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UNE PLAINTE FORMELLE

UNE PLAINTE FORMELLE

M. François Casgrain
Directeur général des élections du Québec
Québec, Québec

Objet: plainte formelle d’un citoyen contre la DGEQ.

Bien qu’ayant récemment discuté par téléphone avec Mme Brigitte Labbé (agent
préposé aux clientèles particulières [sic]), relativement à ce dossier, et n’ayant
pas été par ailleurs convaincu par les arguments de madame, je porte à votre attention
mon indignation vis-à-vis des méthodes utilisées par votre institution pour communiquer
avec les citoyen-nes du Québec.

Je constate depuis plusieurs années, et de nouveau eu égard aux élections scolaires
à venir bientôt (document postal daté du 14 juin… quoique reçu en début de mai
1998), que vos documents sont systématiquement bilingues (français / anglais). Or
pareille attitude détruit pour ainsi dire dans l’oeuf le long labeur que notre
collectivité – et notamment par le truchement de certains ministères et organismes
gouvernementaux : vos propres pairs – déploie depuis plus de vingt ans dans le but de
renforcir, promouvoir et faire respecter la langue française. Laquelle est, faut-il
vraiment ici le rappeler, la langue officielle du Québec.

Mme Labbé m’a expliqué en long et en large, et sans doute correctement, et presque
patiemment, les motifs qui vous disposent à procéder de la sorte. Il fut question entre
autres de «délais» impartis et de respect des «droits de la minorité». Or il ne me
viendrait pas à l’esprit de privilégier le droit exclusif à la langue officielle sur
d’autres droits que l’on pourrait estimer (?) fondamentaux. Mais il est tout de même
devenu tout à fait surréaliste que chaque contact avec le public vous amenât
systématiquement à mettre sur le même pied cette langue officielle et une autre qui est
la langue maternelle de 8% de la population (statistiques démographiques les plus
récentes).

De la sorte, à chaque communication vous niez cette réalité fondamentale, d’ordre
politique non moins que proprement juridique, qu’il y a effectivement une langue
officielle, et une seule, au Québec. Par conséquent, vous banalisez constamment ce fait
en réduisant notre langue à une langue parmi d’autres. Du coup, vous transmettez un
message extrêmement pernicieux à l’ensemble des Québécois, à savoir que la langue
officielle constitue au fond une langue presque seconde, ou en tous les cas nullement
privilégiée sur notre territoire. C’est également un message qui encourage ou ‘stimule’
les non-francophones à devenir, ou demeurer, réticents sinon réfractaires face à la
"nécessité" de maîtriser la langue citoyenne et véhiculaire des Québécois.

Comme citoyen, je ne m’oppose pas à cette générosité qui nous caractérise comme
peuple de servir – spécifiquement – la minorité (puissamment majoritaire au Canada et en
Amérique du Nord, par ailleurs), en certaines occasions, dans la langue qui est la leur.
Mais je m’oppose avec la dernière énergie – et la présente n’en révèle, si besoin
est, qu’une forme préliminaire – à ce que vous vous adressiez systématiquement au
Québec tout entier dans les deux langues. Ce bilinguisme de fait, que je qualifierai
d’«officiel pratique», est à mes yeux absolument inadmissible.

La Direction générale des élections du Québec tire littéralement dans le pied de
l’état québécois. Une rapide et solide réflexion s’avère nécessaire au sein de votre
organisme.

Mes respectueuses salutations,

Jean-Luc Gouin,
Docteur en Philosophie
Athena@Agora.Qc.ca
8, Chemin du Moulin
Lac-Beauport, Québec
G0A 2C0

cc: Quelques ministères concernés, organismes publics et autres personnes privées
sensibles à cette question.


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