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LE ROI-NÈGRE EST NU

LE ROI-NèGRE EST NU

C’était un des constats accablants de la commission
Laurendeau-Dunton: les francophones n’occupent que des postes
subalternes dans la fonction publique fédérale, ils sont
quai-absents de la haute direction des ministères et ceux qu’on
y retrouve s’y conduisent pour ne pas faire de vagues,
c’est-à-dire en donnant tous les signes du déni identitaire.
Quarante ans plus tard, La Presse (22 mars 2001) consacre un
article en première page à la sous-représentation scandaleuse
des francophones dans la haute-fonction publique!… Rien ne
changera donc jamais dans le plus meilleur pays du monde?

Rien ne change et pourtant les choses ont changé. Les faits,
l’exclusion, la présence marginale restent aussi têtus qu’avant.
Il ne reste plus que deux sous-ministres francophones à Ottawa.
La situation s’est détériorée. Ce qui n’est plus comme avant,
c’est le discours des politiciens francophones sur le sujet.
Discours? L’expression est elle-même trompeuse car les sparages
idéologiques que nous tiennent les fédéraux (pour l’essentiel,
du reste, les francophones de service du gouvernement Chrétien)
ne servent que des fins apologétiques. Les faits aussi
troublants ne font jamais l’objet ni de scandale, ni d’actions
spectaculaires mais bien seulement de vagues promesses,
recyclées à chaque fois que le sujet revient dans l’actualité
par un quelconque rapport syndical ou une sempiternelle
lamentation du Commissaire aux langues officielles. Ce qui a
changé, c’est que la démission des élus francophones est
désormais totale et ouverte.

L’anglais est la seule langue de décision au gouvernement du
Canada. Et la chose est acceptée comme telle par les libéraux
fédéraux qui règnent pour ainsi dire sans partage sur l’état
canadien depuis assez longtemps pour avoir eu toutes les
occasions de faire autrement. Le français n’est rien d’autre
qu’une parade idéologique pour contenir le Québec. C’est la
langue de la fausse façade des services bilingues. C’est la
langue de la différence de pacotille d’un nationalisme canadian
qui le brandit comme une icône pour essayer de conjurer la
fascination de la population canadienne pour le main stream
America.

Le français d’Ottawa c’est essentiellement la langue de la
complaisance et de la servitude. C’est la langue de ministres
francophones qui se laissent imposer l’anglais par des
sous-ministres unilingues totalement indifférents à ce qu’ils
sont. C’est la langue du consentement au pitoyable spectacle du
sous-ministre responsable de l’application de la loi sur les
langues officielles qui ne parle pas un mot de français. La
réalité, c’est que le français n’est plus qu’une affaire
d’hypocrisie politicienne. Une affaire qui illustre au plus haut
point le reniement des fédéralistes francophones qui cautionnent
ces faits en essayant de nous faire croire que la tolérance dans
laquelle ils les tiennent est une vertu.

La vérité, c’est que les fédéralistes francophones ont d’ores et
déjà franchi le seuil sur lequel se joue le sort d’une minorité.
Les ministres francophones qui font leur trente secondes en
français à une conférence de presse à Saskatoon ne défendent
plus leur langue, ils entretiennent une illusion. Les
francophones au pouvoir ne servent plus que leurs intérêts
personnels ou ceux d’une majorité dont ils acceptent, jusque
dans leur bureau, l’écrasante indifférence à notre égard. En
toute logique, il faut bien reconnaître que les deux choses ne
sont pas mutuellement exclusives. Et c’est pourquoi, le discours
qu’ils tiennent n’et pas celui de la place qu’ils occupent. Le
pouvoir qu’ils exercent se cache le visage derrière la langue
qu’ils parlent selon les endroits où ils parlent. André
Laurendeau avait jadis semé le scandale en osant, le premier,
dans un éditorial du Devoir, dénoncer les attitudes et la
logique du politicien Roi-nègre . C’est un franc parler qui a
fini par lui valoir de finir à la présidence d’une commission
royale d’enquête. Parce qu’à ce moment-là, les fédéralistes
francophones avaient encore à coeur de changer les choses.

Quarante ans après son rapport, les ministres répondent en se
donnant eux-mêmes en exemple. Leur seule nomination
témoignerait, bien plus que toutes les statistiques sur
l’assimilation ou la marginalisation, de la place réelle des
francophones au Canada. Le Roi-nègre est nu.

Robert Laplante
Directeur
L’Action nationale


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