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AUTORISÉ PAR LE MINISTÈRE QUÉBÉCOIS DE L’ÉDUCATION

AUTORISé PAR LE MINISTèRE QUéBéCOIS DE L’éDUCATION
Contourner la Charte de la langue française.

(Le texte suivant de la journaliste Ginette Gagnon
GGagnon1@lenouvelliste.qc.ca )
est extrait du quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières.)

L’anglais à deux vitesses

Ginette Gagnon
Le Nouvelliste

Qu’il y ait dans une petite région comme Victoriaville 140 familles
disposées à payer 5200 $ par année pour envoyer leur enfant de niveau
primaire dans une école entièrement privée anglophone, témoigne d’une
insatisfaction éloquente face au système scolaire actuel, particulièrement
au niveau de la maîtrise de l’anglais en bas âge. S’il en coûtait moins cher
pour fréquenter l’école Vision School, combien d’autres parents opteraient
pour cette formule d’apprentissage enrichi?

Vision School détient un permis du ministère de l’éducation. C’est une école
alternative qui a vu le jour dans les Bois-Francs et qui est en train de se
multiplier. La succursale de Québec a ouvert ses portes en septembre et la
clientèle s’y presse. Vision School aura aussi pignon sur rue à
Trois-Rivières et à Sherbrooke pour la rentrée de 2003. Elle a également ses
antennes à Varenne et à Drummondville.

La loi actuelle stipule que seuls les élèves dont un des parents a étudié
dans une école anglophone au Canada ont accès à l’école anglophone au
Québec. Pour tous les autres élèves québécois, francophones et allophones,
l’immersion en milieu anglophone, même temporaire, est tout à fait
interdite. Pour contourner cette disposition de la Charte de la langue
française, des parents peuvent opter pour une école anglophone entièrement
privée, c’est-à-dire non subventionnée par le gouvernement.

C’est cette voie qu’ont choisi d’exploiter Diane Doucet et Yvon Courcy avec
l’école Vision School qui offre de l’enseignement de niveau pré-scolaire,
primaire et commence même à tâter du secondaire. Cette formule d’école ne se
démarque pas seulement par le fait que les cours y sont donnés en anglais,
sauf le français, mais par l’introduction de l’espagnol dès la première
année et par le fait que les enfants y passent 6 heures et demie de plus par
semaine. Bref, il s’agit d’un programme enrichi qui ne s’adresse pas aux
enfants qui ont des difficultés d’apprentissage.

Parce que l’état s’est fait frileux en matière d’enseignement de l’anglais
langue seconde de peur que les immigrants optent pour l’anglais et de peur
aussi que les petits Québécois francophones se laissent séduire par
l’anglicisation, nos jeunes accusent un retard pitoyable dans la maîtrise de
l’anglais. C’est d’autant plus désolant que le défi est monté d’un cran au
cours de la dernière décennie: ce n’est plus seulement la connaissance de
l’anglais qui s’avère importante pour évoluer de nos jours sur le marché du
travail, mais de plus en plus la connaissance de l’espagnol. Or, au Québec,
on peine toujours à former des étudiants à l’aise dans la langue de
Shakespeare. L’anglais est toujours enseigné chez nous au compte-gouttes.
Quelques écoles ont mis de l’avant les bains linguistiques qui ont l’air
prometteurs, mais ils s’adressent encore là, il faut l’admettre, aux élèves
les plus performants puisque le programme de l’année scolaire se condense en
quelques mois pour permettre l’enseignement concentré de l’anglais sur le
reste du calendrier scolaire.

Un grand nombre de parents souhaiteraient que l’école en fasse plus au
niveau de l’anglais, mais parce qu’au Québec la connaissance de l’anglais
relève tout autant du politique que du pratique, le dossier est toujours
traité avec des pincettes. Le Parti libéral propose bien que l’anglais soit
enseigné dès la première année, mais si on maintient la technique du
compte-gouttes même étiré sur un plus grand nombre d’années, il est loin
d’être assuré qu’on va renverser la tendance.

Bref, les travers du système ont fait en sorte qu’on en est arrivé à
l’anglais à deux vitesses, même en régions. Une pour les enfants de milieux
privilégiés, l’autre pour les autres.

***********
NDLR – Nous vous invitons à communiquer avec le ministre de l’éducation du
Québec, M. Sylvain Simard (
ministre@meq.gouv.qc.ca
), afin de lui faire
part de vos commentaires sur les politiques, les directives et les pratiques
de son ministère qui autorisent l’émission de permis à des établissements
scolaires privés qui contournent, de surcroît sciemment, la Charte de la
langue française.

(Le 23 octobre 2002)


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