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ORGANIMES SPORTIFS CANADIENS : LE TEMPS DES VOEUX PIEUX EST DEPUIS LONGTEMPS RÉVOLU.

LETTRE à STéPHANE DION
Organismes sportifs canadiens : le temps des voeux pieux est depuis longtemps révolu.

Le 27 juillet 2001

Monsieur Stéphane Dion
Ministre des Affaires intergouvernementales et Président du Conseil privé
Ministre responsable des langues officielles
Bureau du Conseil privé
Pièce 1000
85, rue Sparks
Ottawa (Ontario)
K1A 0A3

Monsieur le Ministre,

Impératif français a plus d’une fois reproché au gouvernement du Canada son manque de courage à faire respecter la Loi sur les langues officielles au sein des organismes nationaux de sports (ONS) dont le financement public atteindra plus de 40 millions de dollars cette année. (http://www.pch.gc.ca/sportcanada/SC_F/9900f2.htm).

Avec l’argent des contribuables, ces organismes ont pour mandat de préparer les athlètes canadiens pour les Jeux olympiques d’été et d’hiver, de représenter le Canada auprès de leur fédération internationale et d’encadrer l’effort sportif au Canada.

Nous vous rappelons que le 14 juin 2000, la commissaire aux langues officielles, madame Dyane Adam, rendait un rapport public qui concluait clairement que les athlètes francophones du Canada devaient apprendre l’anglais s’ils voulaient monter sur le podium. La commissaire proposait un plan stratégique de changement accompagné d’un échéancier précis de réalisation. Certaines mesures devaient être mises en place avant avril 2001. Parmi celles-ci notons la révision du Cadre de financement et de responsabilité en matière de sport afin d’obliger les organismes de sport à relever et à éliminer les obstacles à la participation des francophones, la surveillance des objectifs par Sport Canada en ce qui a trait aux langues officielles, la vérification de la conformité des programmes financés par le gouvernement fédéral aux réglementations du Conseil du trésor en matière de langues officielles, etc.

Or, à ce jour, malgré les promesses du secrétaire d’état en titre, monsieur Denis Coderre, bien peu semble avoir été fait : le Cadre de financement ne semble pas avoir été retouché, la politique nationale sur le sport que propose le secrétaire d’état ne fait aucunement état du problème de discrimination chronique, documenté par la commissaire aux langues officielles, auquel les athlètes francophones doivent faire face, le budget des dépenses de Patrimoine Canada de 2001-2002 ne prévoit aucune mesure précise suggérée par la commissaire pour combler les lacunes des fédérations sportives en matière de service aux francophones, etc.

De plus, Impératif français vient de revisiter les sites Internet de certains organismes qui ont refusé jusqu’à maintenant de se conformer à la Loi sur les langues officielles en juin 2000. En dépit des promesses du secrétaire d’état au Sport amateur, monsieur Denis Coderre, la situation discriminatoire à l’égard des francophones persiste : plusieurs sites demeurent unilingues anglais ou affichent surtout dans cette langue. C’est le cas notamment de l’Association canadienne de crosse, de l’Association canadienne de soccer (avec laquelle le secrétaire d’état vient de conclure un partenariat dans le but d’obtenir le Mondial, ce qui prouve que le mépris la Loi sur les langues officielles ne porte pas à conséquence), d’Athlétisme Canada, de Water-polo Canada, de Natation Canada, de Badminton Canada…Lorsqu’une version française existe, très souvent celle-ci est abrégée. Dans bien des cas, la version anglaise prédomine, l’accueil étant en anglais !

De son côté, le site Internet officiel des Jeux de la francophonie 2001, olympiades des pays membres de la Francophonie internationale, était complètement bilingue, grâce aux pressions et à l’argent du gouvernement du Canada !

Le gouvernement du Canada est grandement responsable du sort peu enviable que subissent la langue française, les francophones et les athlètes francophones au sein des associations sportives canadiennes, la langue des sites Internet n’étant que la partie «visible» d’un problème plus répandu. Nous vous rappelons qu’en 1990, devant la Commission Bélanger-Campeau, Sport Québec affirmait que le partage actuel des pouvoirs entres les organismes sportifs nationaux et provinciaux établit que le système du sport québécois dépend du système du sport canadien et que les athlètes unilingues francophones doivent franchir un obstacle additionnel lors des sélections canadiennes lorsqu’ils ne peuvent pleinement communiquer dans leur langue avec les entraîneurs et les responsables des sélections. De plus les athlètes unilingues francophones ont moins de chances d’être appuyés dans leur développement vers la haute performance dans le système canadien car la majorité des professionnels et bénévoles responsables de la sélection et de l’encadrement des athlètes sont unilingues anglophones. La commissaire aux langues officielles reprenait à peu près les mêmes propos dans son communiqué du 14 juin 2000.

Le temps des voeux pieux est depuis longtemps révolu. Le gouvernement fédéral est impliqué dans le financement du sport depuis plus de trois décennies maintenant. Au cours de ces années, il a mis sur pied des programmes pour soutenir le bilinguisme, exigé des fédérations sportives qu’elles offrent des services dans les deux langues, etc., sans jamais être en mesure de mettre un terme au régime discriminatoire envers les francophones qui sévit chroniquement dans le système sportif canadien. Aussi, nous vous prions de nous informer des mesures que vous envisagez dans votre plan d’action qui doit être présenté cet automne au cabinet afin de corriger une fois pour toutes la situation discriminatoire infligée aux athlètes francophones canadiens. Nous vous rappelons que la commissaire dans son étude publiée en juin 2000 écrivait : si le bilinguisme dans le sport est vraiment une priorité du gouvernement, celui-ci devrait donner suite en investissant l’argent et les compétences voulues pour que les organismes de sport puissent respecter les exigences fondamentales de la gestion du développement du sport dans un pays bilingue. Nous nous attendons à ce que votre plan d’action identifie clairement les problèmes que vivent les francophones dans le système sportif canadien (qu’ils soient athlètes élites ou récréatifs) et qu’il propose des solutions pour les régler.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, nos salutations distinguées.

Le président,
Jean-Paul Perreault

cc. Madame Sheila CoppsMinistre du Patrimoine canadien
Monsieur Denis CoderreSecrétaire d’état au Sport amateur
Monsieur Richard LegendreMinistre québécois délégué au Sport
Madame Dyane Adam
Commissaire aux langues officielles du Canada


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