusait de répondre positivement à la
demande formulée par la Ville d’Ottawa.

En réponse à une lettre que je lui adressais en mai 2000, le ministre Dion me
répondait : « Il est tout à fait raisonnable qu’Ottawa, en tant que siège du
gouvernement canadien, reflète dans sa vie civique notre dualité linguistique.
C’est dans cet esprit que le Premier ministre du Canada s’est entretenu avec le
Premier ministre de l’Ontario sur l’importance de reconnaître les deux langues
officielles dans la nouvelle Ville d’Ottawa. J’ai fait de même avec mon
homologue, l’honorable Norman Sterling, ministre des Affaires
intergouvernementales et leader parlementaire du gouvernement de l’Ontario. »

Le ministre Dion concluait sa lettre : « Nous comptons continuer de
favoriser, par tous les moyens possibles, la progression de la dualité
linguistique à Ottawa en tant que siège du gouvernement canadien et Capitale de
tous les Canadiens et Canadiennes. »

Maintenant que la Ville d’Ottawa réclame l’aide financière du Gouvernement du
Canada pour mettre en pratique le bilinguisme dans ses services municipaux, les
bonnes intentions du gouvernement fédéral, et des ministres francophones Dion et
Martin, ne semblent se mesurer qu’en signe de piastres. Le discours de Toronto
renforce cette perception.

Antoine L. Normand
AYLMER QC

antoine.normand@sympatico.ca

(Le 1er février 2002)


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