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VITE, LA POTION MAGIQUE !

VITE, LA POTION MAGIQUE !

J’ai beaucoup aimé la publication de la lettre du président des états-Unis, Franklin D. Roosevelt, au Premier ministre du Canada, Mackensie King, dans laquelle ils échangent sur les moyens les plus efficaces pour assimiler les francophones de leur pays respectif.

LE « MELTING-POT » NORD-AMÉRICAIN

En 1890, Roosevelt disait des Canadiens français qui avaient emménagé en Nouvelle-Angleterre: «Voilà un nouvel élément qui ne s’assimilera jamais. Nous assimilons les Irlandais mais ces gens du Québec ne veulent même pas parler anglais.»

Il ajoutait « Leur corps sont ici mais leurs coeurs et leurs esprits sont au Québec ».

Bingo! Roosevelt avait vu juste. Aujourd’hui, 110 ans plus tard, le même discours pourrait être dit sur plusieurs des Canadiens français actuels vivant au Canada anglais. Plus ça change, plus c’est pareille, n’est-ce-pas? Malgré les générations qui séparent les anciens Canadiens français de moi, mes sentiments sont les mêmes qu’eux :

« Mon corps est ici dans l’Ouest Canadien, mais mon coeur et mon esprit sont au Québec ».

Le bilinguisme officiel de façade de Trudeau n’a jamais adouci ce sentiment qui m’anime dans ma lutte contre l’assimilation. Ce sentiment d’appartenance ne semble pas exister, ou est faible, chez les anglophones. Pas surprenant qu’ils se posent souvent la question « what does it mean to be a Canadian

Au fil des siècles, la langue anglaise a emprunté plusieurs mots d’autres cultures, et les anglophones se servent de ce fait pour souligner l’ouverture de leur langue au multiculturalisme. Belle affaire! Pourtant la langue anglaise n’a pas de mot précis pour la traduction du mot «dépaysement». Ce mot est traduit à «change of scenery», bien loin d’une traduction fidèle du sentiment de dépaysement. "Change of scenery?" ça laisse entendre une balade du dimanche après-midi en campagne!! Ouais, les Québécois s’amusent ainsi à se dépayser, pas seulement les dimanches, mais à longueur d’année – sauf le 24 Juin!!

Nos sentiments dépassent l’entendement des anglophones, empêchant ainsi toutes discussions! C’est frustrant! Parce que j’ai quitté le Québec il y a longtemps maintenant, ils sont surpris quand je leur dis que je m’identifie toujours à la culture québécoise, et que je ne me sens toujours pas «chez nous» au Canada anglais. Ils voient ma lutte comme un cheminement illogique, déraisonnable et certains diront même une lutte à l’encontre du futur!

Malgré leurs très jeunes âges, mes fils sont déjà assimilés. C’est sans espoir, mais c’est plus fort que moi, je lutte tout de même. Il est impossible d’accepter l’assimilation… dans son propre pays. Ce serait négliger sa propre existence. Il reste quelques milliers de Canadiens français au Manitoba qui continuent la Lutte – avec un grand « L ». On est des têtes dures, des têtes de cochons de Gaulois, n’est-ce-pas? Mais on aurait bien besoin d’un « bon ti-coup » de la potion magique d’Astérix!

En passant, les histoires d’Astérix ne sont pas traduit en anglais. Ma femme anglophone n’a jamais entendu parler d’Astérix! Les anglophones préfèrent les histoires de conquérants plutôt que les histoires de peuples qui luttent!

Jean Corriveau
Manitoba
corriveauj@home.com

( Version originale légèrement révisée )

(Le 7 décembre 1999)


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