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ENTRETIEN AVEC UN PHILOSOPHE

ENTRETIEN AVEC UNE PHILOSOPHE
Tout cela semble irréel, cruel, ubuesque et surréaliste.

Yves Michaud

Conversation hier, avec un ami psychiatre : "Ceux qui accusent les
autres
d’antisémitisme exorcisent à bon marché leurs propres démons et leurs
inconscientes pulsions racistes".
J’ai alors soudainement compris le
curieux
phénomène que je m’expliquais mal. Lorsque je lis ou j’entends mon nom
assimilé à des propos antisémites, racistes ou xénophobes, je me pince, je
regarde autour de moi, comme si l’on parlait d’une personne que je ne
connais pas, qui porte mon nom mais qui m’est étrangère. Je suis l’un des
Québécois vivants, de plus en plus rares , à avoir visité en son état
originel un camp de concentration. Celui de Dachau, en 1960, ayant après de
multiples demandes infructueuses de renseignements à des Munichois,
trouvé l’emplacement grâce à l’aide d’un GI de l’oncle Sam qui se rendait
sur les lieux. Avec ma femme nous sommes entrés dans les chambres à gaz,
glacés d’effroi à la vue des murs striés des ongles d’agonisants, nous
avons vu les fours crématoires à peine nettoyés, les civières dont se
servait pour transporter les cadavres, et cette indéfinissable et étrange
odeur qui nous faisait retenir notre souffle… Nous nous sommes couchés sans
souper, incapables d’avaler une bouchée. Quelques semaines auparavant à
Paris, nous avions vu le film Nuit et Brouillard, description fidèle de ce
que Réné Lévesque nous a raconté pudiquement une seule fois en trente-cinq
ans d’entretiens amicaux, comme si l’évocation des horreurs qu’il avait vues
en pénétrant avec l’armée américaine dans les camps d’extermination lui
était insupportable.

-Comment peut-on être antisémite après avoir vécu cette expérience,
entretenu des liens d’amitiés à ce point étroits avec des amis juifs,
au
point d’être, ma femme et moi, la marraine et le parrain de deux enfants
juifs de couples différents ? Le répéterai-je assez, osé-je eu le
moindre
inconfort, le soupçon le plus évanescent d’intolérance à l’égard des fils
d’Abraham,
pourquoi ai-je vécu et vis-je encore – avec satisfaction, paix et tranquillité
– plus de
37 ans dans un quartier juif de Montréal ?

Tout cela me semble irréel, cruel, ubuesque et surréaliste:

-les accusations d’avoir tenus des propos antisémites alors qu’ils étaient
admiratifs;
-les insinuations de xénophobie alors que la moitié de ma vie a été
consacrée à l’Autre, que mes logis de Saint-Hyacinthe et de Montréal ont
été
le carrefour des nations en raison des liens d’amitié que j’ai noués avec
les Africains, Sud-Américains, Européens, etc. en ma qualité de Commissaire
général de la Coopération du Québec avec l’extérieur:
-imputation de torts que j’aurais causés à la réputation du Québec à
l’étranger alors que le vice-premier ministre actuel et héritier putatif de
la fonction de premier ministre ne cesse de répéter que je fus " le plus
grand diplomate du Québec";

Comment diable ! en est-on arrivé là ?

-Les prêtres du temple de la liberté d’expression qui violent le troisième
commandement de la Loi Suprême de leur état;.
-un parti politique qui veut libérer le peuple en emprisonnant ses
serviteurs;.
-des élus de la souveraineté populaire qui votent les yeux fermés et bouche
cousue une motion condamnant des propos dont par un seul n’a lu un traître
mot;
-des propos mensongers, mesquins, hargneux, libelleux et diffamatoires
prononcés à l’extérieur de l’Assemblée nationale;
-des ragots de presse, des éditoriaux stipendiés, des accusations
d’antisémitisme, directes et non fondées, proférées sur des plateaux de
l”audio-visuel;
-le silence inquiétant et calculé des donneurs de leçons de démocratie et
des défenseurs de service des droits et libertés;
-l’absence totale d’écho des mes membres de l’Assemblée nationale pour
réparer les torts causés à un citoyen.

Une voix s’élève dans ce qu’un ministre fédéral appelle le Québec
"profond", – dans le sens d’aller au fond de choses, au-delà
des apparences –

"De profundis clamavi"! Des profondeurs, elle crie à
l’injustice, aux procès
d’intention, à la déformation de la vérité, aux accusations obscènes, à la
mise en scène d’un tribunal d’exception, aux condamnations sans procès, aux
éclaboussures à la réputation intègre d’un citoyen qui a droit au respect
de sa dignité et de son honneur.

Cette voix est la vôtre. Elle est rare. Elle est précieuse. Tant qu’elle
sera là, obstinée, s’élevant avec un juste colère contre l’injustice, elle
justifiera mon attachement à un Québec politique, qui n’est pas exempt, hélas
!
indifféremment des partis qui se succèdent à la barre du pouvoir, sauf en de
rares occasions, au lot des bassesses, de rancunes et de trahisons qui
accompagnent
l’exercice du pouvoir.

Le dimanche 11 février.


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